Prologue

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Monroe, 16 ans.

Je suis là, assise devant ces personnes qui se croient dignes de me juger. Avec leurs robes de lopette, et leurs coupes de cheveux apprêtés, ils me donnent tous envie de gerber.

Je suis sur le banc des accusés et je sais que je vais me manger au moins huit piges de taule et ça avant même d'être majeure. Ils vont juger les faits, et ils sont tous contre moi.

Comme je suis mineure, ils vont être « complaisant » comme le dit mon foutu avocat commis d'office, mais le résultat sera le même : enfermé entre quatre murs pour un crime que je n'ai pas commis. J'étais la cible idéale, leur foutue bouc émissaire et je vais plonger car j'ai été assez bête pour me faire berner.

Après avoir entendu le magnifique discours d'éloquence de celui qui est censé me défendre, le jury délibère. L'attente est affreuse, je préfèrerais qu'on me dise tout de suite : coupable et hop, sous les verrous Monroe. Mais j'attends, j'attends et je ne le supporte pas. Mon genou bat frénétiquement la mesure, les chuchotements des autres membres du barreau m'irritent les tympans. J'entends ce qu'ils disent et mon cerveau détraqué enregistre tout. C'est cette putain de cervelle qui m'a mené ici et qui me mènera toujours à ma perte.

Cette putain d'intelligence, qui pourtant, là, ne me sert pas à grand-chose. Je cogite à mille façons de m'en sortir, des milliers de possibilités mais aucune n'est rationnelle et n'a le moindre potentiel. Toutes se soldent par un échec.

Un bruit de portes, des pas qui résonnent dans le grand dôme qui abrite mon jugement. Il est reluisant, riche de dorure. Des peintures ornent le plafond et je me mets à les contempler, les mémorisant dans le moindre détail. Dieu est là, prêt à me foudroyer sur place. Je ne suis pas croyante mais je ne peux que le fixer intensément alors que le jury doit probablement avoir décidé de mon sort.

Le juge se racle la gorge, et je stoppe tout mouvement, mon genou se fige mais mon regard reste fixé en l'air. Sur cette fresque qui est devenue mon obsession tant que je n'en aurais pas sauvegardé le moindre recoin.

— Le jury a-t-il réussi à formuler un verdict ? prononce-t-il alors.

— Oui monsieur le juge. Pour l'homicide involontaire, le jury déclare l'accusée : coupable.

Le couperet tombe. Le marteau frappe le pupitre, affirmant la sentence, résonnant dans l'espace environnant. Ma gorge se serre, je peine à déglutir.

— Nous vous remercions, dit-il, alors que moi je veux lui hurler de ne pas accepter une telle décision.

Mais je le savais pertinemment, alors je continue mon exploration de la peinture au plafond. Huit ans, ça va être long, il va me falloir un peu de beauté dans l'obscurité dans laquelle je vais être obligé de plonger.

The Beast Of Hell 1. La colère du CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant