Cœurs sous Verrou (Natasha)

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Le ciel de Moscou était d'un gris profond, chargé de nuages lourds. Natasha Romanoff avançait dans une rue étroite, ses pas à peine audibles sur les pavés usés par le temps. Elle portait un manteau noir qui se fondait dans l'atmosphère lugubre de la ville, ses cheveux rouges dissimulés sous un foulard. Malgré la foule qui l'entourait, elle restait invisible, un fantôme parmi les vivants. C'était une de ses compétences, l'art de passer inaperçue. Mais cette fois, ce n'était pas une mission. C'était personnel.

Les fantômes du passé ne la lâchaient pas. Depuis la fin du programme de la Chambre Rouge, Natasha avait tenté de tourner la page, de se libérer des chaînes qui l'avaient entravée si longtemps. Mais peu importe combien de fois elle essayait, les ombres de son passé revenaient toujours la hanter. Il ne s'agissait pas seulement des missions, des assassinats, ou même des visages des innocents qu'elle avait éliminés sous les ordres impitoyables du KGB. Il s'agissait de l'enfant qu'elle avait été, de l'innocence qui lui avait été volée et des mensonges dans lesquels elle avait grandi.

Mais il y avait quelque chose de plus profond qui la rongeait. Un souvenir qu'elle ne pouvait effacer, malgré tous ses efforts. C'était la mémoire d'Anya Kuznetsova. Sa compagne, sa lumière dans l'obscurité de la Chambre Rouge. Elles avaient été bien plus que des sœurs d'armes. Elles avaient partagé des moments d'intimité secrète, des moments volés loin des regards perçants de Dreykov et de ses agents. Des moments où elles pouvaient être elles-mêmes, loin de la violence et de la manipulation.

C'est pourquoi elle était ici, de retour en Russie, sur les traces d'un homme qu'elle avait autrefois considéré comme son seul allié dans cet enfer. Alexeï Ivanovitch. Il était l'un des rares agents à avoir montré un semblant de compassion envers elle durant ses années de formation. Un mentor, d'une certaine manière, mais qui avait lui aussi été un rouage de cette machine meurtrière.

Natasha s'arrêta devant un vieil immeuble délabré, son regard se posant sur la porte en bois, marquée par les années. Elle prit une inspiration profonde. Depuis qu'elle avait quitté la Russie, Alexeï avait disparu. Aucun dossier, aucun rapport, rien. Jusqu'à ce qu'elle reçoive une information selon laquelle il vivait dans l'anonymat, caché dans les recoins sombres de Moscou.

Elle poussa la porte avec précaution et monta les escaliers. Chaque pas résonnait dans le silence oppressant de l'immeuble. Son cœur battait plus vite que d'habitude. Elle ne savait pas à quoi s'attendre. Était-il encore l'homme qu'elle avait connu ou avait-il lui aussi sombré dans l'obscurité qui avait englouti tant d'autres ? Une part d'elle-même craignait de le découvrir.

Arrivée devant une porte à l'étage supérieur, Natasha frappa doucement, les yeux fixés sur le numéro usé. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit légèrement, révélant un homme fatigué, aux traits marqués par les années. Alexeï. Ses cheveux étaient gris maintenant, et une barbe négligée recouvrait son visage, mais ses yeux... ils étaient les mêmes. Intenses, perçants. Ceux d'un homme qui avait vu trop de choses.

"Natasha..."murmura-t-il, la voix rauque, presque incrédule."Je savais que tu finirais par revenir."

Elle inclina légèrement la tête, l'évaluant en silence avant de parler."Je devais te voir, Alexeï. Nous avons des choses à régler."

Il acquiesça lentement et recula pour lui permettre d'entrer. L'appartement était modeste, une pièce principale avec quelques meubles simples et une petite cuisine dans un coin. Le lieu portait les traces d'un homme qui vivait dans la solitude. La seule chose qui ressortait dans cet endroit terne était une vieille photo encadrée sur une table basse : un groupe d'agents du KGB, en tenue officielle, avec un homme au centre qui n'était autre que Dreykov, le maître de la Chambre Rouge.

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