Masters : l'éveil des dominants

Chapitre 25

Aithne

Excédée, je détaillais la table d'un oeil lasse. La corbeille à fruits, d'un brillant alléchant que je reluctais quelques minutes plus tôt, me laissait sans effet. A vrai dire, la table me paraissait particulièrement fade à présent sans pouvoir y faire grand chose. J'étais tout bonnement fatiguée.

Plus nous touchions la vérité du bout des doigts et plus celle-ci filait à grande enjambée. Franchement, par quel malheur un simple dialogue soit-disant civilisé se transmutait en un affrontement verbal brutal.

Ce Djeba me les brise pour de vrai !

Silas était, certes, à faute pour son manque de diplomatie. Seulement, Djeba n'épargnait personne de son venin et nous assomait d'étiquettes péjoratives. Qui plus est, je doutais faire preuve de davantage de pincettes, si mon meilleur ami s'était tu.

Je reportais mon attention sur lui. Il reposait sa tête sur le dossier de sa chaise en bois ciré, les yeux fermés. Le front plissé de frustration et les oreilles légèrement rougies par la colère sans aucun doute, il ne prononçait mot.

Connal de nouveau perdu dans ses songes fixait le plafond, d'un regard énigmatique. Du reste, mes autres compères tentaient d'entretenir une image impassible.

Madame Rosetta se leva brusquement invitant toute la table à en faire de même. Lorsqu'une odeur particulièrement malodorante me fit plisser le nez. Proche, cela tendait presque à croire que-

De longs poils bruns me carressèrent d'abord la tempe et me brossèrent carrément le visage, au bout de quelques secondes. J'ouvris des yeux ronds hébétée et me tournais vers Kaël. Ses yeux clairs lançait des fléchettes imaginaires à l"étrange individu.

- Dites-moi que je rêve, soupira Kaël, ses cheveux frisant presque sous les éclairs.

Ruri et moi dûmes nous mordre la lèvre pour ne pas exploser de rire face à son expression, à la fois excédé et découragé. En partie caché par le corps de l'homme-singe de la dernière fois.

Nonchalement, cet individu peu commun se servit de son front comme tremplin et se rattrapa sur mon assiette, non sans envoyer au sol les merveilleux fruits rappportés tout droit du marché par mes deux amis.

Je vis leur visage se serrer sous l'irritation.

- Non mais c'est ma journée aujourd'hui ou quoi ? sortit Kaël agacé. Je vais le traumatiser ce singe.

Silas le coupa presque.

- Tu n'en auras pas le temps crois-moi, affirma t-il les sourcils serrés.

- Vous en avez assez fait vous deux, soulignèrent Ruri et Connal d'une voix commune.

Joyce semblait s'amuser d'autant plus. Sa main peinait à étouffer ses gloussements.

Seulement, Madame Rosetta les devança rapidement. En effet, la quarantenaire se contenta de l'assomer d'un coup de sandale violent sur le crâne.

- Tu commences à m'agacer, saleté de singe séquélé, s'énerva t-elle. Ce ne sont pas des manières et tu le sais très bien ! Non seulement tu arrives à la fin du repas, mais en plus tu te fais remarquer!

- J'ai perdu la notion du temps, plaida t-il joueur. Enfin tu ne peux pas m'en vouloir pour ça, roucoula t-il.

Cependant, le regard dur que lui adressait notre cuisinière n'allait pas en sa faveur.

Kaël peu interessé par cet échange bruyant, prit le parti d'amasser la verrerie. Ruri récupérait l'ensemble des boissons et en profitait pour nous secouer Joyce et moi, un brin trop investies dans les querelles de cette maison.