XXXVIII | GABRIEL

841 40 35
                                    


FAMILLE CHOISIE

20 OCTOBRE 2024 | 20h12

Gabriel lavait la vaisselle avec une attention méticuleuse, ses gestes lents trahissant la lourdeur de cette journée éprouvante.

Depuis plusieurs jours déjà, il se dévouait entièrement à Jordan, veillant sur lui avec une sollicitude constante. La fièvre persistante semblait s'éterniser, mais il avait décelé quelques signes d'amélioration dans l'état de santé de son époux. Ce matin-là, il profita du calme pour se rendre à la pharmacie pour lui procurer de nouveaux médicaments.

Jordan, peu enclin à se soumettre aux traitements, avait toujours éprouvé une difficulté à avaler ces pilules amères.

Pourtant, chaque fois que Gabriel le lui demandait, il faisait preuve d'une volonté admirable, endurant l'inconfort avec une patience qui touchait Gabriel au plus profond de son être.

À chaque remerciement murmuré par Jordan, Gabriel ressentait une chaleur douce envahir son cœur, une lueur de réconfort dans l'obscurité de leurs jours.

La fête d'Halloween approchait, une période qui d'ordinaire suscitait l'excitation, surtout pour Nikolaï, qui avait exprimé son désir de la célébrer avec eux. Mais la maladie de Jordan imposait des limites, et Gabriel, ainsi que sa mère, avaient dû renoncer à cette perspective festive pour protéger Nikolaï.

Volta, leur chow-chow[1] fidèle, se portait bien, comme à son habitude en cette saison qu'elle affectionnait particulièrement. Son pelage épais la préservait du froid mordant de l'hiver, et elle trouvait du plaisir à gambader dans le jardin, profitant des rares moments de détente. Pourtant, elle ne s'éloignait jamais longtemps de Jordan, demeurant souvent à ses côtés, comme si elle comprenait instinctivement la gravité de sa santé.

Une fois la vaisselle achevée, Gabriel s'attela à remettre de l'ordre dans la maison. Il réarrangea les coussins sur le canapé, passa un coup de balai sur le sol, ferma les volets, et parfuma légèrement l'air, tentant de recréer une atmosphère chaleureuse et apaisante. Il alluma ensuite la cheminée, y disposant avec soin des morceaux de bois pour attiser une flamme douce et réconfortante.

Après avoir nourri Jordan, Gabriel se prépara un chocolat chaud, un petit rituel de réconfort avant la nuit.

Il éteignit les lumières de la maison, plongeant celle-ci dans une pénombre accueillante, puis alluma rapidement la télévision avant d'aller dormir, cherchant à s'informer des nouvelles du soir, une habitude qu'il avait conservée malgré la fatigue accablante.

Lorsque les mots « Luisa Bardella s'exprime sur le cas Bardella-Attal » apparurent à l'écran, Gabriel sentit son cœur se serrer violemment.

Le visage de Luisa, d'une froideur implacable, s'afficha, figé dans une expression dénuée d'émotion. Ses traits, si semblables à ceux de Jordan, le hantèrent.

Gabriel ne put détourner son regard, pétrifié par l'appréhension. Les journalistes, toujours plus insistants, suivaient Luisa comme une meute affamée, cherchant à extraire de ses lèvres un commentaire sur la démission de Jordan et les rumeurs d'une relation secrète.

Luisa, imperturbable, finit par s'arrêter brusquement, faisant face à la caméra d'un regard glacial. Sa voix, ferme mais légèrement tremblante, fendit l'air comme une lame :

« Je ne connais pas de "Jordan Bardella" et je n'ai jamais eu de fils stupide, qui plus est une pédale. Voilà ce que j'en pense. »

Le temps sembla se suspendre.

Un silence lourd tomba dans la pièce, uniquement perturbé par le crépitement discret du feu. Les mots de Luisa résonnèrent dans l'esprit de Gabriel avec la violence d'un coup de tonnerre.

AMOUR SOUS TENSION [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant