Spencer Reid était assis à son bureau, entouré de piles de dossiers et de livres épars. Le bureau de l'agent prodige du FBI ressemblait souvent à une petite bibliothèque, mais cela ne semblait jamais le déranger. Il aimait l'ordre dans le désordre, la manière dont chaque livre et chaque dossier avait une place bien précise, même si cela paraissait chaotique pour les autres.
Ce jour-là, cependant, quelque chose de différent occupait son esprit. Une nouvelle recrue avait rejoint l'équipe de profilers d'Esprits Criminels. Aallais venait de terminer sa formation au FBI avec les honneurs, et bien que plus jeune que la plupart de ses collègues, elle avait déjà fait preuve d'une grande perspicacité lors de plusieurs enquêtes.
Elle était arrivée ce matin-là, accueillie par Hotch et Rossi, et Reid l'avait observée discrètement depuis son bureau. Elle avait une aura mystérieuse, une intelligence vive qu'il avait remarquée dès les premières minutes. Ses mouvements étaient gracieux, presque calculés, comme si elle réfléchissait toujours à l'avance.
Les premiers échanges entre Aallais et l'équipe s'étaient déroulés sans accroc. Elle semblait avoir immédiatement saisi la dynamique de l'équipe, intégrant leurs forces et faiblesses dans ses réflexions. Mais une chose la distinguait des autres : elle était fascinée par les échecs, un jeu qui, elle le savait, passionnait aussi Reid.
Alors que Reid s'immergeait à nouveau dans un article complexe sur les troubles dissociatifs, il sentit une présence à ses côtés. Il leva les yeux et vit Aallais, debout près de son bureau, tenant une petite boîte en bois dans ses mains.
"J'ai entendu dire que vous aimiez les échecs," dit-elle en souriant légèrement, ses yeux fixant les siens avec une intensité qui le déstabilisa un instant.
"Oui, c'est vrai," répondit Reid, curieux de voir où cela allait mener.
Elle ouvrit la boîte, révélant un jeu d'échecs en bois, magnifiquement sculpté. "Cela vous dirait une partie ?"
Reid acquiesça, intrigué. "Avec plaisir."
Ils installèrent le plateau sur une table voisine, et les pièces furent placées avec précision. Le jeu commença dans un silence confortable, seulement brisé par le cliquetis des pièces en bois sur le plateau. À chaque mouvement, Reid analysait non seulement le jeu, mais aussi Aallais. Elle jouait avec une stratégie qui lui était étrangère, imprévisible, mais étonnamment efficace.
"Vous êtes très douée," dit Reid après quelques mouvements, surpris par la rapidité avec laquelle elle avait anticipé ses coups.
"Merci," répondit-elle en déplaçant son fou. "J'ai toujours aimé les échecs. Le jeu est un miroir de l'esprit humain. Chaque décision révèle une part de notre façon de penser."
Reid hocha la tête, contemplant ses mots. "C'est vrai. Les échecs sont un excellent moyen de comprendre la psychologie d'une personne."
Le silence s'installa à nouveau alors qu'ils continuaient la partie. Peu à peu, Reid réalisa qu'il était en train de perdre. Aallais l'avait acculé avec une finesse qu'il n'avait pas anticipée. Elle plaça finalement sa reine en position.
"Échec et mat," déclara-t-elle calmement, ses yeux pétillant de malice.
Reid sourit, admiratif. "Impressionnant. Je ne perds pas souvent."
"Je suis ravie d'être l'exception," répondit-elle en rangeant les pièces dans la boîte. "C'était un plaisir de jouer avec vous, Spencer."
"Le plaisir était pour moi," rétorqua Reid. "Vous êtes vraiment une adversaire redoutable."
Aallais sourit, mais avant de s'éloigner, elle posa une main légère sur son épaule. "Dans ce jeu, comme dans notre travail, chaque mouvement compte. Je pense que nous ferons une excellente équipe."
Reid la regarda partir, pensif. Il sentait qu'Aallais apportait quelque chose de nouveau, quelque chose qu'il n'avait pas encore pleinement compris, mais il était certain d'une chose : elle serait une alliée précieuse, non seulement sur le terrain, mais aussi pour repousser ses propres limites.
Il n'avait jamais été aussi impatient de découvrir ce que l'avenir leur réservait.