Butterfly Club

IIIIII. Doutes

Plus rien n'avait de sens. Mais Nate avait enfin tout compris. L'affaire d'Osamada était enfin résolue. Il retourna dans le passé, une nouvelle fois, et se laissa frapper par le journal de sa sœur.
— Allez, dépêche-toi, debout !
— Caroline... Tu m'as manqué.
— Tu n'as pas de temps à perdre, Nate. Je croyais que tu venais pour une enquête. Nous pourrons profiter ce soir, je vais commander des nouilles.
— C'est terminé. Je n'ai plus besoin d'aller voir Jiggs. Je sais ce qui s'est passé.
— Attends, déjà ? s'étonna la femme. Non, tu me prends pour une idiote, c'est sûr !

Elle le gifla à nouveau avec le journal et le posa sur la table.
— Dépêche-toi !
Il avait vécu une sacrée aventure, même si elle paraissait plutôt courte. Il se souvenait de ce premier jour, lorsqu'il a relu cet article. La disparition d'un village entier. Comme il l'avait si bien dit :
— Soixante-deux disparitions. J'ai beaucoup de mal à y croire.
— La police t'a appelé pour trouver ce qui s'est passé, pas vrai ? Pourquoi dis-tu que c'est fini ?
— Quel est son nom ? demanda Nate. Comment s'appelle le patron du supermarché ?
Elle déglutit et détourna le regard.
— Ne fais pas l'innocente avec moi. Je sais qu'il va t'aider à retrouver papa. Et moi aussi, je veux le voir.
— Comment peux-tu le savoir ? paniqua Caroline.
— C'est compliqué à expliquer, et j'en ai marre de recommencer, vous êtes difficile à convaincre à chaque boucle...
— Hein ?

Le détective se leva, tapotant les plis de sa veste, et alla se servir un verre d'eau, tout en racontant ce qu'il savait. C'était le climax de l'affaire, les révélations ultimes.
— Il y a douze ans environ, notre père nous a inscrits au pensionnat. Tu as été adoptée avant moi, et j'ai fugué, j'avais si peur de rester seul.
— Tu n'étais pas seul, Nate... Lucas et les autres, ils étaient tes amis, pas vrai ?
— Ils n'étaient que des enfants dont personne ne voulait, et j'étais comme eux, tant que j'étais là-bas. Il fallait que cela change, il fallait que je sois désiré, je voulais simplement vous revoir, toi et papa. Donc j'ai quitté cet endroit. J'ai couru, encore, et encore.
— Le pensionnat était loin de tout... Cela a dû être difficile. soupira sa sœur.
— Je ne m'en suis pas rendu compte. Je suis très vite arrivé dans un village sombre, et je l'ai revu. J'étais caché, je n'ai pu l'apercevoir qu'à travers un pauvre miroir, mais je l'ai reconnu. Il avait son papillon sur la main.

Elle connaissait déjà cette histoire. Il lui avait raconté des tas de fois. Elle n'avait pas eu la chance de le revoir depuis leur abandon, elle exprima son brin de jalousie par un raclement de gorge.
— Où veux-tu en venir, Nate ?
— C'était Osamada. J'étais là, et lui aussi.
— Je te demande pardon ? s'écria Caroline.
— Tout tombe sous le sens. J'ai découvert qu'ils faisaient des expériences ici. Les mannequins, le poison, tout était fait pour manipuler la mémoire des gens. C'était un essai, peut-être une expérience gouvernementale. Cela expliquerait que personne ne veut que cela soit découvert. Amélia protège donc réellement Jiggs...
— Comment peux-tu affirmer toutes ces choses, tu es déjà allé enquêter ?
— On va dire ça.

Il posa son verre dans l'évier, et le fixa, le regard livide.
— Et si les gens n'existaient pas ? déduisit-il.
— Je ne te suis pas, frangin...
— Jack était sur une photo du village, pourtant, son nom ne figure pas sur la liste de ces disparus. Il était boulanger, il y a encore une semaine, et il me dit que cela fait trois ans qu'il est agent à l'aéroport. Comme s'ils existaient en deux fois. Il n'y a personne dans ce village, Caroline. Cela fait dix ans qu'il est vide.
— Qu-Quoi ?
— Leur expérience devait être une réussite, ils ont quitté les lieux et ont caché le plus de preuves possibles. Mais leur poison continuait de faire effet. La mémoire de tout le monde était affectée, les gens pensaient voir des civils, alors qu'il n'y avait que des mannequins. Ils devaient peut-être même avoir du mal à se reconnaître et jouaient plusieurs rôles sans s'en rendre compte. Je comprends mieux le comportement des habitants...