Chapitre 3 : Khalys

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Il y a deux mois,


Je suis là, coincé au club à attendre impatiemment. La musique en fond sonore m'irrite tant le stress me consume.

Ils ne m'ont pas attendu.

Il a décidé d'y aller sans moi. Putain, quelle tête de con ! Il sait qu'il n'est plus capable de gérer ce genre d'évènement, que c'est devenu trop dangereux pour lui.

Notre président est, dans ces moments-là, une cible facile à abattre. Je refuse de le perdre, c'est pourquoi habituellement, c'est à moi de prendre sa place. Mais notre dispute de la veille l'a probablement blessé, vexé et il n'en a fait qu'à sa tête ce soir.

Je regarde mon portable pendant plusieurs minutes, attendant qu'on m'appelle, ou du moins qu'on me rappelle. J'ai contacté au moins trois fois Viking, mais il ne prend pas la peine de me répondre. Il va m'entendre ce connard ! Il aurait dû intervenir ! Me prévenir de ce qui se déroulait sous mon nez ! Connor non plus ne répond pas et ce silence m'angoisse bien plus que je voudrais le reconnaître.

Ce soir, nous devions effectuer une importante livraison. Elle devait nous permettre de gagner pas mal de frics, mais lorsqu'il s'agit d'argent, nos rivaux ne sont jamais loin et nous redoutions qu'ils nous mettent des bâtons dans les roues.

L'appareil se met à vibrer devant moi, affichant enfin le prénom de Connor. Mon cœur bat dans mes tempes lorsque je décroche.

— Putain, vous en avez mis du temps bordel ! Vous foutiez quoi ?! entamé-je alors avec virulence.

— Mec... me répond-il d'un timbre qui me retourne instantanément l'estomac.

Mon souffle se raréfie, ma respiration se saccade. Je connais Connor depuis l'enfance alors je sais que ce qu'il s'apprête à m'annoncer pût la merde.

— C'est ton père, il... Il s'est fait tirer dessus et... enfin, nous faisons de notre mieux pour arrêter l'hémorragie, mais j'ai peur qu'il ne soit trop tard...

— Où êtes-vous ? prononcé-je alors froidement.

— Khal...

— Réponds-moi, merde ! Où êtes-vous, bordel ?! hurlé-je alors, hors de moi.

— Dans l'entrepôt désaffecté, peu après la sortie de la ville.

Bon sang, ils étaient donc là. Si près et pourtant si loin... J'avais pourtant tenté de les trouver, de connaître le lieu de rencontre, mais personne ne savait ici et personne n'a répondu à son putain de téléphone !

J'avais été exclu totalement de cette soirée et ça fait mal, merde...

Je raccroche, me précipite vers l'extérieur, enfourche ma bécane et la faisant vrombir d'impatience. Je fonce à vive allure vers l'extérieur de la ville.

Pourvu qu'il ne soit pas trop tard, bon sang !

Le nœud dans ma gorge m'empêche de déglutir normalement. Lorsque j'arrive, je repère instantanément les trafics qui portaient les cargaisons, vides. Des motos sont éparpillées un peu partout, et je gare la mienne à côté et me dirige en courant vers l'attroupement.

Je vois immédiatement Connor, qui est debout à côté de Viking qui s'efforce sur un corps. Une carrure immense qui semble en cet instant si faible.

Je m'avance, et mon palpitant résonne dans mon crâne, dans une mélodie funeste. Le teint pâle de mon père me donne envie de vomir, ses yeux s'ouvrent, si similaires aux miens. Il me regarde, me transperce et le sourire qu'il se force a affiché me bouleverse. Je tombe à genoux près de lu, sans que je me sois rendu compte d'être si près. Sa grande main burinée par les années attrape la mienne jeune et lisse. Ses cheveux longs habituellement attachés sont en pagaille sur le sol crasseux.

The Beast Of Hell 1. La colère du CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant