Chapitre 11

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- Nous accordons une garde partagée à Mme.Galtier, et souhaitons qu'elle soit la titulaire de Léna et Émilie du lundi au vendredi, permettant tout de même ainsi à M.Galtier de voir ses filles le week-end. Celui ci devra également payer une pension alimentaire mensuelle de mille euros à la partie adverse, afin de permettre à son ex-femme de reprendre pied suite aux difficultés économiques causées par l'accusé. Nous tenons cependant à préciser que la pension a été fixée au vu du salaire mensuel de M.Galtier. J'invite les avocats des deux parties à s'avancer, et remercie l'assemblée d'avoir fait le déplacement. annonce enfin le juge Martin.

Un énorme sentiment de triomphe s'empare de moi, alors que la femme à côté de moi éclate en sanglots. Soulagée, je la prend dans mes bras, et embrasse les filles sur le front, prise d'une vague d'euphorie.

Les yeux brillants d'émotion, Paula Galtier m'attrape doucement les mains, perdant visiblement ses mots.

- Merci, me dit-elle en reniflant. Merci pour tout.

Après lui avoir dit au revoir une énième et dernière fois, et avoir remercié le juge ainsi que les jurés, je quitte le tribunal  sereine, comme si mes épaules venaient de se délester d'un poids.

Mon salaire a beau être minime au vu de mon jeune âge, chaque sourire et remerciement adressé de la part de mes clients satisfaits vaut et vaudra toujours de l'or à mes yeux.

J'arrive finalement au cabinet après une matinée bien chargée, et une après-midi déjà entamée depuis un moment. 

En poussant la porte du bâtiment, je vois Lola se lever avec précipitation et s'approcher de moi, attendant le verdict du procès.

Souhaitait laisser planer le suspens, je tente de garder une expression neutre, et la fixe droit dans les yeux, avant de finalement lâcher la bombe.

- On a remporté l'affaire ! Dis-je, un sourire s'insinuant dans ma voix.

Soulagée, Lola me prend dans ses bras tout en poussant un soupir de ravissement. 

Ces dernières semaines, j'ai remarqué que ma secrétaire était très prévenante auprès de ma cliente, ce qui est compréhensible quand on sait qu'elle a vécu le même enfer judiciaire qu'elle...

- Tenez, dit-elle en retournant à son bureau. Voici tous les documents demandés hier sur les potentiels suspects du meurtre de la petite Marine Boggio.

Je lui souris, mais retombe tout de même du petit nuage sur lequel je m'étais installée le temps de quelques minutes. Les affaires se succèdent, et même si je souhaiterais parfois savourer un peu plus ces plaidoiries remportées, je sais bien que cela est impossible. Ou du moins, pendant mes heures de travail. Car je le sais, afin de donner mon maximum pour le dossier qui suit, il me faut être terre-à-terre, résonnée, et réfléchie.

Après avoir passé en revue la liste des suspects, mon attention reste fixée sur Pedro Becker, le fameux glacier. Quelque chose dans son profil me laisse perplexe. Selon le dossier, il a été interrogé une fois par la police, mais relâché faute de preuves. Pourtant, certains détails sur sa vie me semblent incohérents.

Je décide de me concentrer sur lui. Après quelques recherches supplémentaires, j'apprends qu'il est souvent vu près de l'école de la petite Marine. Rien d'anormal à cela, puisqu'il a une fille qui fréquente la même école. Cependant, son comportement m'intrigue. Il paraît nerveux et regarde souvent autour de lui, comme s'il craignait d'être vu.

Le lendemain, je me rends à sa boutique de glaces pour l'observer. Je prends place dans un café en face, cachée derrière mes lunettes de soleil. Malgré l'adrénaline qui me traverse, je tente de ne rien laisser paraître, et me focalise sur ma cible. Pedro semble parfaitement à l'aise derrière son comptoir, souriant aux clients et s'occupant de son commerce. Rien de suspect dans son attitude.

Après avoir enchaîné les expressos et vidé mon portefeuille en caféine, je le vois jeter des regards rapides autour de lui avant de monter dans sa voiture, sa journée apparemment finie. Quelque chose ne tourne pas rond. Perplexe, je me lève et décide de le suivre à distance.

 Voyant qu'il roule tranquillement à travers la ville en direction de l'école primaire, je suis sur le point de faire demi-tour, quand je le vois finalement prendre un virage, l'éloignant ainsi de sa supposée destination. Quelques minutes plus tard, je me gare en le voyant s'arrêter en face d'une modeste maison de banlieue. Malgré la distance qui me sépare du bâtiment, je parviens tout de même à apercevoir une femme sortir de la maison et monter dans sa voiture.

Sous le choc, je redémarre, et passe doucement devant eux, bien décidée à comprendre la situation. Ne souhaitant pas être découverte, je poursuis ma route et me gare plus loin, après les avoir vu s'embrasser à travers la vitre. Mes pensées tourbillonnent, mais au bout de deux minutes, j'allume de nouveau le contacte, après les avoir vu passer devant moi.

Mais bon sang, qui est cette femme ? Ce n'est pas son épouse, et il ne se trouve pas à l'école non plus.

Hébétée, je reste silencieuse et roule doucement à travers le centre-ville, où ils passent l'après-midi ensemble. Il semble clair que Pedro Becker mène une double vie, mais est-ce suffisant pour justifier son lien avec la disparition de Marine ?

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 07 ⏰

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Noël derrière les barreauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant