IIII. Courbes dysfonctionnelles

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Les points se reliaient. Jack et Harmonie se connaissaient. Jiggs désirait retrouver cette femme, entravé par Amélia. Les deux faisaient partie d'Osamada. Si l'agent refusait d'en dire plus, Nate devait à tout prix rencontrer cette femme. Hélas, elle était la raison de l'embauche du détective : il n'y avait plus aucune trace d'elle.
— Je vais retourner au village. Si quelqu'un m'attrape, je suis fichu, mon pacte avec elle s'est arrêté. Je dois être discret pour trouver d'autres informations, je sens qu'on s'approche de quelque chose.
— Faites attention à vous, Nate Ableron. Je vous interdit d'échouer.

Il retourna dans le hall d'entrée, bondé de monde. La télévision affichait l'information qu'il redoutait tant. Le décès de Caroline, dans une chambre de motel. Le présumé coupable avait été arrêté, et comme il s'y attendait, c'était le patron du supermarché. Tant pis pour l'enquête, il devait absolument la suivre à la prochaine boucle pour en savoir plus sur son père, et peut-être rencontrer le vrai tueur.

« Un morceau de verre non identifiable a été retrouvé sur les lieux, il ne s'agit ni du miroir, ni des lunettes du coupable. Nous avons cependant appréhendé un homme assommé, sur place. Il s'agit du patron du supermarché en face de l'aéroport. Il nie les faits, mais ses empreintes ont été retrouvées sur l'arme du crime. »

Nate poussa la porte et retourna dans cette ville miteuse, odorante, et étouffante. Un taxi le conduisit jusqu'au village dans la demi-heure, et il put débuter son infiltration. Son objectif, c'était un endroit plus gros. Plus évident. Le hangar, ou l'usine, ce bâtiment rouillé qui surplombait le reste d'Osamada. Furtivement évitant tout contact visuel avec les premiers policiers, il parvînt à atteindre le centre. Les trois autres détectives étaient près, il les entendait.

À pas de loup, derrière cette immense structure, il cherchait un accès pratique. Inutile d'essayer d'escalader les murs pour atteindre une fenêtre. La porte ouverte était une bonne option, si Marvin ne la surveillait pas. Le chef de leur agence était posté les bras croisés tel un garde du corps non armé, torse bombé.

Je ne peux pas m'approcher plus. réfléchit Nate. Il faudrait que je l'éloigne avec une distraction.

Il ramassa un caillou, puis le lança plus loin. Il passa en cloche au-dessus du garçon, et cogna un bidon bruyamment. Marvin le guetta du coin de l'œil, sans bouger. Ce n'était pas un problème pour Nate qui avait d'autres pierres à disposition. Il en saisit une seconde, et l'envoya plus fort. Elle passa à toute vitesse devant le nez du faux vigile qui sursauta.
— Tiens ? Le vent est plutôt violent aujourd'hui.
— Mais quel connard, marmonna le détective. Il ne peut pas réfléchir un peu, lui ? Comme si le vent venait de souffler.
Alors, le jeune brun s'empara d'un plus gros caillou, et lui explosa la tête avec. Évanoui suite au choc, Marvin s'écroula dans l'herbe haute, sans crier. Par acquis de conscience, Nate effleura sa plaie afin de vérifier qu'elle n'était pas trop grave. Un point de suture suffirait, mais il n'était pas médecin, donc il le laissa dormir seul, le sang coulant tout doucement hors de la blessure. Il n'allait pas en mourir, c'était un « bobo de chat » comme son père lui répétait souvent.

À l'intérieur, il découvrit seulement du vide. Il n'y avait plus rien, ni machine, ni archives, les disparus avaient bel et bien tout emmené. Il restait une conserve et un bout de papier par-ci par-là, mais finalement, toutes les preuves primordiales n'étaient plus sur les lieux. Nate n'avait peut-être aucune chance de comprendre ce qui se passait à Osamada.

Au fond, il trouva une trappe et des escaliers. Cela ne lui coûtait rien de s'aventurer dans les tréfonds du village. Toujours muni de la fonction lampe torche de son téléphone portable, il dévala les marches à toute vitesse, manquant de trébucher quelques fois, puis se retrouva dans un laboratoire.
— Pourquoi ? s'étonna-t-il en avançant imprudemment. Pourquoi n'ont-ils rien emporté ici ?

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