Le Pari (omegaverse BxB - en cours)

Chapitre 5 : Yoris se dévoile

Pendant toute une semaine, j'ai travaillé avec Nick sur ce refuge pour omégas. La situation est, sans grande surprise, bien pire que ce que j'imaginais. J'y suis retourné plusieurs fois, dans l'espoir d'en apprendre plus sur leur condition de vie.

Évidemment, j'ai également fait en sorte de ne pas croiser Yoris. Mais ça, c'était sans oublier ma poisse légendaire.

— Bonjour Audren, je suis surpris de vous voir ici. Tout va bien ?

— Oui, très bien. En fait, depuis que vous m'avez amené ici, ça me turlupine cette histoire. En tant qu'avocat, j'aimerais bien faire quelque chose pour eux.

— C'est un noble métier que vous exercez. Et merci de vous inquiéter pour ceux que la société délaisse. Seulement, vous savez, ça fait des années que j'essaie de sensibiliser la population et rien n'y fait. Les idéologies sont trop bien ancrées dans l'esprit.

— Comment vous vous y prenez ?

— Je travaille dans les médias. Vous ne m'avez jamais vu à la météo ou sur ce fameux jeu télé, « Famille à échanger » ?

— Ha désolé, je ne regarde jamais la téloche. Je préfère ma bonne vieille radio ou internet.

Je suis un peu gêné de ne pas l'avoir reconnu s'il est célèbre. Heureusement, il me rassure en me soutenant qu'il n'est pas sur les grandes chaines publiques, lui-même n'aimant pas trop attirer l'attention.

On finit par s'installer dans un parc, pas loin du centre, un café chacun dans les mains. Je finis enfin par le convaincre de me tutoyer, même si cela semble le perturber. Je lui explique que le tutoiement n'est pas forcément un manque de respect. Lui me confie en retour avoir toujours vouvoyé les gens, mêmes ses propres parents. Brrrr.

— J'ai été recruté plus d'une fois par la NSP, la National Show Public, mais j'ai toujours refusé. Je préfère de loin ma petite équipe, qui me connait et en qui j'ai toute confiance.

— Et ça te convient ?

— Oui, je ne changerai ma routine pour rien au monde. J'aime mon confort.

Bon, au moins, je sais maintenant qu'il travaille dans ce milieu et qu'il n'est pas avide de célébrité. En vérité, dès notre première rencontre, j'ai senti une personne humble et discrète. Tout le contraire de Yoris en somme.

— Je rêve de diriger un jour une chaîne qui mettra en lumière toutes les idioties de notre société. Ou on pourra dire ce que l'on pense réellement. Que les omégas pourront enfin libérer leur parole. Que les alphas avec des handicaps ne soient pas réduits à des sous merdes. Qu'on cesse enfin de faire passer le second genre en premier pour tout.

Je sens qu'il se crispe à ces dernières paroles. Lui-même sert son café tellement fort que le verre en plastique commence à craqueler.

Malheureusement pour moi, il ne me laisse pas l'opportunité de lui demander plus de détails sur ses paroles.

— Je dois y aller, encore navré d'avoir gâché ce rendez-vous.

— Non, non, ne t'excuse pas, je trouve ça intéressant comme point de vue. Peu courant certes, mais pas désagréable à entendre. Il faudrait plus de gens comme toi.

Il sourit, tristement, mais ses yeux transpirent la gratitude.

Histoire de changer de sujet, je retourne sur notre mois de défis.

— Je me disais que pour le prochain rendez-vous, nous pourrions aller au cinéma. Je pensais vous laisser choisir, toi et Cyriel. Avec tout le choix qu'on a, ça me permettra de connaître un peu vos goûts cinématographiques.

— C'est une très bonne idée, ça fait bien longtemps que je ne suis pas allé dans une salle obscure. Je t'envoie ma proposition ce soir.

Sur ces sages paroles, nous nous quittons et je retourne au cabinet pour terminer ma journée de travail.

Nick m'attend fermement à son bureau, tout heureux de me voir, je me demande bien pourquoi.

— Audren, tu as devant toi le meilleur avocat associé de toute la ville ! s'exclame-t-il en me serrant dans ses bras.

— Oui, ça je le sais depuis longtemps et tes chevilles ça va pignouf ?

— Pour le centre que tu as visité, avec les omégas, j'ai enfin une avancée majeure considérable. Il peut être reconnu d'utilité publique et ainsi avoir des financements de la part de la ville. Ce sera long, fastidieux et chiant mais à nous deux, je suis sûr qu'on peut faire passer le dossier.

Je reste bouche bée. Je n'avais pas remarqué mais Nick est tout rouge, cerné à mort et sa barbe est mal taillée. Comment j'ai fait pour ne pas le remarquer ?

— Arrête de faire ton poisson rouge avec ta bouche ouverte. Contrairement à toi qui flirte à tout va avec tes beaux gosses, moi j'ai bossé !

— Et depuis quand tu n'es pas rentré chez toi ? On s'est toujours dit, la vie perso avant la vie pro Nick.

— Te bile pas pour ça, Missa est de notre côté. Elle a été très touchée quand je lui en ai parlé. Tu sais qu'elle a beaucoup d'amies omégas qui sont plus défavorisées qu'elle et qui fréquentent peut-être même le centre. Elle va voir ce qu'elle peut faire de son côté elle aussi.

Missa est infirmière. Si elle arrivait à former un petit groupe de volontaires pour effectuer des soins, ce sera formidable.

Pas à pas, les choses évoluent.

Plus tard, mon téléphone vibre pendant mon dîner en tête à tête avec mon bouquin du moment.

Cyriel et Yoris viennent de m'envoyer leur proposition de ciné. Je sens qu'on va rire.