XXXIII | GABRIEL

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LE CRI DU COEUR

12 AOÛT 2024 | 00h34

Gabriel gisait sur le sol, à peine conscient. Chaque toux déchirait sa poitrine, libérant une amère montée acide, mêlée de sang, qui lui brûlait la gorge. Une douleur cuisante l'envahissait, mais c'était l'incompréhension et la terreur qui dominaient son esprit.

Juan se tenait devant lui, observant son œuvre avec une satisfaction cruelle.

➢ Tu as tout intérêt à te taire, lança-t-il d'une voix froide, en essuyant nonchalamment ses phalanges ensanglantées sur ses vêtements. Pas un mot à qui que ce soit que c'était moi. Compris ? ajouta-t-il, ses yeux brillant d'une lueur menaçante.

Gabriel voulut répondre, mais ses forces l'abandonnaient.

La tête lourde, il ferma les yeux, sombrant dans l'inconscience, tandis que la douleur l'écrasait.

Juan se pencha un peu plus près, un rictus se dessinant sur son visage.

➢ Sois au moins reconnaissant que je ne t'aie pas violé. Même si, je dois l'avouer, l'envie ne manquait pas, ricana-t-il avant de s'éloigner, son rire moqueur résonnant dans la rue déserte.

La nuit enveloppait Gabriel de son voile oppressant.

Ses pensées s'effilochaient tandis que la douleur physique se retirait, cédant la place à une obscure torpeur. Il n'était plus qu'un poids égaré dans un abîme de ténèbres, où même la terreur s'effaçait pour laisser place à un silence assourdissant.

Juan, satisfait, s'éloigna en traînant les pieds, abandonnant Gabriel à son sort.

Le vent nocturne portait avec lui un murmure lointain, mais pour Gabriel, le monde réel se dissolvait dans une brume indistincte.

Il luttait pour maintenir un semblant de conscience, cherchant désespérément à se raccrocher à la réalité. Mais la douleur était insupportable, et chaque tentative pour bouger se révélait vaine. Les souvenirs de l'attaque se mélangeaient à des fragments de son passé, et l'avenir, désormais incertain, semblait hors de portée.

Le silence nocturne se poursuivait, troublé seulement par le bourdonnement lointain de quelques voitures et le bruissement des feuilles.

Gabriel, à peine conscient de son environnement, savait pourtant qu'il devait survivre.

Avec une volonté titanesque, il parvint à se redresser. Ses jambes tremblaient, ses pensées étaient embrumées, et chaque pas était une torture. Il se força à avancer, vacillant, dans une direction qu'il savait être la bonne : celle de la maison de Jordan.

C'était là qu'il espérait trouver un réconfort dont il avait désespérément besoin.

Il savait qu'aller à Matignon serait une erreur.
Cela n'apporterait que des problèmes si les gardes ou Valérie le voyaient dans cet état.

Alors, guidé par un instinct flou, il emprunta des rues qu'il connaissait à peine, son esprit fixé sur un seul objectif. Les lampadaires vacillants et les façades des bâtiments défilaient devant lui, se fondant en une série de formes indistinctes.

Après ce qui lui parut une éternité, il arriva enfin devant la maison de Jordan. Ses forces étaient presque épuisées, et il s'appuya contre le mur, respirant difficilement. Il rassembla le peu de courage qu'il lui restait pour ouvrir la porte.

Une fois à l'intérieur, il se laissa tomber contre celle-ci, s'effondrant au sol.

Gabriel serra son ventre, là où Juan l'avait frappé avec une violence particulière.

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