Le malheur d'une vie

Pour Ran

pdv Sanzu :

Trente minutes.

Ah maintenant trente-et-une.

Cela fait à présent trente-et-une minute que je me tiens droit et debout devant la porte du bureau de Mikey, à hésiter, sans savoir si je dois vraiment toquer contre le bois sombre de cette porte.

Je sais qu'à la seconde où mes doigts heurteraient cette porte, sa voix terne et abimée retentirait froidement pour m'ordonner de franchir le seuil et entrer dans la pièce.

Je ne voulais pas de cette confrontation.

Mais, pour Ran, je le ferai.

Mes poings se serrèrent nerveusement et une goutte de sueur glissa de ma tempe jusqu'à mon menton.
Mes doigts grattèrent alors légèrement le bois de la porte.

Je soupirai :

Allez, courage ! Je peux le faire ! Pour Ran !

-

C'est ainsi que je trouvai enfin le courage de taper sur cette porte, aussi assurément que j'aurai pu le faire.

Cependant, lorsque cette voix que je connaissais si bien parvint à mes oreilles, son timbre sinistre fit flancher légèrement ma détermination.

Mikey : entre.

Mes doigts s'enroulèrent autour de la poignée dorée et pressèrent le levier. Je poussai la porte doucement, la faisant grincer.

Mikey me regardait de ses yeux pleins de brouillard et de ténèbres. Sa froideur perça mes entrailles jusqu'à mon cœur et un frisson immonde parcouru tout mon corps.

Instinctivement, je baissa les yeux et m'inclina légèrement, en signe de soumission.

Pourquoi donc ?

Je m'étais promis de ne plus me soumettre à lui.

Plus jamais.

Je m'asséna une gifle mentale et me redressa, plantant mon regard dans le sien.

Mikey : tu n'as pas respecté mes ordres.

Mon corps, comme mon esprit, me hurlait de fuir, de partir très loin de cet homme pleins d'ombre et de froideur.

Mais mon cœur me força à rester.

Pour Ran.

Sanzu : c'est exact.

Mon ton essayait de paraître impassible. Je savais que cela allait l'énerver. Mais pour une raison inconnue de moi-même, ou plutôt assez floue, j'avais décidé d'y faire abstraction pour cette fois-ci, ainsi que toutes celles qui pourraient suivre.

Mikey : pourquoi ?

Sanzu : pour Ran.

J'ai répondu d'une voix assurée et déterminée.

Sans hésitation.

Sans peur de la réaction de Mikey.

Mikey : qu'essayes-tu donc de faire ?