Neuf mois s'étaient écoulés depuis le mariage de Rhea Clegane, une union marquée par un mélange de devoir et d'amour naissant. Ce matin-là, un cri strident déchirait le silence épais du château de Peyredragon. Rhea, accroupie au milieu de sa chambre, était en proie à une douleur indescriptible, le visage perlé de sueur. La chambre, plongée dans une pénombre inquiétante malgré l'aube naissante, était imprégnée d'une atmosphère lourde, presque étouffante.
Le château de Peyredragon, sombre et imposant, avait été offert en cadeau de mariage à Rhea par le roi lui-même. Un présent empoisonné peut-être, car ce lieu, avec ses murs en pierres noires et son architecture austère, était une relique du passé Targaryen, rappelant sans cesse à Rhea son lien avec une lignée légendaire, mais aussi déchue. Cette île solitaire, battue par les vents et entourée d'une mer impitoyable, abritait désormais les derniers vestiges de cette grandeur, en elle, dans ses veines et bientôt, dans ceux de ses enfants.
Un autre cri perça l'air, plus désespéré cette fois. Rhea avait du mal à respirer, le travail de l'accouchement plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle appela les sages-femmes, sa voix tremblante résonnant contre les murs de la pièce. Elles arrivèrent rapidement, leurs robes simples se balançant autour de leurs jambes alors qu'elles se pressaient autour d'elle. Leurs mains expertes et rassurantes se posèrent sur Rhea, murmurant des paroles apaisantes.
« Respirez doucement, ma Dame, tout va bien se passer, » murmura l'une d'elles, une femme d'un âge mûr aux yeux empreints de sagesse. Rhea agrippa la main tendue, s'y accrochant comme à une bouée de sauvetage. Mais dans ses yeux clairs, une autre inquiétude se lisait : « Où est mon mari ? Où est Sandor ? »
Les sages-femmes échangèrent un regard rapide, hésitant sur la réponse à donner. « Il a été prévenu, ma Dame. Il ne devrait pas tarder.» répondit l'une d'elles avec une voix douce, espérant calmer la future mère.
Rhea hocha faiblement la tête, mais l'anxiété ne la quittait pas. Elle avait besoin de Sandor à ses côtés, de sa présence rassurante, de cette force brute qu'il incarnait si bien.
Le temps sembla se figer dans cette chambre sombre. Rhea poussa un cri de douleur, accroupie sur le sol froid, et les sages-femmes se mirent en action, l'encourageant, la guidant à chaque étape. Une douleur fulgurante traversa son corps, mais avec un dernier cri de détermination, elle sentit enfin la libération. Un premier bébé était né, un garçon, et les sages-femmes l'annoncèrent dans un murmure émerveillé.
Rhea, haletante, écoutait à peine. La douleur ne cessait pas. Un deuxième bébé...
« Mais... Votre grâce... Vous attendez des jumeaux, » souffla une sage-femme, stupéfaite.« G-génial... » Rhea répondit avec sarcasme malgré la douleur insupportable, et avec un ultime effort, elle expulsa enfin le second enfant. Elle s'effondra presque de fatigue, son corps épuisé, mais ses bras instinctivement serrés autour des deux nouveau-nés. Un garçon et une fille, des jumeaux, tous deux dotés de cheveux argentés rappelant ses racines Targaryen.
Les sages-femmes l'aidèrent à se relever doucement et la couchèrent sur le lit. Une d'elles, touchée par la scène, murmura en admirant les bébés : « Ils sont magnifiques, votre grâce, avec ces cheveux d'argent, comme leur mère... »
Rhea sourit faiblement, le regard perdu dans celui de ses enfants. Mais une autre pensée l'obsédait déjà. « Comment devrais-je les appeler... ? Des noms valyriens peut-être... mais Sandor... que va-t-il en penser ? » Elle murmura plus pour elle-même que pour les sages-femmes, le doute assombrissant son bonheur.
L'une des sages-femmes répondit avec une légère hésitation : « C'est le père qui choisit les noms, selon la tradition. »
Rhea fronça les sourcils, une expression de frustration sur le visage. « Pourtant, c'est moi qui les ai portés... c'est moi qui les ai mis au monde à la sueur de mon front... »
Les sages-femmes échangèrent un sourire complice, mais n'insistèrent pas, respectueuses des conventions et de la fatigue de la nouvelle mère.
Alors qu'elle soupirait en tournant les yeux vers la fenêtre, une question lui brûlait encore les lèvres. « Quand mon mari va-t-il arriver ? »
La réponse arriva enfin, sous la forme d'un grincement de porte. Sandor Clegane, massif et imposant, se tenait dans l'embrasure, son regard sombre adouci par une lueur d'inquiétude. Il s'avança vers elle, ses pas lourds mais empreints de délicatesse.
« Je vois que j'ai manqué le spectacle ? » dit-il en l'observant, un sourire amusé adoucissant ses traits souvent sévères.
Rhea, toujours fatiguée, mais apaisée par sa présence, lui présenta leurs enfants. « En effet, mon cher époux... Je te présente nos jumeaux. N'est-ce pas une bénédiction ? »
Sandor observa les deux nouveau-nés avec une expression indéchiffrable, mais finit par hocher la tête. « C'est effectivement une bénédiction... deux héritiers en même temps. »
Rhea prit une profonde inspiration, prête à aborder un sujet qui lui tenait à cœur. « On m'a dit que c'était le père qui devait nommer les enfants... mais puis-je te demander une faveur ? Pourrais-tu leur donner des noms valyriens ? Tu te souviens que, avant d'être une Clegane, j'étais une Targaryen... »
Sandor la regarda un long moment, pesant ses mots. Finalement, il acquiesça. « Très bien, je te permets de donner un nom valyrien à l'un des deux. Celui que tu préfères. »
Rhea sentit un poids s'alléger sur son cœur. « Vysenia... je voudrais appeler notre fille Vysenia. Et pour notre fils, comment souhaites-tu l'appeler ? »
Sandor réfléchit un instant, observant le petit garçon qu'il tenait à présent dans ses bras. « Aegon, » dit-il simplement. « Je souhaite donner le nom d'Aegon à notre fils. »
Rhea, émue aux larmes, murmura : « Vraiment ? Tu me fais vraiment cet honneur... Oh Sandor, merci, je t'aime. »
Sandor, touché par sa gratitude, s'assit doucement sur le lit, passant un bras protecteur autour de ses épaules. « Bien sûr... Je sais à quel point cela compte pour toi, de donner des prénoms Targaryen à nos enfants. »
« Vysenia et Aegon... ils sont parfaits, » murmura la princesse, les larmes aux yeux.
Sandor acquiesça, observant les deux enfants, sa voix adoucie par une rare tendresse. « En effet... Ils sont adorables, comme leur mère. »
Le silence retomba dans la chambre, un silence apaisant cette fois. Les cernes marquaient le visage de Rhea, témoin de l'épreuve qu'elle venait de traverser. Sandor la regarda, une fierté et une admiration sincère dans ses yeux.
« Et je suis certaine qu'il seront à la hauteur de tes attentes, Sandor... » murmura-t-elle avant que la fatigue ne prenne le dessus. Ses paupières se fermèrent doucement, et elle s'endormit, les deux bébés toujours blottis contre elle.
Sandor la regarda dormir un moment, un sourire adouci par l'émotion sur les lèvres. Il se tourna finalement vers les sages-femmes, leur demandant de s'occuper des enfants pendant que Rhea se reposait.
Lorsqu'elles prirent les jumeaux avec précaution, Sandor se leva doucement du lit. Avant de quitter la pièce, il passa une main douce sur la joue de sa femme endormie, murmurant un mot de gratitude qui se perdit dans le calme de la pièce. Puis il se dirigea vers la porte, quittant la chambre avec un dernier regard vers celle qui avait donné à sa vie un sens nouveau.
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The Last Targaryen
أدب الهواةRhea Targaryen, la dernière de sa noble lignée issue de l'ancienne Valyria, à été graciée par le roi ayant prit le pouvoir à King's Landing. Mais sa clémence a un prix.