3 : L'arrivée De Damon

71 5 0
                                    

La nuit était fraîche, et les étoiles scintillaient faiblement à travers le voile de nuages qui couvrait le ciel. Damon errait dans les bois depuis plusieurs heures, ses pensées vagabondant au rythme de ses pas silencieux. Sa vie était un cycle sans fin de chasse, de luxure et une envie incroyable de faire chier son frère Stefan.

Soudain, une odeur attira son attention. Il s'arrêta net, ses narines se dilatant pour capter cette senteur particulière. Un mélange de feu, de cendre et de sang flottait dans l'air, piquant ses sens comme un aiguillon. Son appétit s'éveilla, et sans hésiter, il se dirigea vers la source de cette fragrance envoûtante.

Il arriva bientôt en vue d'un village, ou du moins ce qu'il en restait. Les maisons étaient en ruines, les toits effondrés, et une épaisse couche de cendre recouvrait le sol. Le silence régnait en maître, interrompu seulement par le bruissement du vent qui soulevait parfois un nuage de poussière. Damon marcha lentement parmi les décombres, son regard perçant observant les corps sans vie étendus çà et là. L’odeur du sang et de la mort saturait l'air, lui rappelant à quel point il était proche de ce monde crépusculaire.

— Quel carnage, murmura-t-il pour lui-même, son ton dénué d'émotion. Il n'était pas étranger à la violence, mais il y avait ici une force brutale qui dépassait le simple massacre. Quelque chose de plus sombre, de plus puissant.

Alors qu'il tournait les talons, prêt à repartir, un son faible, presque imperceptible, atteignit ses oreilles sensibles. Une petite voix, à peine plus qu'un souffle, émergeait des décombres de l'église en ruines. Intrigué, Damon se dirigea vers la source de ce murmure. À l'intérieur de l'église, le chaos régnait. Les bancs étaient renversés, le plafond éventré laissait passer des rayons de lune qui illuminaient les restes calcinés de l'édifice.

Il la vit, recroquevillée dans un coin, une petite forme presque entièrement dissimulée par la cendre et la poussière. Lyria, son corps frêle marqué par les jours d’abandon, ses joues creusées par la faim, paraissait plus morte que vive. La trace de son petit corps était dessinée dans la cendre, comme une empreinte fugace de sa lutte pour survivre.

En s'approchant, Damon sentit l'effroi qui émanait d'elle. La petite fille leva des yeux remplis de terreur vers lui, ses lèvres tremblant alors qu'elle tentait de se reculer davantage, mais ses forces l'abandonnaient. Quelque chose d'inhabituel piqua l'intérêt de Damon, une émotion qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps… de la compassion ? Non, c'était absurde. Il n'avait aucune raison de la secourir, aucun lien avec ce petit être.

Fouillant dans ses poches à la recherche de quelque chose pour l’apaiser, il tomba sur un petit carré de chocolat. Un souvenir banal d'une autre nuit, qu'il n'aurait même pas remarqué s'il n'avait pas été pressé de s'échapper d’une situation encombrante. Une fille, une humaine, l'avait timidement glissé dans sa poche après une rencontre fortuite, accompagné de son numéro. Il n'avait pas touché au chocolat, l'avait simplement oublié.

Avec un sourire en coin, Damon sortit le morceau de chocolat et s'accroupit doucement devant la petite fille. Il tendit le chocolat vers elle.

— Tiens, prends ça, dit-il d'une voix étonnamment douce pour un prédateur.

Lyria hésita, ses grands yeux remplis de larmes fixant tour à tour Damon et le chocolat. Finalement, la faim prit le dessus sur la peur. Elle saisit timidement le chocolat et commença à le manger, ses larmes coulant librement sur ses joues sales. Le goût sucré, bien que faible, semblait réveiller en elle une vague de tristesse inexprimable. Le barrage de son émotion céda, et elle se mit à pleurer, des sanglots lourds et désespérés qui secouaient son petit corps.

À la surprise de Damon, la fillette, en quête de réconfort, se jeta dans ses bras, l'enlaçant de toutes ses forces. Ce contact soudain et inattendu le fit tressaillir. C’était… une sensation étrangère, que quelqu’un, une simple humaine, le touche ainsi sans peur ni répulsion, malgré tout ce qu’il représentait. Mais au lieu de la repousser, il resta immobile, presque figé, tandis qu’elle pleurait contre lui.

Les sanglots de Lyria finirent par s'apaiser, ses petites mains s'accrochant toujours à Damon. Épuisée par la fatigue et les émotions, elle s’endormit dans ses bras, son souffle devenant régulier. Damon baissa les yeux vers elle, ses traits durs se radoucissant malgré lui. Cette petite créature, si fragile, avait survécu à quelque chose d'incompréhensible. Elle avait un pouvoir, il le sentait, mais ce pouvoir n'était rien comparé à la vulnérabilité qui émanait d'elle à cet instant.

Il soupira, se rendant compte que ce qu'il s'apprêtait à faire était bien différent de ses habitudes. Sans un mot, il la souleva délicatement, la portant contre sa poitrine. Elle était légère comme une plume, son corps tremblant légèrement dans son sommeil.

Damon quitta l'église en ruines, marchant dans les décombres du village détruit. Il devait trouver un endroit sûr pour elle, loin des dangers qui pourraient encore rôder. Quelque chose en lui, peut-être un vestige d'humanité, refusait de la laisser seule et sans protection.

Les bois l'enveloppèrent à nouveau, sombres et silencieux, tandis qu'il portait Lyria, l'éloignant des cendres de son passé.

La Protégée Du Vampire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant