Chapitre 5 : Monroe

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J'avais oublié qu'on était samedi.

Quelle putain d'erreur !

Je suis là dans cette rue bondée de monde, Billie accrochée à mon bras comme s'il lui était impossible de me lâcher et qu'elle vivait sa meilleure vie. Moi, j'ai l'impression que mes poumons vont exploser tant j'ai du mal à respirer. L'attroupement de gens crée en moi un tsunami de stress, une tempête d'angoisse.

Trop, c'est beaucoup trop !

Chaque coup d'épaule que je me prends provoque en moi des réflexes que je peine à inhiber, à maîtriser. Chaque contact, je le vis comme une agression qui pousse mon démon intérieur à répliquer.

Je n'ai jamais aimé la foule, mais après six ans d'enfermement c'est presque devenu une phobie.

La sueur perle à mon front, tant je suis mal à l'aise.

Bon sang fait un effort ma vieille ! Comment tu veux réussir à te venger, si tu n'es même pas capable de marcher dans une rue ! me susurre la voix dans ma tête.

Elle a raison, je dois me ressaisir.

Je tente de reprendre mon souffle et Billie s'aperçoit enfin de mon mal être. Elle décide alors subitement de nous faire entrer dans un magasin. Le frais de la climatisation calme le feu qui me brûle de l'intérieur. Mon amie se détache et je pose fébrilement mes mains sur mes genoux pour tenter de reprendre ma respiration qui s'est presque coupée à l'extérieur.

Faible...Tu es si faible !

La paume fraîche de ma meilleure amie se pose sur ma nuque et alors que je pense que ça va être pire, cela m'apaise.

Sa douceur calme mon agitation. Son calme, canalise mon tumulte.

Je prends une grande inspiration et décide d'ancrer mon regard au sien, lui révélant sans filtre toute la détresse que je peux ressentir maintenant. Elle me sourit simplement.

— Ça va aller ma chérie. On va y arriver, ensemble, prononce-t-elle alors, d'une voix douce, qui caresse mon cœur douloureux.

Je hoche simplement la tête, alors qu'elle prend ma main pour me guider dans les allées pleines de fringues. Mon attention se porte sur elles, mon cerveau reprend ce qu'il est habitué à faire, ce qui le rassure. Il analyse.

Mes prunelles se portent sur les morceaux de tissus qui sont en bon nombre, et dont certains attirent mon intérêt.

Plusieurs minutes plus tard, je commence un peu à me décontracter. Mes muscles se détendent, mon cœur bat moins vite. Je peux même dire que je passe presque un bon moment, finalement.

Avec Billie, on sélectionne quelques vêtements pour les essayer. Dans les cabines, son rire me provoque de fins sourires qui se sont faits si rares ces dernières années. Je me trouve quatre jeans, et plusieurs hauts qui me correspondent mieux.

Ils sont simples, mais confortables. Ils sont un peu rock et me rappelle celle que j'étais, avant. Ils m'aident à cerner celle que je veux devenir, aujourd'hui.

Billie parvient à me faire faire trois magasins, et me paye les trois quarts des habits que j'ai sélectionnés. Ma dette envers elle s'agrandit et même si je sais qu'elle refusera que je la rembourse, je ne veux plus être un fardeau pour elle.

Je vais devoir bosser pour subvenir à mes besoins.

On part finalement avec plein de sacs en main, puis on décide de se poser dans un parc bien vert, dénué de monde. Ce calme me fait un bien fou. Je pense que j'avais atteint mon quota pour la journée et cet isolement tombe à point nommé.

The Beast Of Hell 1. La colère du CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant