I. Dissonance d'information

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L'air brûlant derrière les vitres s'engouffra dans le hall alors que les portes automatiques s'ouvrirent pour laisser place à un tout nouveau monde. Bagages en main, perles de sueur sur le front, les touristes décrochèrent bien des soupirs. Ark City et son air pollué, ses palmiers au bord de la route et ses chauffards à chaque coin de rue. Les klaxons répétés faisaient plus de bruit que les avions alentours.

Un agent de sécurité s'approcha de quelques voyageurs pour leur soutirer leurs papiers, et procéda à un contrôle. Il hocha silencieusement la tête, leur rendit leurs affaires, et bondit immédiatement sur une nouvelle proie.
— Monsieur !
Un gringalet un brin galant laissa passer une demoiselle devant lui, espérant finalement qu'elle se fasse intercepter à sa place. Ce n'était point digne du séduisant titre de gentleman qu'il portait de par sa simple tenue, et il se fit attraper le bras en prime.
— Monsieur, c'est à vous que je parle.
— Bonjour, que se passe-t-il ? Je suis un peu pressé.
— Je suis navré de vous importuner, mais notre aéroport est en travaux, nous n'avons plus de guichets, alors tout le monde s'éparpille. Mais je dois contrôler tous ceux que je croise !

Il haussa les sourcils de désintérêt, puis fixa la jeune fille qui s'en alla paisiblement, sans se faire interpeller.
— Et pourquoi pas elle ?
— Hum... Papiers, s'il vous plaît.
Le garçon à la mèche aussi rebelle que son comportement avait marqué un point, offensant peut-être l'égo de ce curieux agent, en tenue entièrement blanche - autant que son béret.
— Vous êtes Nate Ableron, détective du Butterfly Club ? C'est incroyable !
— Vous êtes un fan ? sourit l'insolent.
— Non, je ne vous connais même pas, mais félicitations, j'ose espérer que votre séjour chez nous se déroulera sans encombre.
— Vu comme il commence, permettez moi d'émettre quelques doutes... ronchonna Nate.
— Si vous avez besoin de renseignements, vous pouvez venir me parler ! s'exclama l'homme au garde a vous.

Tout bien réfléchi, il avait déjà des tonnes de questions. Il croisa les bras, face à son interlocuteur impatient de l'aider, tremblant d'excitation, les yeux se révulsant peu à peu. Il avait l'air de faire une crise, c'était limite dangereux. Alors, pour l'empêcher de s'évanouir, Nate débuta son premier interrogatoire :
— Quel est le restaurant le plus proche ? J'ai une faim de loup.
— C'est-C'est vraiment ça, être détective ? s'émerveilla l'agent. Vous mangez, comme nous, autres humains ?
Il avait l'air de penser que Nate était une espèce supérieure. Une bien étrange réflexion, pour un agent censé avoir réussi tous ses tests psychotechniques. Il balança ses bras dans une direction, et se mit à hurler, attirant tous les regards :
— PAR-LÀ ! Si vous aimez la nourriture épicée, vous allez vous régaler.
— Merci, Monsieur, euh... Quel est votre nom ?
— Vous-Vous me le demandez vraiment ? Un détective aussi célèbre s'intéresse à un humain aussi insignifiant que moi !

Il y a cinq minutes, vous ne me connaissiez pas, comment pouvez-vous dire que je suis si célèbre ? pensa Nate, désorienté par cet idiot.

— Je m'appelle Jack ! Enchanté de vous rencontrer, Nate Ableron du Butterfly Club. J'espère vous revoir bientôt.
— Le plaisir n'est pas partagé, je dois avouer, et je ne vous remercierai pas pour cette perte de temps.
— Je me fais rabaisser par un détective, je dois être béni. s'émerveilla Jack. C'est donc ça, la confiance en soi ? Vous en avez de la chance.

Le nouvel arrivant s'était déjà habitué à la chaleur. Une petite discussion lui permit de supporter le climat lourd de cette région, c'était déjà un point positif. Il ouvrit une carte, leva les yeux pour se repérer avec les noms de rues, puis entama sa route avec son sac à dos. Il n'écouta même pas le conseil de Jack, et ignora délibérément ce restaurant, qui pourtant, avait une superbe façade.

Les délinquants s'entassaient dans les ruelles, sur des monts de poubelles. Les adultes au dos vouté marchandaient avec leurs séquelles. Un travail, une vie de famille, une vie plus fade que belle. Un poids mort qui les rongeait, qu'ils désiraient quitter d'un simple battement d'aile.

Butterfly ClubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant