Chapitre 15

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Le réveil est difficile le lendemain, je regrette d'être allé coucher tard. Lorsque les souvenirs d'hier me reviennent en tête, je cache mon visage dans mon oreiller. Comment ça a pu arriver ? Je suis peut-être trop dramatique. Il y avait du vent hier, ça a peut-être rapproché nos visages et voilà, aussi simple que ça. Je me voile la face, je le sais.

Je veux sortir avec Laure, pas Hannah. Elle ne me plaît même pas, c'est mon amie et rien de plus. Je répète cette phrase quelques fois dans ma tête avant de me lever et de m'habiller. Mes yeux me piquent, je ne sais pas comment je vais tenir en cours. La bonne nouvelle, c'est que aujourd'hui, il y a une heure consacrée à notre voyage de terminale. Ils vont nous expliquer ce qu'on va y faire et tout ça.

Il y a un poids dans mon estomac lorsque j'entre par l'entrée principale du lycée. Je ne veux pas traîner avec Laure après ce qu'elle a dit, seulement, elle va me demander des explications et je n'ai aucune envie de lui donner. Ce qui veut dire que je dois rester avec Hannah, mais ça ne m'enchante pas plus que ça. On ne s'est pas embrassé en réalité, c'était même peut-être le fruit de mon imagination. Donc il n'y aura pas de gêne entre nous, n'est-ce pas ?

-« On dirait que ta tête va exploser. » Dit une voix derrière moi.

Je suis rassurée lorsque je trouve Jake, un grand sourire au visage. Cet homme est vraiment toujours heureux, comment fait-il ?

-« Je suis fatigué, c'est tout. » Je réponds ne voulant pas en parler.

-« Bonne technique pour ne pas en parler, sache que je suis là si tu as besoin. »

Je lui souris et nous changeons de sujet.

-« Tiens. » Me dit-il en me tendant une peluche rose en forme de lapin.

Je le regarde curieusement.

-« Je n'ai pas eu le temps de te la donner hier, tu es partie trop vite. D'ailleurs, ton frère va bien ? »

Les événements de la veille me reviennent en tête : j'ai inventé le mensonge que Carl a vomit.

-« Euh oui, il avait juste mal digéré ses haricots. » Je dis m'enfonçant encore plus dans mon mensonge.

-« Les haricots, quelle plaie. Ma mère m'obligeait toujours à en manger, je les refilais à Rob. »

-« Rob ? »

-« Mon serpent. »

Je me retourne vivement vers lui.

-« Attends, tu donnais des haricots à un serpent ? Non, attends, autre question, tu as un serpent ? »

-« Bien sûr, il se fait vieux maintenant, mais toujours vivant. » Dit-il comme si c'était l'animal de compagnie le plus connu.

Étonnée de ses paroles, je ne remarque pas Hannah qui se dirige vers nous. Je regarde à droite, à gauche, aucune manière de l'éviter.

Elle regarde mes bras curieusement, c'est à ce moment-là que je me rappelle de la peluche qui fait quand même la taille d'un sac à dos. Je vais devoir le tenir toute la journée.

-« C'est Carotte. » Lui dit Jake.

-« Tu l'as appelé Carotte ? » Je demande.

-« Oui, c'est moi qui l'ai gagné donc c'est moi qui choisis son nom. »

Je rigole à sa réponse et un silence suit. Hannah cherche mon regard et je fais tout pour éviter le sien.

-« Bon les meufs, j'ai cours. À plus. » Il s'en va nous laissant en tête-à-tête.

Je tente de briser le silence.

-« Alors, prête po.. »

Elle m'interrompt directement.

-« Il faut qu'on parle. »

-« Parler de ? » Je demande espérant que ce n'est pas ce que je pense.

-« De notre pacte, tu n'as plus besoin de mon aide. »

-« Mais toi si. » Elle a toujours besoin de ses cours.

-« Et je fais quoi en échange ? »

Je réfléchis, je n'ai aucune chance avec Laure. Ça me brise le cœur, mais le fait qu'elle soit homophobe rend la chose moins douloureuse que je l'aurais pensé. Ça l'a rendue moins attirante directement.

-« Tu peux toujours m'aider à draguer même si ce n'est pas Laure. »

Elle semble réfléchir.

-« Draguer qui ? »

« J'en sais rien, on n'a qu'à aller dans un bar et tu m'aideras. »

-« Mais où est passé la petite timide du début. » Dit-elle en rigolant.

La tension présente avant disparaît. On fait comme de rien et ça me va. Il ne s'est rien passé. J'enferme la sensation que j'ai ressentie dans mon ventre lorsque mes lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres des siennes au fin fond de mon cerveau. Je crois que ça va être plus dur que prévu.

Un amour inattendu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant