Chapitre 7 : Monroe

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Putain.

Putain, putain et putain !

Je claque l'arrière du crâne de Billie avant de laisser exprimer ma colère sur le papier de mon carnet. J'en tremble tellement que j'ai du mal à écrire.

«Tu es tarée ou quoi ? Je refuse de bosser pour ces bikers ! Déjà habité ici est presque au-dessus de mes capacités, mais travailler avec eux ?! Jamais ! »

Je lui fout dans la tronche puis croise les bras ne sachant plus quoi faire de mon corps. Cet homme ne m'inspire rien de bon, sa manière qu'il avait de me reluquer, j'avais comme l'impression que ses yeux ambrés pénétraient mon esprit pour dénicher mes plus grands secrets.

Un frisson parcourt ma peau à nouveau, comme lorsque j'ai attrapé son poignet quand j'ai pensé qu'il allait frapper Billie. Je ne l'aurais jamais laissé faire. Cette fille, même si elle m'agace royalement aujourd'hui, est une des personnes les plus précieuses pour moi. Personne ne lui fera du mal devant moi, jamais.

Lorsque nous avons franchi les portes de leur antre, mon estomac s'est contracté pour ne plus se dénouer. Et maintenant, je ressens une forme de perte de contrôle qui ne me plaît pas du tout. Comme si j'étais emportée dans une tornade qui va à jamais changer mon quotidien, soit d'une bonne ou bien mauvaise manière.

— Tu vas devoir faire des concessions Monroe, me dit fermement Billie. Ils vont nous aider et nous devons les aider en retour. C'est donnant-donnant et tu le sais très bien !

Elle me rend mon calepin et je secoue négativement ma tête pour signifier mon désaccord avant de me remettre à écrire.

«Tu as décidé de venir ici Billie ! Tu m'impose cet endroit et en plus tu m'impose de bosser pour eux ! Je ne suis pas d'accord ! Je refuse ! »

— Tu refuses peut-être ! Mais nous n'avons pas le choix ! Je ne veux pas qu'on t'enlève à moi, je ne veux pas te perdre alors si pour ça je dois froisser ton ego, je le ferai ! s'énerve-t-elle alors en me plaquant sur la poitrine mon carnet avec force.

Je l'ai rarement vu s'énerver et cela me coupe dans mon accès de colère. J'ai pleinement conscience de notre situation, mais je peine à lutter contre l'aversion que je ressens envers ce genre de communauté. Cela m'a tant pris, j'ai déjà tant donné...

Mais il faut être rationnel, c'est le seul moyen de protéger mon amie des brutes contre lesquelles je me suis battue toute ma vie. Je sais qu'ils sont impitoyables, et que si je leur en donne l'occasion, ils me la prendront. Ils me l'enlèveront à jamais.

Mes lèvres se pincent sous le coup de la contradiction qui sévit dans mon être. Les yeux de Billie se lient aux miens attendant ma réponse et c'est à contrecœur que j'acquiesce, donnant ainsi mon accord.

Elle me sourit alors, se calmant également.

— Tu n'as pas à t'inquiéter ma chérie, ce sont de bons gars, tu verras. Je leur fais confiance et je vais te demander d'essayer de le faire. Et puis, travailler te fera du bien, cela t'aidera à te socialiser. Peut-être qu'auprès d'eux, tu retrouveras la force de nous faire entendre ta voix.

Très peu d'espoir, mais je la laisse dans sa bulle idéaliste qui semble lui convenir. Je me déplace alors vers le bar du club derrière lequel se trouve, au vu de son jeune âge, un prospect. Ses apprentis bikers prêtent serment avec le diable et leur dédient leur vie.

Je le salue d'un hochement de tête, qu'il ne me rend pas. Sa méfiance est presque similaire à la mienne. D'ailleurs ce n'est pas le seul regard qui semble me transpercer le dos. Tous ceux présents me matent comme si j'allais dégoupiller une arme d'une minute à l'autre pour les attaquer.

The Beast Of Hell 1. La colère du CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant