Chapitre 1

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Mes yeux s'ouvrent sur l'horloge bleue à droite de mon bureau.
Une lumière douce et dorée filtre à travers les rideaux. La fatigue a finalement eu raison de moi, et je me suis assoupie sur mon bureau. En jetant un coup d'œil à l'horloge, je réalise que je ne suis restée endormie que quelques heures. Je soupire, mi-amusée, mi-inquiète. Il est 1 heure du matin.

- " Putain , j'ai dormi. J'aurais dû rester éveillée."

Je me lève précipitamment de ma chaise et saisis mon téléphone pour consulter mon emploi du temps. L'écran s'illumine, révélant mon visionboard qui résume toutes mes ambitions, et surtout, mon rêve de poursuivre des études de médecine après le bac. Il est impératif que je réussisse mon année scolaire avec excellence pour obtenir mon bac D avec mention. Je dois me hâter et surtout terminer ma série d'exercices avant le début des cours de ce matin.

Je me dirige vers la cuisine pour me préparer une collation rapide qui me donnera un minimum d'énergie. Je ne prends même pas la peine d'allumer la lumière des escaliers, connaissant cette maison par cœur. Une fois dans la cuisine, j'ouvre le frigo et opte pour un petit pain au chocolat, laissant de côté le garba national qui me tente tant . Je le dévore rapidement avant de retourner dans ma chambre, où mes manuels de chimie, mes fidèles compagnons, m'attendent sagement sur mon lit. Je les ramène sur le bureau et m'attelle à la tâche avec sérieux. Les exercices sont ardus, mais je m'applique à les résoudre un à un, laissant les plus complexes pour Abdel demain. Nous sommes tous deux majors de promotion cette année, et nos parents en sont extrêmement fiers. C'est pour cette raison que Tonton Cheikh, le père d'Abdel, nous a généreusement offert à chacun un iPad. Cet homme est la figure masculine la plus bienveillante que je connaisse, et il a toujours soutenu ma mère dans mon éducation. Je lui serai éternellement reconnaissante de n'avoir jamais fait de différence entre son fils et moi. Malgré nos conditions de vie diamétralement opposées, Abdel est mon ami le plus proche, et nous avons tous deux la ferme intention de réussir et de rendre nos parents fiers. Nous travaillons dur pour y parvenir.
Il est maintenant 3 heures , et je prépare toutes mes affaires pour les cours. Je les range soigneusement dans mon tote bag blanc avant de me diriger, les pieds traînants, vers la salle de bain. Je règle ensuite le réveil pour 5 heures et me glisse enfin sous mes draps.

Le jour suivant, mon réveil entonne "Can I Call You Rose", la mélodie choisie pour me tirer du sommeil. Cette ballade romantique bien que douce arrive quand même à me réveiller. Je commence la journée comme une rose avec le soleil qui à travers la vitre se reflète délicatement sur mon visage noir ébène. Ma toilette faite un peu plus tôt, je troque vite mon pyjama en satin contre la tenue scolaire officielle de mon école. J'ajuste une dernière fois mon pantalon bleu foncé avant de m'attaquer à mes cheveux. De nature afro , mes cheveux contrairement à ceux des autres sont plutôt obéissants . Après une légère poignée de gel coiffant , en moins de 5 minutes ils ressemblent enfin à quelque chose . Je salue ma mère, qui est certainement debout depuis l'aube.

Le chauffeur attend normalement Abdel et moi devant le garage. Aujourd'hui, cependant, j'arrive en avance, ce qui est surprenant puisqu'Abdel a l'habitude de m'y devancer. Soudain, je le vois se diriger vers la voiture, l'air tendu. Il semble perturbé par quelque chose, et je ne peux m'empêcher de lui demander :

- "Abichou, tu as vu un fantôme ou quoi ?"
- "On va être en retard !" répond-il, comme pour indiquer au chauffeur de démarrer .
- "Ça ne va pas ?" Dis je pour insister .
- "Ne t'inquiète pas pour moi... Dis, tu as réussi les exercices de la page 203 du manuel de chimie ?"
- "Lequel exactement ?"
- "Euh... Valesse."
- "Ah oui, je m'en suis sortie."
- "Bien... félicitations, ils étaient vraiment difficiles. Tu peux m'aider à les faire ?"

Je me penche vers son siège pour mieux lui expliquer le principe de l'estérification. Nous travaillons ensemble durant tout le trajet jusqu'au portail du lycée. Après avoir présenté nos badges, nous nous dirigeons d'abord vers sa classe pour continuer un peu, puis il demande à son voisin Emmanuel de m'escorter dans ma classe, prétextant que je suis fatigante. Moi, je qualifierais plutôt cela de convivialité. Avec ses bras forts, Emmanuel dépose habilement mon sac et tous mes cahiers dans mon casier, puis le referme.

Scandale Au ManoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant