Tini & Tariq

Chapitre VI : Tini...

                De retour à Chicago, Tariq, m'avait ramené chez Lilith et Rafa. Cette dernière m'avait incendiée pour lui avoir fourni la plus grosse trouille de sa vie. Elle avait tenté de me punir, mais Rafa l'avait calmé. Solo, son père, lui, avait rigolé et s'était attiré les foudres de sa fille avant qu'il ne lui rappelle qu'elle avait fait pire que moi.

Plus tard, ce soir-là, Lilith m'avait rejointe dans ma chambre. M'attendant à me faire engueuler encore une fois, j'étais restée sur mes gardes. Celle-ci s'était en réalité excusée. Elle m'avait avoué s'être inquiétée pour moi et avoir ressenti une angoisse terrible. De mon côté, j'avais moi aussi, réalisé qu'elle était la première personne à réellement tenir à moi et que j'avais très certainement très mal agi, à son égard.

Il faisait nuit et j'avais faim. Inquiète et sans nouvelle de Tariq, ce dernier n'avait répondu à aucun de mes messages ces deux dernières semaines. Je savais que sa mission était une mission loin de tout, dans un pays dangereux et surtout importante pour lui. Akram et ses hommes, eux aussi, avaient gardé le silence.

Descendant à la cuisine pour grignoter un truc et apaiser mes angoisses, je m'immobilisai en trouvant Lilith assise sur le comptoir de la cuisine, son nez dans un pot de glace, et le bocal de cornichons ouvert. Elle mélangeait les deux et une violente nausée me prit. Je pris une grande inspiration et pénétrai dans la cuisine. Lilith se retourna et soupira quand elle vit que ce n'était que moi.

— Rafa ne le sait pas encore ? lui demandai-je.

— Non, je ne lui ai pas encore dis, m'avoua-t-elle en croquant dans un cornichon. Comment tu as su ?

— Tu devrais, ce mec est fou de toi. Tu es peut-être cinglée et tu n'es pas non plus la lumière la plus éclairée de Chicago, mais je te rappel que je sais reconnaître les signes d'une femme enceinte et de ses envies louches. Des cornichons avec de la glace au chocolat, discutable comme envie.

— J'ai la trouille et je vais zapper le fait que tu viens de m'insulter de conne.

— Merci. Je sais que tu as peur, mais cette fois-ci ça pourrait aussi être très différent. Tu y as pensé ?

— Pas vraiment. Et toi, tu ne dors pas ?

— Non, j'ai faim.

— De la glace ?

— Non, j'ai envie d'un truc salé.

— Il y a des restes dans le frigo.

— Je comptais me servir.

— Tu pourrais me parler de lui. Je sais qu'un mec se cache derrière ton silence. Je te connais Tini.

— Tu as raison, il y a bien un mec.

— Tu l'aimes ?

— Oui, tellement que parfois, ça me fait flipper.

— Je sais, je ressens la même chose depuis mon adolescence. J'ai même attendu qu'il me voit pour devenir une femme. Je ne voulais que lui. Je l'imaginai être mon premier amant, celui qui me guiderai sur le chemin pour devenir une femme et bientôt une mère.

— Tu l'es déjà avec Mako et un peu avec moi.

— Tu veux me parler de lui. Je te promets de ne rien dire à personne.

— Tu me le jure ?

— Je te le jure.

— Je l'ai rencontré à l'école de danse et je suis tombée amoureuse de lui dès le premier regard.