Chapitre 4 : Monroe

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Lorsque nous arrivons devant l'immeuble où se trouve l'appartement de Billie, je me sens bizarre. Cela fait tellement longtemps que je me prive de confort, que l'avoir finalement à portée de main aujourd'hui, me perturbe.

Billie sort, alors que moi, je reste bloquée à l'intérieur de la voiture. Elle ouvre alors ma porte, prend ma main et tire dessus pour me forcer à me déloger de l'habitacle. Résignée, je la suis alors qu'elle nous guide, mes maigres possessions et moi, vers son logis. Mon cœur s'accélère à mesure qu'on approche. Bordel, c'est dingue que le simple fait d'habiter autre part que dans une cellule me perturbe à ce point.

C'est seulement aujourd'hui que je me rends compte de l'impact que l'incarcération a eu sur moi. À quel point elle a modifié ma perception du monde, des choses. Nous prenons l'ascenseur, et finalement cet endroit exigu me rassure plus que l'approche de l'habitation.

Arrêt au deuxième étage, plus que quelques minutes avant que nous ne franchissions le sol de son studio. Le cliquetis de la serrure se fait entendre, mais je suis telle une automate qui se laisse guider. Il va falloir que je fasse des efforts, que je change cette angoisse que ces espaces plus vastes me provoquent, sinon je ne pourrais jamais bosser et avancer dans mes plans. Nous franchissons le battant de l'entrée, et mon cerveau se met comme à son habitude à analyser chaque facette, chaque meuble, chaque détail de ce qui m'entoure.

L'appartement est clair, joli, spacieux. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi bien aménagé et aussi grand. Billie doit être bien ici, ça doit la changer de la baraque de son père. Je me souviens que ça puait le moisie et que les murs s'effritaient. Lorsque je regarde mon amie, je suis admirative de son évolution. Son épanouissement. Mais je reste amère car je déteste la manière dont elle a réussi à s'en sortir. Grace a des putains de bikers.

J'observe de nouveau mon amie. Ses longs cheveux blonds cascadent dans son dos, et son visage semble arborer un sourire sincère la plupart du temps. Elle n'est plus celle qui tremblait de peur face a son daron, elle est comme libérer.

Quelque part, je l'envie. Moi, j'ai beau avoir été libérer aujourd'hui, je me sens encore terriblement prisonnière. Mon cœur se comprime. J'enserre mon corps de mes bras, alors que ma peau se met à frissonner et c'est seulement maintenant que je remarque que mon amie me parle depuis tout à l'heure.

— Ça va Monroe ? Me questionne-t-elle, inquiète pour moi.

Je hoche la tête simplement, sans parler pour autant.

— Je vais te montrer ta chambre, viens avec moi, continue-t-elle alors en me tirant vers une porte. Je l'ai préparé pour toi depuis plusieurs mois. Elle t'attendait !

Elle ouvre la porte, et la pièce est vraiment très belle. Les tons beiges et marrons clairs sont très chaleureux et agréable. Ça me change tellement des tons gris et neutre des différentes cellules que j'ai pu rencontrer au fil de mes années d'enfermement.

Une glace trône au-dessus d'une sorte de maquilleuse qui renferme toute la coquetterie qu'une fille puisse espérer. Tout ce que Billie a toujours apprécié mais qui n'est pas vraiment ma tasse de thé. Je n'aime pas trop me maquiller et déteste me coiffer. La seule chose que j'apprécie, c'est à la limite me parfumer mais ça ne m'est pas arriver depuis six ans.

Six putains d'années de perdues entre quatre murs alors que j'aurais pu vivre. Six années à subsister au lieu d'avancer, à me morfondre dans cette haine qui n'a cessée de se développer, de croître. Mes lèvres se pinces sous le flux d'émotions négatives qui remontent à la surface.

— Je vais te laisser prendre tes marques, prononce simplement Billie, sentant probablement mon trouble.

Elle pose mon sac sur mon lit, avant de commencer à partir. Je dois la remercier car elle m'offre un endroit que personne n'a su m'apporter. Avant ma vie au club était rustique, ma chambre merdique. En tant que femme, j'étais en bas de la chaîne alimentaire. Recluse dans un grenier, que j'avais transformé en cocon.

The Beast Of Hell 1. La colère du CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant