Paris 8h30
Abdel
Il est 8h30 et nous sommes mercredi. Louve le petit chat de mon ami Marc dort encore à côté de moi . Lorsque j'ouvre les yeux , la lumière déjà allumée me brûle . Je sors une main de mon drap immaculé pour caresser le doux pelage du chat qui me répond par de légers ronronnements. Lorsque je tourne la tête, Louve a déjà pris la route pour ses escapades matinales et mon maniaque de colocataire fait comme à son habitude le ménage . Je m'amuse à le regarder quelques minutes et savoure mon dernier matin en France. Aujourd'hui je rentre à Abidjan, retrouver Frédérika et toute ma famille . Mes émotions rivalisent entre le bonheur de retrouver ceux que j'aime et ai toujours chéri et la peine de quitter ces merveilleuses personnes que je viens de rencontrer mais qui ont su prendre soin de moi ces deux derniers mois . La fête d’hier a été mémorable et je me promets intérieurement que ceci n'es qu'un aurevoir . Je reviendrai en France et je leur présenterai même Freddy . Elle me manque terriblement, plus que tous les autres et je lui ai promis de lui rapporter beaucoup de cadeaux. Elle a déjà un ours en peluche , de l'eau en bouteille de la France , un pyjama Victoria Secret , plein de vêtements de sa marque préférée et aujourd'hui j'irai chez le bijoutier lui prendre un beau collier. J'ai parlé de Freddy à tous mes amis et grâce à eux je retourne à Abidjan avec une nouvelle perception des choses . Freddy me plaît et j'adorerais continuer le reste de mes jours avec elle. J'attends toujours d'être situé sur ses sentiments à elle avant de me lancer mais je ne me vois avec aucune autre . Ça a toujours été Freddy et ce sera toujours elle . Je me lève du lit et me dirige vers la cuisine pour me préparer un petit déjeuner avant d'aller récupérer le bijou de Freddy. Mon avion décolle dans 5 heures et je dois me dépêcher. Pour mon dernier petit déjeuner en tant que touriste en France, je choisis des beignets bretons de la soirée d’hier conservés au frigo et du jus d'orange que je sirote sur la véranda . Je profite de la magnifique vue une dernière fois et salue la vieille dame de l'immeuble d'en face sur qui je tombe chaque matin . Elle me salue d'un signe de la main comme toujours ignorant que demain matin , cette porte ne s'ouvrira pas . Le petit déjeuner englouti avec appétit et l'appartement nettoyé de fond en comble, nous nous apprêtons pour le centre commercial et l’aéroport mes valises en main . Nous laissons une fenêtre ouverte et à manger dans une gamelle près du sofa vert pour Louve à qui je n'ai malheureusement pas pu dire aurevoir . Les ronronnements et les miaulements de ma compagne à poils gris vont énormément me manquer. Nous descendons Marc et moi les escaliers sans dire un mot et je m'arrête dans le parking pour contempler une dernière fois l'immeuble où je suis entré en courant , en marchant d'autres fois , en riant souvent , tout seul ou même à plusieurs . Paris va me manquer mais pas plus que Freddy en ce moment. Penser à elle, m'arrache un sourire qui fait ricaner mon ami .
- Cette à elle que tu penses ? Laisse t il s'échapper entre deux soupires .
- C'est si évident que ça ? Répondis-je soudain gêné .
Je n'ai jamais été amoureux avant et ce sont mes amis qui m'ont fait savoir que je l'étais de Freddy. Je n'aime pas utiliser les gros mots et vendre des illusions ou qu'on s'attende à plus que ce que je ne peux offrir, alors je prend mon temps . Une chose est sûre, si Frédérika Gnamien et moi sommes destinés à finir ensemble, ça arrivera .
Le moment des aurevoir arrive vers 12 heures et je serre Marc très fort dans mes bras . Lui me donne des tapes viriles sur l'épaule , et c'est le mieux qu'il puisse faire . Marc n'es pas un garçon très expressif , il est du genre bad boy , bourreau des cœurs et homme à femmes. Ses nombreuses conquêtes et ses nuits enflammées le samedi soir , eux par contre ne vont pas me manquer. Nous resteront en contact et je n’hésiterais pas à faire appel à lui dans le milieu professionnel , c'est cela même l'essence des voyages étudiant. C'est la tête pleine de prière et les yeux grands ouverts contemplant une dernière fois avant longtemps ma chère France que mon avion prend son envole .
Durant le voyage , je ne fais que penser à Freddy et à ma famille. Mon père et ma mère me manquent beaucoup. Quand à ma grand-mère , elle me manque aussi mais je suis très déçu de son comportement pendant mon absence et je compte le lui faire savoir . Elle prend plaisir à rabaisser Freddy et n'a aucun respect pour Angedo même après sa mort . Freddy m'a aussi parlé de la scène qu’a fait Yaye pendant mon absence et cela a poussé ma réflexion. Je crois que Yaye et Angedo ont un passé commun dont personne d'autre dans la famille n'est au courant à part ma mère. Ce n'es pas la première fois que j'entends maman et Yaye faire des messes basses à propos de la mère de Freddy et d'un certain secret . Le soir avant mon départ , j'ai cru entendre de la bouche de Yaye que j'avais une sœur quelque part mais je crois que j'ai mal compris . J'ai toujours été fils unique et ma mère n'a plus jamais été enceinte après moi , si j'avais une sœur, elle ne pourrait être issue que d'un scénario rocambolesque et dramatique . Le genre d'histoire qui n'arrive que dans les films. Freddy m'a également fait savoir que ma grand-mère a dit ne pas vouloir qu'elle me vole et ça ce n'est pas très étonnant. Je sais déjà qu'elle sera la première et sûrement la seule à s'opposer à mon union avec Freddy . Une chose est sûre , Angedo connaissait les raisons de Yaye de les détester et a dû tout écrire à Freddy sur la feuille de papier que Fatma m'a remis . Je n'ai pas encore eu l'occasion de la lui remettre car j'avais peur de tout ce que ça pourrait faire remonter comme émotion . Mais j'ai l'intention de le faire dans cette semaine car la rentrée approche et l'université ce n'est plus du jeu . Freddy et moi , devons nous concentrer et je préférerais écarter toute distraction et bouleversement durant l'année scolaire.
Le reste du trajet , je le passe à regarder des films romantiques sur ma tablette et je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer avec Freddy . Et dire que nous avons grandi ensemble et nous nous connaissons depuis toujours , je n'y avait jamais même pensé. Je pense que les sentiments je les avais déjà depuis Abidjan mais je ne savais juste pas mettre des mots dessus . Mais voyager , prendre de l'air , oublier la routine et surtout rencontrer d'autres jeunes de mon âge visiblement beaucoup plus expérimentés que moi dans ce domaine là, m'ont permis de nommer ce que je ressens. Et maintenant, je sais que ce que je veux , c'est Freddy, elle et rien qu'elle, ni Joanna , ni Andréa et encore moins Louve qui adore s'endormir dans mes bras . Andréa est une française de France . Elle est typiquement française même si ce n'est pas au point de se présenter avec béret et baguettes comme l'aurait cru Freddy. Elle est belle comme un rayon de soleil , tout aussi attachante qu'un caniche et cuisine comme un chef vu quelle est en école de cuisine . Mais ce n'est pas Freddy . Contrairement à ce qu'auraient pu croire mes amis , je n'était pas fière d'apprendre ses sentiments pour moi et ce n'était pas un plaisir pour moi de lui dire non . Je l'ai fait parceque je le devais et parceque je ne voulais pas la faire espérer. Elle avait tous les atouts mais nous n'avions pas grandi dans le même monde et pour moi , il était hors de question d'épouser une fille qui ne croyait pas en Dieu et chez qui l’impudicité n'a rien d’immoral . Voyager m’a aussi permis de me rendre compte de la chance que j'ai d'avoir grandi dans une famille pieuse et qui prône les valeurs morales . En France , à mon âge on a des milliers d’ex et ce n'est rien d'embrasser ou même coucher le premier soir . C'est tout le contraire de moi et ça me va bien comme ça. La diversité, c'est ce qui fait le monde . Tout le monde est différent mais Dieu nous aime tous au point de nous laisser une chance de plus chaque jour de s'améliorer et de réparer certaines erreurs . Et moi je compte plus que tout pour les derniers jours des vacances réparer toutes les erreurs et injustices que j'ai commises depuis toujours et donner à Freddy la place qu'elle mérite dans ma vie . Rien que d'y penser , mes mains sont moites et mon cœur se serre. À mon arrivée, je ne suis pas sûr de la voir venir me chercher parceque ce sera sûrement un moment en famille avec ma mère et mon père . Mais dès que j'arrive à la maison , je compte courir dans sa chambre la voir . Mais avec tous les escales prévus, je pense que j'arriverai tard à la maison mais connaissant Freddy, elle est grave capable de m'attendre . Durant tout le trajet , je regarde les nuages et les nombreux paysages que je rêverais de visiter un jour avec elle bien sûr . Je ne ferme pas un œil du début jusqu'à la fin parceque depuis ma plus tendre enfance , je suis épris d'une grande instabilité en avion et je ne dors jamais. Certes je suis épuisée lorsque l'avion attérie et je fais tout avec nonchalance mais l'envie de rentrer à la maison est au dessus tout . Ça me peine un peu , quand au lieu de voir ma famille et Freddy venir me chercher à l’aéroport, c'est le chauffeur tout seul qui se pointe . Ce n'est pas très étonnant venant de leur part et même ça entre dans la normale avec eux. Mon père et ma mère ont toujours choisi leur travail à une belle vie de famille comme je l'ai tant de fois souhaité. Les voyages , les meetings urgents , les réunions tardives ont fait de moi aujourd'hui ce que je suis . Un garçon qui s'est endormi en larmes plus d’une fois . Et la seule chose , l’unique chose que j’ai toujours jalousé à mon amie , c'était sa relation avec sa mère. Elles étaient peut-être moins riche que nous mais elles au moins , elles savaient vraiment ce qu'était une famille. À deux , elles étaient bien mieux et bien plus soudées que nous à plusieurs . J'ai grandi avec Freddy et sa mère et j'avoue que je préférais la chaleur et la convivialité de leur petit appartement que la grandeur et surtout la froideur de ma maison à moi . Ma grand-mère a toujours vécue sa vie toute seule dans sa chambre à prier le seigneur à longueur de journées et mes parents sont de sombres idiots tout sauf amoureux . C'est triste . Le chauffeur , monsieur Démeives posté en face de moi me regarde avec compassion à croire qu'il peut comprendre ce que je ressens . Peut-être oui ou peut-être non . Bien vrai, qu’ayant grandi en Espagne, ce monsieur est toujours à l'ouest et s’est fait passé plus d'une fois pour un imbécile mais au fond , il n'a pas l'air si crétin que ça et il a du cœur. Comme je n'aime pas laisser paraître mes émotions , je lui parle à peine et passe tout le temps les yeux rivés sur mon smartphone jusqu'à ce que nous arrivons à la maison aux environs de 23 heures . Il se fait tard et la fatigue me donne même l'envie de m'endormir là sur le siège passager de l'une des nombreuses voitures de monsieur Thiam . Mais quand je pense au confort de mon lit deux places , des draps propres que Fatma a dû mettre à la demande de Freddy, à l'odeur de ma chambre et de mes affaires , je dis tout de suite non . Non et non . Comme tout le monde dort , je remonte tout seul mes valises jusqu'à l'étage dans le plus grand silence possible. Je n'aimerait réveiller personne. Je ne suis pas fâchée mais je ne veux pas non plus les voir et assister à leur conneries . L'amour ne se trouve pas dans les grandes scènes que fait ma grand-mère ou des les bisous incessants que fait ma mère mais dans les actes . Et ce soir , c'était de ça dont j'avais besoin , d'actes et non de sottises . J’entasse ma dernière valise sur les autres dans ma penderie et je me jette presqu’en un plongeon dans mon lit . C'est comme si mes draps me souhaitent la bienvenue à leur façon et le confort, la climatisation et mes oreillers ... C'est si bon d'être à la maison.
Mes yeux s'ouvrent beaucoup plus tard dans la nuit. Le soleil ne s'est pas encore levé et lorsque je regarde par la fenêtre, nous sommes encore dans le dernier quart de la nuit . Dès que je me lève, ma première pensée est Freddy. Je ne l'ai pas encore vu et elle me manque. En dehors du fait qu'elle commence à m'attirer en tant que femme , j’ai besoin de mon amie . Nous avons été séparés qu'une seule fois dans notre vie et c’etait comme si Freddy ne l'avait pas supporté . Je me souviens encore comme si c'était hier. Angedo apeurée , Freddy brûlante de fièvre et Fatma toute mal à l'aise car elle venait à peine d'arriver. Freddy ce soir là était atteinte de la malaria et je suis rentrée immédiatement de chez mes cousins dès que j'ai appris la nouvelle. J'étais tellement inquiet , j'avais entendu que cette maladie tuait et je ne voulais pas la perdre . C'était la sœur que j'avais voulue , aimée et chérie depuis toujours et pour moi la perdre serait me perdre moi-même . Je ne voulais pas la quitter une seule seconde et donc pour la première fois , Angedo et moi avions passé la nuit à ses côtés . J'étais sur le lit avec Freddy et Angedo sur un matelas juste à côté de nous . Nous n'avons tous les deux pas dormi une seule seconde cette nuit ci sauf quelques heures vers le matin mais contre toute attente , c'est Freddy elle-même qui nous a réveillés . Elle était bien mieux qu'à la veille et avait l'air d'aller mieux. Elle nous a ensuite virés tous les deux de sa chambre car elle avait transpiré toute sa maladie sur le lit . Le linge, et sûrement le matelas lui-même étaient imbibés de sueur de Freddy et mademoiselle était la plus gênée de la terre . C'était plutôt drôle , à mon avis . Nous avions 12 ans . Aujourd'hui, je suis celui qui la connaît le plus et vice-versa et loin de moi l'intention de prouver que l'amitié fille garçon n'existe pas . Je n'oublierais jamais tous les moments que nous avions passés en tant qu’amis et je ne cesserai jamais de la vie de la respecter et de l’estimer au plus haut point . Mais cette fille à quelques choses de plus , un petit truc que les autres filles n'ont pas et peu importe si elle ne partage pas mes sentiments, ce sera toujours ma Freddy, ma meilleure amie . En tant que garçon et même homme , il est possible d'avoir une meilleure amie du sexe opposé , je l'ai toujours cru , mais moi , je suis un soldat à terre. Piqué comme jamais par mes sentiments pour cette fille , je me retrouve à faire les cents pas en pleine nuit dans ma chambre . Je décide alors de passer tôt ce matin déposer ses cadeaux sur sa table de chevet . En les voyant , elle sera informée de mon retour et cherchera à ce qu'on se voit. Après avoir fourré un petit paquet de chocolat dans ma poche, je me dirige donc dans la plus grande discrétion avec tous les cadeaux dans sa chambre . Le plus dur était de ne pas attirer l’attention avec tous ses bruits d'emballage mais ça passe crème . Quand je pousse la porte de sa chambre avec mon coude car mes mains sont chargées , je retrouve une Freddy profondément endormie. Je dépose doucement les paquets au sol mais avant de quitter la pièce, je m'assois à son chevet et l'observe quelques instants en angloutissant mon chocolat . Je porte un haut noir près du corps et un pantalon en dénim de la même couleur , avec une gouelle qu'elle m'a elle même acheté à mon dernier anniversaire . Ma touffe est bien coiffée et même mieux qu'à l’accoutumé . Quand à elle , ses bras et tout son corps d'ailleurs étaient si bien engloutis dans ses draps arc-en-ciel qu'on voyait à peine les colles de son pyjama. Ses longs cheveux noirs étaient rattachés en un chignon et je la trouvais plus belle dans sa simplicité que n'importe quelle autre fille avec un maquillage full face . Je la fixe quelques minutes avec l'envie plus que présente de rester avec elle cette nuit au moins jusqu'au matin pour faciliter les retrouvailles . Mais je me souviens que ce n'est pas notre lit conjugale et Freddy n'est pas ma femme. Et si quelqu'un nous surprenait ? Son image serait entachée à jamais et mes parents nous auraient tués . Je ne veux pas qu'on pense que Freddy est une fille aux meurses légères qui se laisse dévergonder par le premier venu et franchement elle même m'aurait arraché les yeux avant que mes parents ne puissent le faire. Je fini donc par ressortir plus que triste de sa chambre mais impatient pour le lendemain . Pas excité pour le bal des hypocrites qui allait se tenir mais plutôt par le fait d'imaginer sa réaction à son réveil ce matin . Je compte aussi lui organiser un petit picnic sur la véranda près de ma chambre demain vers 16 heures . Je la ferai venir sans que ma grand-mère ne puisse la voir et nous passerions un magnifique après-midi ensemble . Je crois même que ce serait l'occasion de sortir le grand jeu et de lui avouer mes sentiments . Je lui écris donc un petit message une fois dans ma chambre pour l'en informer et je m'endors paisiblement pour me lever à 11 heures . À cette heure ci , mon père a pris la route pour le bureau déjà depuis bien longtemps et c'est ma mère et ma grand-mère qui me réveillent . J'étais tellement épuisé à leur entrée dans ma chambre que à première vue je n’ai pas vu Yaye mais la vieille dame que je croisais chaque matin sur mon balcon en France. C’est tellement impossible que je me gratte les yeux et m’etire les muscles avant de me lever . Je les embrasse toutes les deux respectivement sur la joue et sur le front et nous discutons assis ma mère et moi sur mon lit et Yaye tout près dans son fauteuil. Je leur raconte les plus droles de mes aventures en France en prenant soin de peser mes mots car aucune d'elles deux n'a été en correspondance avec moi tout ce temps . Nous discutons et rions jusqu'à midi où Fatma nous ramène à manger sur la fameuse véranda à côté de ma chambre. Je ne voulais tellement pas gâcher ce moment que je finis par ne même pas mentionner la dispute de Yaye avec Freddy. C'est tellement rares ces moments, je choisis d'en profiter pour cette fois-ci et Freddy l'aurait compris . Quand ma mère et ma grand-mère me laissent finalement tout seul et repartent vaquer à leurs occupations , je prends une douche rapide et commande en ligne tout le nécessaire pour mon picnic . Freddy a accepté de venir me voir dans l'après midi et je me dois d'assurer. Je range, nettoie et déplace même les meubles de la petite pièce. Je finis vers 15 heures par les crêpes, les sushis , les bonbons de toutes sortes , les chips , les brownies, les gauffres et j'en passe que je place harmonieusement sur un tapis avant de passer la prendre dans la maison d'à côté . Lorsque j'arrive, elle m'attend déjà devant chez elle , vêtue d'une robe courte pourpre à fleurs rose et d'un petit sac à main noir en peluche . Ses lèvres brillent car elle a mis du gloss et j'avoue que ça lui va super . Dès qu'elle me voit , c'est comme si elle avait perdu le contrôle de ses mouvements. Elle me saute dessus et pause les deux bras autours de mon cou m'obligeant à courber un peu le dos . Je réponds à son câlin en posant délicatement mes mains sur sa taille avant de mettre en pratique toute la musculation que j'avais fait à Paris . J'exerce une petite pression pour la rapprocher de moi et la faire tourner dans tous les sens . Nous rions tous les deux comme si nous n'allions plus jamais le faire après puis je la repose au sol en lui présentant la fleur que je lui ai apporté .
- Abdel ! Tu m'as manqué !
- Ma Freddy !!! Toujours aussi ravissante. J'ai tellement à te raconter, c'est toi qui m'a le plus manqué.
- Oooh , je suis flattée mais ne dis pas ça. C'est ta famille quand même ! En parlant de ça tu as vu ton père ? Tu dois grave lui manquer .
Mon sourire s'efface soudainement.
- Je ne crois pas non . Je n'ai eu ni visite , ni appel, ni même message de sa part.
- Je suis sûre qu'il doit être beaucoup occupé à son travail ... Dit elle comme pour me rassurer . Je sens l’empathie dans son regard et je préfère ne pas y penser . À cette heure ci , ma grand-mère fait ses prières dans sa chambre et n'a aucune chance de croiser Freddy dans la maison . Je la tiens donc par la main droite , son petit sac dans l'autre et nous entrons main dans la main dans la maison . Lorsque je pousse la porte du petit espace, elle est émerveillée au point de pousser un soupir de surprise . Elle ne s'attendait pas du tout à cela et cette pièce est tellement différente de la pièce qu'elle a nettoyé et renetoyé tant de fois dans sa vie . Tout ça pour elle, c’est nouveau de ma part et je crois qu'elle commence à sentir que voyager m'a fait changer .
Nous nous asseyons sur la nappe et passons toute la soirée ensemble à manger à discuter et à faire des activités enfantines . Par exemple, et c'est de loin mon préféré, la personnalisation de tee-shirt . C'est une idée que j'avais vu sur internet une fois et qui a captivé mon attention. Pour ce faire, j'ai commandé un tee-shirt et un top tous les deux blancs et le but est de décorer avec de la peinture le vêtement de l'autre . Le mien était bien mais celui de Freddy était tout sauf beau , voire abominable. Elle a fait du n'importe quoi et nous nous sommes moqués tous les deux . En plus madame a eu la superbe idée de me salir mon nouveau pull blanc et même mon visage pour se venger de moi . Ça a fini en bataille de peinture mais j'ai tout fait pour ne pas salir sa jolie robe . C'était bien . Plus tard dans la soirée , j’ai remonté la bâche de la terrasse et nous sommes restés allongés tous les deux à contempler le ciel et le soleil se coucher . C'est un moment magique que je n'oublierais jamais mais je crois qu'il est temps de passer à l'action. Tout se passe bien et nous avons le temps , je dois dire la vérité à Freddy. Plus tôt on le fait , mieux ce sera . J'espère qu'elle acceptera mais si elle refuse , j'espère juste avoir la force d'accepter sa décision.
- Freddy assieds toi s'il te plaît ... ai-je commencé .
Elle obéis instantanément et le fait de savoir que ce moment se rapproche me fait flipper . Mon cœur bat tellement vite qu'elle l’entend elle aussi et me demande :
- Aby , il y a quoi ? Quelques chose ne va pas ? Ton cœur bat vite ...
Je l'observe un temps puis finit par lâcher : "tu veux un chocolat ?" . Je ne sais même pas d'où cela sort mais c'est assez drôle pour nous faire rire tous les deux et détendre l’atmosphère . Nous nous recouchons à nouveau sur le sol . Elle est près de moi , la lumière du coucher de soleil se reflète sur son visage , Freddy est divinement belle . Je ne sais pas quoi faire et comment me débrouiller pour y arriver mais il faut que je le fasse , je dois dire à Freddy que je l'aime. Je la fixe mais c'est comme si ma langue est nouée, tout est parfait dans ma tête mais rien ne sort . Soudain, Freddy rapproche sa tête de la mienne et .... non je rigole, je ne lui est encore rien dit . Il faut que j'y aille . Mon cœur bat , ma température est montée dix fois plus que la normale , j'avale ma salive.
- Thiam Abdel , why are you looking at me like that ? Dit elle d'un accent anglais éclaté au sol exprès pour me faire rire .
- Wouh tu vas te blesser ! , je rétorque machinalement pendant que mes yeux la scrutent de haut en bas . Ses beaux yeux marrons , ses lèvres roses , son teint noir ébène , sa robe remontée m'offrant un petit aperçu de ses cuisses nues . Je fini par lâcher que : " ma meilleure amie est belle , c'est tout " . Ça la fait rire et nous nous allongeons encore une fois sur le dos . Ses cheveux naturels sont tellement longs qu'ils dépassent du morceau de tissu et touchent les carreaux , ses doigts tâtent l'espace à sa droite à la recherche du bol de raisins à ma droite qu'elle finit par me réclamer . Je me lève légèrement et ne tiens plus que sur mes coudes , puis je prends un raisin de ma main droite mais au lieu de le mettre dans sa bouche , je la lance vers le haut pour qu'il tombe directement dans la mienne .
- T’es sérieux là ? Dit elle après m’avoir regardé de travers .
J'en prends donc un deuxième le sourire aux lèvres et j'essaie encore de jouer avec ses nerfs quand elle me l'arrache des mains pour le mettre dans sa bouche. Mais au lieu de rigoler bêtement comme à tout depuis ce matin , mes yeux noirs se plongent dans les siens marrons . Le raisin m'attire mais pas que lui . Ses yeux brillent comme jamais avant et le calme règne dans la pièce. Le vent souffle doucereusement dans mes cheveux et je sens le parfum léger de mon champoing melé à un soupçon de sueur se libérer dans la pièce . Freddy est couchée sur le dos et je suis accoudé juste au dessus d'elle , son visage entre mes avant-bras . Mon visage se rapproche du sien et le temps semble s'être arrêté en ce début de soirée à Abidjan . Mes lèvres sont à deux centimètres des siennes roses. J’entrouve presque sans savoir pourquoi mes lèvres et ma langue se redresse dans ma bouche comme délivrée d'un profond sommeil. Soudain mon nez effleure celui de Freddy et le caresse avec fragilité et faiblesse , et par la suite ma langue aidée de mes lèvres lui retirent le fruit de la bouche sans manquer de caresser ses lèvres . Je croque dans le fruit et le jus se dispersse par tous les chemins possible de ma bouche jusqu'à arriver dans ma gorge. C'est comme si , le fruit avait meilleur goût . Ce qui se passe ici est tout sauf habituel et je ne sais pas comment la fille en face de moi le prend . L’ai je blessée ou mise mal à l'aise ? Je souhaite que non en tout cas . Au moment où je m'apprête à m'éloigner un peu , je sens la main de Freddy se lever et se poser sur ma joue .
- Abdel ... , dit elle d'une voix presqu’inaudible.
- Freddy ... répondis-je sur le même ton .
Là tout de suite , je n'avais qu'une seule envie, c'était de suivre mon cœur qui battait si fort qu'on pourrait croire qu'il sortirait rejoindre celui de Frédérika . Ce soir particulièrement, je sentais ses mains plus chaudes et j'avais la faible intuition encrée au fond de moi , que ce soir Frédérika, ma meilleure amie depuis des années , celle que j'ai longtemps considéré comme ma sœur avait autant envie de m'embrasser que moi j'en avais envie . Et puis merde , qui ne tente rien n'a rien . Je pose ma tête sur la sienne, son front accolé au mien , ses yeux perdus dans les miens puis enfin mes lèvres sur les siennes , son brillant à lèvres sentant les agrumes . Il eu un smack léger dont le son pourtant avait retentit dans toute la pièce puis un chemin commençait à se frayer entre ses lèvres pour laisser passer ma langue lorsque ...- Que se passe t il ici ?
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Scandale Au Manoir
Teen FictionAbdel et Frédérika, deux adolescents issus de milieux sociaux opposés, vivent dans la même résidence depuis leur enfance. Abdel est le fils des riches patrons, tandis que Frédérika est la fille de la ménagère. Malgré leur différence de statut, une p...