Le jeu des apparences

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Les deux jeunes mariés avancèrent ensemble à travers les corridors du Donjon Rouge, leurs pas résonnant dans les longs couloirs en pierre, jusqu'à ce qu'ils atteignent finalement la salle du trône. Les immenses portes de bois gravé s'ouvrirent devant eux, révélant le vaste espace où le trône de fer, fait des épées des vaincus, trônait au centre, imposant et redoutable.

Le roi Robert Baratheon était assis sur ce siège mythique, l'air fatigué mais alerte. Malgré les années qui avaient alourdi sa silhouette, il restait une figure imposante, son autorité indiscutable. À leur entrée, le roi leva légèrement la tête, son regard acéré se posant sur eux.

Sandor, le visage fermé, jetait des coups d'œil prudents autour de lui, tandis que Rhea, désormais Rhea Clegane, marchait avec une grâce héritée de son sang royal. Ses pas résonnaient dans la salle silencieuse, accentuant la tension du moment. Lorsqu'elle fut assez proche, elle s'inclina avec élégance devant le roi.

"Bien le bonjour, Votre Grâce, j'espère que la nuit fut douce pour vous." dit-elle d'une voix mesurée, chaque mot choisi avec soin.

Robert resta silencieux un instant, jaugeant la jeune femme devant lui. Puis, un sourire apparut sur ses lèvres, presque amusé.

"Ah, mais qui voilà, princesse Rhea. Alors, comment a été la nuit de noces ?"

Rhea, préparée à cette question, répondit sans la moindre hésitation. "Notre mariage a été consommé comme il se doit, mon roi. Vous n'avez aucune crainte à vous faire."

Un silence pesa dans la salle alors que Robert observait Rhea, notant le ton légèrement distant qu'elle employait. Pourtant, cela ne semblait pas lui déplaire. Il sourit plus largement, appréciant la façon dont elle manœuvrait dans cette situation délicate.

"Je suis heureux de voir que tout s'est déroulé selon les règles. Alors, et votre époux ? Je suppose que vous êtes satisfaite de lui."

Rhea esquissa un sourire poli, mais son regard trahissait une vigilance constante. "Bien évidemment, je ne pourrais être plus satisfaite que je ne le suis actuellement. Après tout, c'est vous qui m'avez mariée à cet homme ; je ne puis être plus comblée quand c'est le roi lui-même qui nous a unis."

Le roi la scruta un moment, semblant peser ses mots avant de répondre. Il n'était pas insensible à la diplomatie dont elle faisait preuve, et cela semblait le ravir.

"Je suis heureux d'apprendre que vous êtes heureuse et comblée, c'est tout ce que je souhaite pour une aussi belle jeune femme que vous."

"Je vous remercie pour le compliment, Votre Majesté."répondit-elle, inclinaissant légèrement la tête en signe de gratitude.

Robert hocha la tête, mais son regard restait perçant, cherchant peut-être à percer la carapace de courtoisie qu'elle avait bâtit. "À présent que cette question est réglée, avez-vous une idée en tête pour la suite ? Êtes-vous satisfaite du temps qui est maintenant laissé libre pour vous ?"

Rhea prit un moment avant de répondre, réfléchissant à la meilleure façon de formuler sa réponse. "Je n'ai pas réellement d'idée, peut-être vais-je simplement devenir une femme noble, vivant dans son foyer, effectuant les tâches de maisonnée, future mère vouant sa vie à ses futurs enfants."

Robert, surpris par sa réponse, la regarda un instant en silence. Il imaginait mal une Targaryen se conformant à une vie de simple lady, mais il comprenait également qu'elle cherchait à se plier aux attentes pour garantir sa survie dans ce monde hostile.

"Vous n'êtes pas vraiment habituée à mener la vie d'une simple noble, je suppose. Vous êtes l'une des princesses de votre maison... Et pourtant, vouer votre vie à vos futurs enfants n'est peut-être pas si mal."

Rhea prit une profonde inspiration avant de répondre, la détermination visible dans ses yeux. "Je ne serai jamais plus qu'une princesse de l'ancien roi fou. Je suis la dernière Targaryen, et je reconnais ne plus être légitime au trône, je reconnais les Baratheon comme nouveaux souverains."

Robert ne put s'empêcher d'esquisser un sourire satisfait. Il appréciait la soumission apparente, mais il savait qu'il y avait plus sous la surface. "En effet... Vous êtes effectivement la dernière Targaryen, et les Baratheon règnent maintenant sur le trône de fer. Reconnaître cette réalité est preuve de sagesse, princesse."

"Je fais de mon mieux pour l'être, Votre Grâce. Je suis de naissance Targaryen, mais désormais je suis une lady Clegane."

Le roi hocha la tête, toujours avec ce sourire amusé sur les lèvres. "Vous pensez donc être capable d'apporter du prestige à une maison comme la maison Clegane ? C'est pourtant une maison plutôt... peu courante, si vous voyez ce que je veux dire, princesse."

Rhea répondit sans hésitation, son ton ferme. "Eh bien, en effet, après tout, il ne reste que deux personnes appartenant à cette maison, n'est-ce pas ? Mon mari ainsi que son frère. Mais maintenant, il y a moi également."

Robert acquiesça, son regard s'assombrissant légèrement à la mention du frère de Sandor, un homme redoutable et impitoyable.

"Effectivement... Il ne reste que deux représentants de cette maison et à présent vous... mais avez-vous vraiment l'intention d'apporter de la... noblesse et du prestige à la maison Clegane ?"

"Pour vous, mon roi, qui m'avez mariée à Sandor Clegane, je serai une parfaite lady pour mon époux, et un soutien pour ce dernier. Mes enfants seront élevés pour qu'ils soient respectueux, distingués, ainsi que dévoués au Royaume et au roi."

Le roi semblait satisfait de cette réponse. Sa ténacité et sa détermination étaient claires, et il ne pouvait qu'apprécier ces qualités chez une femme qui, bien qu'appartenant à une maison déchue, n'avait pas perdu sa dignité.

"Je suis heureux de voir que vous semblez déterminée à tout mettre en œuvre pour l'honneur de cette nouvelle maison... Mais n'oubliez pas que votre époux semble être un être légèrement particulier. L'honorer ne sera pas si facile, et certainement pas agréable."

Rhea tourna son regard vers Sandor, qui l'observait en silence, puis revint vers le roi. "Je suis née Targaryen, vous connaissez notre tempérament ? Je ne suis pas du genre à me laisser faire, même si je suis douce."

Le roi resta pensif un instant, se rappelant en effet la réputation des femmes Targaryen, connues pour leur force de caractère. "Je le sais, princesse. Les Targaryen sont réputés pour leur ténacité de nature... Et je vois que cela vous concerne également."

"En toute logique, mon roi."

Robert esquissa un sourire approbateur, visiblement ravi par la vivacité d'esprit de la jeune femme. "Bien évidemment, princesse. Vous êtes habituée à obtenir ce que vous voulez, n'est-ce pas ?"

"Ce que l'on peut m'offrir, du moins." répondit-elle avec un calme maîtrisé.

Le roi sembla d'accord, hochant lentement la tête. "Bien évidemment, tout dépend de ce qu'on est capable de vous offrir. Mais disons que vous avez l'habitude d'être obéie, je suppose."

Rhea acquiesça légèrement, avant de répondre d'un ton qui trahissait une certaine mélancolie. "Il est vrai que certains étaient sous mes ordres, mais jamais je n'ai ordonné quelque chose d'inutile, jamais je n'ai été désagréable avec les chevaliers qui m'étaient serviables et fidèles, mais cette époque est révolue."
Elle jeta un coup d'œil vers Sandor, cherchant son soutien dans ce moment de fragilité. "Mais désormais, je peux compter sur mon mari pour me protéger ; il est plutôt réputé comme chevalier."

Robert observa l'échange silencieux entre les deux époux, un sourire amusé jouant sur ses lèvres. "Effectivement, je suppose que votre époux sera plutôt... capable de vous protéger. Et certainement d'avoir toujours un œil sur vous également... Il a certes une réputation légendaire, mais il peut également avoir un très mauvais caractère lorsqu'il n'est pas satisfait."

Rhea retint un sourire, consciente de la vérité dans ces paroles "Je l'imagine très bien, mon roi. Sur ces belles paroles et cet agréable échange, je dois vous quitter, Votre Grâce."

Elle fit une révérence profonde, puis, se tournant vers Sandor, elle prit son bras avec assurance. Ensemble, ils quittèrent la salle du trône, leurs pas résonnant à l'unisson alors qu'ils s'éloignaient du regard pesant du roi. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient, Rhea sentit la tension se dissiper légèrement. Sandor, sans un mot, serrant doucement son bras contre lui.

The Last TargaryenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant