2 : Les Sorcières

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Lyria courait dans une vaste prairie, l'herbe caressant ses pieds nus. Le soleil brillait haut dans le ciel, baignant la scène d'une lumière dorée et chaude. Elle riait aux éclats, ses petites mains tendues vers ses parents. Sa mère, belle et souriante, la soulevait dans les airs, tandis que son père, les yeux pétillants de bonheur, les observait avec amour. La tristesse et la solitude qui l'accompagnaient toujours semblaient s'être évanouies dans ce rêve idyllique.

Attrape-moi ! cria-t-elle joyeusement, sa voix cristalline résonnant dans l'air.

Mais soudain, la lumière commença à faiblir. Lyria sentit une pression étrange dans sa gorge, comme si elle manquait d'air. Le ciel s'assombrit, et l'herbe verte devint noire et flétrie sous ses pieds. Elle voulut appeler sa mère, mais aucun son ne sortit de sa bouche. La panique s'empara d'elle alors qu'elle portait ses mains à son cou, cherchant désespérément à respirer.

Maman... Papa... tenta-t-elle de murmurer, mais ses mots mouraient dans sa gorge.

Sa mère, désormais floue et presque irréelle, se pencha vers elle, son sourire s'effaçant pour laisser place à une expression grave. Ses yeux, autrefois chaleureux, se remplissaient d'une urgence qui fit battre le cœur de Lyria encore plus fort.

Lyria, réveille-toi ! La voix de sa mère était pressante, presque effrayante.

Lyria sentit un secouement, comme si on la tirait violemment de ce rêve. Elle ouvrit soudainement les yeux, haletante. La chaleur écrasante la frappa de plein fouet, et la douce prairie s'était évanouie, laissant place à une réalité terrifiante. Elle se trouvait dans l'église du village, mais quelque chose n'allait pas. Tout autour d'elle, les flammes léchaient les murs, dévorant le bois avec une voracité insatiable.

La fumée emplissait la pièce, lui piquant les yeux et lui brûlant la gorge. Lyria toussa violemment, sa vision deviens floue, alors qu'elle tentait de comprendre ce qui se passait. Le bruit du feu était assourdissant, et les cris désespérés des femmes résonnaient dans l'espace confiné. Elle se mit debout, titubant, et chercha une sortie, mais toutes les issues étaient bloquées, les portes barrées par des poutres enflammées.

Au secours ! cria-t-elle, sa voix se perdant dans le chaos.

C'est alors qu'une main ferme attrapa la sienne. Une femme, le visage marqué par la peur mais aussi par une résignation profonde, la regarda droit dans les yeux.

Ma petite, écoute-moi bien, dit-elle d'une voix rauque, luttant pour se faire entendre par-dessus les crépitements du feu. Tu es comme nous. Ta mère était une sorcière, et toi aussi.

Lyria secoua la tête, incrédule, ses larmes se mêlant à la sueur qui coulait de son front.

Non... non... c'est pas vrai... murmura-t-elle, terrorisée.

C'est la vérité, et c'est pour ça qu'ils nous ont piégées ici, continua la femme, son regard empreint de tristesse. Ils ont peur de nous. Ils veulent nous tuer parce qu'ils savent que nos pouvoirs sont plus forts que leurs peurs. Mais toi, tu dois survivre. Tu es la plus jeune , nous avons déjà bien vécu notre vie .

Les autres femmes, à moitié englouties par les flammes, commencèrent à psalmodier d'anciennes incantations, leurs voix s'unissant en un chœur déchirant. Lyria sentit une énergie étrange l'envahir, quelque chose de puissant, de terrifiant. Elle tenta de s'échapper, mais la femme la maintenait fermement, ses yeux fixés sur elle avec une détermination féroce.

Nous allons te donner nos pouvoirs, dit-elle, sa voix se brisant légèrement. C'est un sort interdit, mais c'est notre seul espoir. Nous te confions tout ce qui reste de nous. Sois forte, ma petite.

Lyria, incapable de résister, sentit cette énergie la traverser. Elle n'était plus seulement une petite fille effrayée. Une force inimaginable se déversait en elle, chaque fibre de son être brûlant de ce pouvoir nouveau et inconnu. Les femmes autour d'elle tombèrent une à une, leurs corps se consumant dans les flammes, mais leur pouvoir affluait en Lyria, la transformant.

La douleur, la peur, la tristesse… tout se mélangea en elle, débordant dans un cri de pure souffrance. Elle libéra alors un cri déchirant, un cri qui se changea en une vague d'énergie dévastatrice. Une onde de choc d'une intensité phénoménale émana de son petit corps, balayant tout sur son passage.

Les murs de l'église volèrent en éclats, et le feu s'éteignit instantanément, étouffé par la puissance du rayon de force. Le village entier fut ravagé, les maisons détruites, les habitants frappés sans pitié par cette force incontrôlable. Un silence de mort s'installa après l'explosion, une quiétude glaciale.

Lyria, épuisée et brisée, s'effondra au milieu des décombres, ses larmes roulant silencieusement sur ses joues noircies. Elle se recroquevilla en boule dans un coin de l'église en ruines, le cœur lourd de chagrin et d'incompréhension. Autour d'elle, le monde n'était plus qu'un désert de cendres et de silence, et elle était seule, complètement seule.

La Protégée Du Vampire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant