Je m'approchai de la table, mais mon élan fut coupé par Adrian, qui bondit par-dessus, me prenant dans ses bras. Il enfouit sa tête dans mes cheveux et enserra mes hanches.
- Si tu savais comme je me suis inquiété. J'ai eu peur que tu meures. Alors, à cet instant, j'aurais été seul pour toujours. Si cela avait été le cas, je pense que je me serais suicidé...
- Pardon ? le coupai-je, soudain furibonde.
Il soupira et se gratta la tête.
- Bah ouais. Si tu n'étais plus là, j'aurais perdu un élément indispensable à ma vie. De toute façon, personne ne m'aurais regretté.
- Je t'interdit de dire ça. Enfin, je suis vivante, c'est le principal.
- Oui. Je savais pourtant que tu ne pouvais pas mourir, à cause de...
Il s'interrompit en jetant un regard sombre à Kyo.
- Il sait, lui dis-je.
- Bref, même sans tes pouvoirs, tu pouvais t'en sortir. Je me doutais cependant que si vous étiez enfermés, les prisons seraient contre tes pouvoirs, sinon vous seriez revenus plus tôt. J'ai eu des périodes de hauts et de bas. Je me doutais bien qu'Az ne pouvait pas s'être rallié de son plein gré après avoir passé quinze ans à nos côtés. Et puis son expression quand il vous a retenus était tellement malheureuse.
- J'avais de bonne raisons ! cria le soldat derrière nous.
Le silence plana quelque secondes et Adrian se racla la gorge.
- Tu devrais manger quelque chose. Je ne sais pas si tu as eu le temps de te regarder dans un miroir, mais ton corps n'est plus que l'ombre de ce qu'il était avant. Si je peux me permettre.
Ne comprenant pas ses paroles, je me détachai de lui pour aller me placer devant un miroir. Ce que j'y vis m'horrifia.
Une jeune fille aux longs cheveux noirs, mais ternes, se tenait devant moi. Cette même jeune fille avait les yeux bruns rougis d'irritation. Ses pommettes saillaient et sa peau pâle était presque grise à la lumière de l'ampoule. Son corps squelettique était tellement fin qu'on aurait cru qu'au moindre contact, il se briserait.
Je ne vis pas le sol se rapprocher. C'est pourtant quand ma tête heurta le sol que j'en pris conscience. Je n'avais pas pris le soin de me mirer, trop pressée à l'idée de prendre ma douche. Mon corps ne me semblait pourtant pas avoir changé au cours des deux mois écoulés.
- Arcanne ! s'écria Adrian.
- Princesse ! dit Kyo au même instant.
Ce dernier arriva le premier, mais Adrian le bouscula pour se frayer un chemin. Il me prit par les épaules, soupesant ma tête et observait un point qui m'apparaissait vague.
Le monde semblait tourner, ma vue était brouillée, mes oreilles sifflaient. Comment n'avais-je pas pu me rendre compte de mon état dégradé ? Ni au moment de notre fuite, ni même auparavant ?
Je fus soudain accablée de honte. Je m'étais laissée dépérir, persuadée de ma propre mort. Mon esprit ne tournait déjà plus rond, mes pensées rebondissaient dans mon crâne avec force, me coupant du monde. Mes question ainsi que mes remords s'arrêtèrent alors, car le néant vint les emprisonner.
Je me réveillai avec un apaisement étonnant. Mon corps meurtri était enveloppé dans mes draps et couvertures, dans mon lit. Ma chaise de bureau était occupée par Adrian et un tabouret, par Azariel.
Je me mis à tousser violemment. Az me tourna pour que je ne m'étouffe pas. Malgré mes spasmes, je me reculais.
- Tout va bien. Tu es à la maison. Adrian, va chercher de l'eau, s'il te plaît.
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Dans les limbes...
RomantikJ'avais toujours réussi à conserver un minimum d'anonymat. Malheureusement, après dix-huit ans d'existence, il fallait bien que ça dérape. Après des coups d'éclat répétitifs et une prise d'otage qui tourne mal, mon secret est au bord de la révélatio...