Destins Confondus

~Prologue~

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Les derniers clients viennent de quitter le café, me laissant seule avec la fraîcheur du début de soirée. Le soleil se couche doucement à travers les vitrines tout en colorant la pièce d'une fine pellicule ambrée. Je fais rapidement le compte de la caisse et le tour des tables afin de préparer la fermeture. Je retire mon tablier brodé du logo de l'enseigne et me mets à chantonner en nettoyant. La douceur du début d'été me fait sourire alors que je pense déjà à ce que me prépare le festival organisé par mes amis. Je jette d'ailleurs fréquemment des coups d'œil vers mon téléphone au cas où je manque la dernière information pour ce soir, mais lorsque je finis enfin de replacer les chaises correctement, la clochette d'entrée résonne dans la bâtisse vide.

-Excusez-moi, vous êtes fermés ?

Je me retourne vers cette voix masculine, surprise de voir un client à cette heure-ci. Le jeune homme se tient impatiemment à l'entrée, essoufflé comme s'il avait couru l'avenue entière.

-Oh, j'étais sûre d'avoir mis la pancarte devant pourtant... dis-je confuse en pointant du menton la porte derrière lui.

-Merde... souffle-t-il en remarquant que le café était bel et bien fermé.

Cette simple information semble pourtant l'irriter au plus haut point. Je réfléchis quelques secondes, lui adresse un sourire compatissant et finis par lui dire.

-J'imagine que je peux faire une exception pour vous ce soir.

Il relève la tête vers moi en me remerciant et me sourit à son tour avant de s'approcher du comptoir. Il me reste après tout plus d'une demie heure avant de devoir rejoindre Thaïs, alors pourquoi pas en profiter pour faire ma bonne action de la journée ?

-Dites-moi donc ce qui vous a fait courir jusqu'ici.

Il souffle du nez à ma remarque puis me répond calmement en posant ses avants bras sur le rebord de bois.

-J'avais une course à faire pour mon père mais je m'y suis pris trop tard... Toutes les boulangeries étaient fermées mais j'ai eu de la chance de tomber sur vous, m'explique-t-il en me regardant sortir une feuille de papier et un stylo. Rien à voir mais on peut se tutoyer non ?

-C'est quoi ta fameuse course du coup ? lui demandé-je en le tutoyant donc cette fois. Il semble après tout avoir à peu près le même âge que moi à deux ou trois années près.

-Juste une part de tarte au citron.

Je relève les yeux de ma feuille, perplexe.

-Tout ça pour une part de tarte au citron ? je lui demande en riant. Il sourit légèrement.

-Ça va faire un moment que je ne l'ai pas vu et j'aimerais au moins l'accueillir avec ça.

Il perd son regard sur un point imaginaire en laissant planer un sourire quelque peu triste au bout de ses lèvres. Je regarde rapidement la lueur de fin d'après-midi se mêler à ses cheveux noirs et à son regard. Je souris à mon tour, quelque peu gênée, et lui dis en ouvrant la vitrine des pâtisseries.

-T'en fais pas, il sera très bien accueilli avec ça. Ma mère fait les meilleures tartes au citron du quartier.

-C'est le café de tes parents ? m'interroge-t-il soudain l'air curieux.

-Le café de ma mère oui. Mon père est professeur de science à l'université.

-Ça doit être sympa de travailler ici pendant l'été. C'est beau, bien placé...