14 | Jugement

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Lena








— Tu as faim ? résonna la voix endormie de Brian.

Je le toisai rapidement des yeux, l'air mauvais, avant de me reconcentrer sur la télévision en face de moi. Brian me fixa encore de longues secondes, les lèvres entrouvertes, puis se laissa tomber sur le canapé pas loin de moi.

Eta devochka plokho vospitana ! marmonna Brian. (Cette fille est hyper mal élevée)

Ces paroles russes étaient très certainement dédiées à ce fumier derrière nous, assis à son bureau. Lionel Carter n'avait pas parlé depuis ce matin, contrairement à Brian qui ne cessait de jacasser.

Quant à moi, placée sous la surveillance de Lionel, je restais presque vingt quatre heures sur vingt quatre dans son bureau. Je dormais dans son bureau, je mangeais dans son bureau, je regardais cette putain de télévision dans son bureau.

Bref, j'étais comme une enfant, surveillée par des criminels.

Personne ne me parlait, et certainement pas Lionel. Brian essayait d'avoir une conversation, mais se faisait totalement ignoré, par Lionel, et par moi.

— Lionel ? souffla Brian en s'allongeant sur le canapé.

— Hum ?

— Et si on commençait la Formation, pour la fille.

La fille à un prénom, salaud.

Lionel releva la tête vers cet homme totalement irrespectueux, tandis que je le fixais du coin de l'œil. Ce n'était pas la première fois que j'entendais parler de cette Formation, sans vraiment savoir de quoi il s'agissait.

— Elle n'est pas encore acceptée comme membre de l'Élite, répondit Lionel en tapotant sur son écran de tablette.

— Je sais... mais regarde-nous ! s'exclama Brian. Cet ennui va me tuer !

Lionel soupira, puis se laissa tomber dans son fauteuil en cuir. Du coin de l'œil, je sentis son regard derrière moi, alors que je me concentrai sur ma série télévisée.

Trois jours s'étaient écoulés. Il ne me restait peut-être que quatre jours à vivre, et ces derniers jours, je les vivais peut-être avec ces deux enfoirés.

Après de longues minutes de silence, pendant lesquelles Brian n'avait pas arrêté de soupirer, j'entendis la chaise de Lionel rouler, puis vit son ombre se former au-dessus de moi.

Ne déniant pas me tourner pour le regarder, je gardais les yeux rivé sur cette série ridicule.

— Lena, debout.

Je t'emmerde.

Je t'emmerde, et je ne peux même pas te le dire.

Après quelques secondes d'hésitation, je me levai de ce canapé, sur lequel je passais mes journées et mes nuits, avant de faire face à Lionel Carter.

Il m'agrippa le bras, pas avec autant de violence que les agents de cette putain d'organisation, mais quand meme avec fermeté.

— On revient, souffla-t-il à Brian.

Il me poussa jusqu'à la porte, puis l'ouvrit avant de me faire passer devant. A vrai dire, je ne m'inquiétais même pas. Je me laissais guider, car je n'avais pas d'autre choix.

— Où va où ? demandai-je par prudence.

Pas de réponse, alors que nous entrâmes tous les deux dans l'ascenseur. Il appuya sur un bouton, puis me lâcha le bras lorsque les portes furent fermées.

THE CARTERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant