Chapitre 4: Pouvez-vous avancer sans elle ?

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 Même si elle vient tout juste de se réveiller, Elysia semble se remettre complètement de cette mésaventure qui aurait pu lui coûter cher. Son étonnante résilience devrait vous soulager après tant de cernes vécues en sa compagnie. Qu'elle tombe d'une toile d'orocane à l'aire de jeu d'un parc ou qu'elle puisse suivre un cour théorique après deux émicycles de sport, elle semblait toujours aussi enjouée qu'au lever du jour.

Si pour la plupart des Lumérys, il s'agit d'une qualité, c'est l'inverse. Ceux qui ne la connaissent pas ou peu, ne sont pas au courant que chaque fois qu'elle fait un effort un peu trop prolongé, qu'elle se blesse ou qu'elle doit traiter une affaire du conseil disciplinaire, elle doit en payer le prix tôt ou tard. Combien de fois l'avez-vous vue sombrer dans une douce folie qu'il a fallu calmer en la prenant dans vos bras tout en vous prenant décharge sur décharge jusqu'à ce qu'elle tombe de fatigue ? Combien de fois vous avez dû prendre sa place lors d'un conseil car elle devait se reposer, et que vous deviez trouver une raison pour justifier son absence tout en devant affronter les regards réprobateurs des autres membres ? Trop de fois. Autant, voir plus qu'elle a dû gérer vos crises de nerfs ainsi que vos méthodes plus que discutable de gérer les problèmes.

Cleor aura beau dire, du haut de vos dix cernes, si y'a bien une personne qui protège sa fille, vous avez l'impression que c'est vous davantage que ses parents. Pris dans cette toile de pensées sombre, vous ne l'entendez ni ne la voyez s'approcher.

-Eh Ri, c'est fini tu m'entends ? Sa voix paraît lointaine tant elle peine à percer le brouillard d'émotion vous assaille.

D'abord hésitante, elle sort une main de l'eau, la regarde un instant puis ferme le poing. Elle le contemple un instant, comme si elle le découvrait pour la première fois avant de dresser son index pour le pointer dans votre direction. Le contact de son doigt contre votre front, le fait qu'elle n'ait jamais eu besoin de forcer dessus pour vous faire relever la tête, la vue de ses yeux, tout cela vous sort de vos pensées comme toujours.

-Tu te souviens de ce que l'on s'est promis le jour où tu m'as fait ça ? Elle montre de son autre main le petite cercle métallique incrusté dans sa gorge.

-...Non....je ne veux pas...me rappelle pas ça, pourquoi tu veux m'en parler tout d'un coup ? Répondez-vous en tentant de vous éloigner sans pouvoir bouger. L'angoisse monte en vous, bloquant votre respiration.

-On s'est promis sur l'Imaginarbre que rien ne pourrait nous séparer et que peu importe où nous serons, nous pourrions toujours nous retrouver ! T'as pas le droit d'abandonner si facilement, t'entends ?... T'as pas le droit... Elle termine sa tirade en baissant la tête, les yeux humides.

Le doigt touchant votre front tremble sous le coup de l'émotion. Sans trop comprendre le comment du pourquoi, vous fermez un poing, laisse uniquement le bout du pouce dépasser et l'apposez sur son front.

-A quoi bon, si tu finis dans cet état chaque fois que tu forces trop ? Vous lui demandez tandis qu'elle relève sa tête, une petite larme roule le long de sa joue avant que son regard se fixe sur le vôtre.

Yeux et doigts liés, vous restez dans cette position durant un long moment où tout semble figé. Lorsqu'elle répond enfin, c'est de sa voix claire, sans grésillement, qu'elle répond :

-A quoi bon ? J'ai des cordes vocales toutes neuves grâce à toi ! T'as oublié qu'avant qu'on se rencontre j'étais isolée car muette. Puis t'es arrivé.

-T'appelle ça une aide ? Tout le monde te tournent autour, te demande des trucs, on t'assaille de responsabilités. Ce ne sont que des hypocrites qui pensent qu'en nous éloignant, tu serais mieux...

La Lumière du SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant