Chapitre 3

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Abdel

Ça fait bientôt un mois que Freddy n'a prononcé aucun mot . Son sourire s'est éteint, sa faim aussi. Elle ne sourit plus, mange à peine, et évite toute compagnie. Elle ne pleure même pas. Freddy et sa mère étaient très proches , elles étaient tout l'une pour l'autre. Maintenant, elle est seule. J'espère qu'elle ira mieux demain . Demain, les résultats du bac seront annoncés, mais je m'inquiète pour elle. Pendant les derniers jours d'épreuves, elle n'était plus elle-même. J'espère que nous avons tous deux réussi, je prie chaque jour pour cela. Je frappe à la porte de Freddy, plateau-repas à la main, mais elle reste immobile, fixant le mur. Je lui répète d'être prête pour demain, dépose son dîner sur la table et m'éclipse. La voir ainsi me déchire et je ne sais pas comment l'aider à aller mieux . Qui prendra soin d'elle maintenant ? Fatma, même si elle le voulait, est analphabète et ne gagne pas assez, en plus d'être plutôt jeune. La nuit passe très lentement, et je ne ferme pas l'œil. Les résultats sortent à 14h, mais je suis debout depuis le matin. Je fais de petites activités comme le sport et je joue aux jeux vidéo pour passer le temps jusqu'à 13h. Je dois y aller avec Freddy, et mes parents nous rejoindront plus tard. Aujourd'hui, Freddy sort de sa chambre toute seule. Elle n'a rien avalé depuis ce matin. Elle arbore une tenue que je n'avais jamais vue sur elle. Elle s'est fait des twists qu'elle a rassemblés en chignon sur sa tête. Sa chemise est blanche, et son pantalon noir. Elle porte aussi un sac noir en bandoulière qu'elle place sur son épaule. Je ne l'avais jamais vue aussi rayonnante. Freddy est si belle dans sa simplicité. Le chauffeur nous dépose devant mon centre d'examen, où nous regardons d'abord mes résultats.
Freddy m'attend devant pendant que moi j’entre dans la salle. Mon cœur bat comme jamais et pour la première fois de ma vie mes mains tremblent . Je signe d'abord avant de prendre ma collante . Mon cœur fait un bond lorsque je lis "admis" sur le papier de couleur jaune pâle . Je souris à Freddy, qui me le rend pour la première fois depuis longtemps.
- Félicitations ! Dit elle comme pour me montrer qu'elle est très fière de moi .
Je la prend dans mes bras et elle me tapote légèrement le dos . Ça fesait longtemps que je n'avais pas entendu sa voix et longtemps qu'elle n'avait pas réagi.  Je suis le plus heureux au monde aujourd'hui.
Nous nous dirigeons à son centre qui n'est pas très loin à pieds . Je l'attends à la porte de sa salle en prévenant le chauffeur de retourner à la maison car mes parents sont en route . Freddy reviens l'air vide , ni triste , ni heureux. Elle s'approche de moi et me demande d'y aller. Je comprends alors que ça n'a pas marché pour elle. Une si brillante élève, elle est même meilleure que moi . Je ne comprends pas ce qui n'a pas fonctionné . Mes parents arrivent et je marche vers eux pour les accueillir en leur annonçant la mauvaise nouvelle. Mon père va vers elle et la prends dans ses bras avant de nous déposer à la maison. Ma mère ne dit presque rien de tout le trajet. Arrivée dans sa chambre, elle s’assoit sur le lit . Je me mets à côté d’elle et nous nous fixons un instant. Puis elle éclate doucement en sanglots . Ses yeux deviennent très vite rouges et sa bouche s'ouvre :
- Je suis bachelière Abdel , et maman n'es pas là pour voir ça.
Mes oreilles n'en reviennent même pas . Elle a validé son année ?
- Freddy je suis fière de toi - je prend ses mains dans les miennes - je croyais que tu avais échoué.
- J'ai le bac mais je suis toute seule à présent. Qui va payer mes cours ? Qui va me nourrir ? Où est ce que je vivrai si maman ne travaille plus ici ? Ta vie à toi continue mais la mienne s'est arrêté depuis sa mort .
Je la comprends et elle a tout à fait raison , ce sera difficile pour elle. Je l'aiderait et je ne la laisserais jamais à la rue quitte à blesser ma grand-mère. En effet Yaye déteste tantie Angedo et Freddy depuis toujours pour je ne sais quelle raison . C'est comme si , leur présence la dérangeait . Alors qu'ils vivent dans leur coin et ne font rien pour la contrarier . Elle m'adore moi mais je déteste quand elle les couvre d'injures à longueur de journée , papa aussi n'aime pas ça. La dernière fois , j'ai surpris Yaye et maman parler de comment elles feraient partir Freddy et sa mère d'ici. J'étais abasourdi, je suis sortie en quatrième vitesse du salon et j'ai même failli tomber lorsque j'ai raté l’une des marches de l’entrée .
Pourquoi Yaye et maman aimeraient mettre Freddy et Angedo à la porte ?
Je regarde Freddy dans les yeux et la rassure :
- Tu n'es pas qu'une amie pour moi , tu es ma meilleure amie . Tu fais partie de la famille et tu n'iras nul part .
Elle essuie de sa main gauche une larme sur sa joue . Je reprends :
- Papa t'a toujours considéré comme sa fille et rien ne va changer. Nous allons tous les deux continuer les études et réussir. On dois rendre ta mère fière de nous . Si elle est partie, c'est que tu peux t'en sortir sans elle Freddy ...
Elle ne dis rien. Elle s'allonge sur le lit et pose sa tête sur mes cuisses. Je lui fais un massage comme sa mère aimait bien lui faire jusqu'à ce qu’elle s'endorme paisiblement. Ses longs cils mis en valeur .
Je sors doucement de sa chambre et ferme la porte . Je croise Fatma dans la cuisine qui me demande comment va Freddy et est ravie d'entendre qu'elle a réagit. Elle se racle la gorge et me tend un papier :
- Angedo m’a laissé ceci avant d'aller à l’hôpital. Je ne sais pas lire alors je préfère te donner.
Je prends le papier et remarque devant elle que ce sont des identifiants de comptes en banque et une lettre pour Freddy que je décide de ne pas lire . Je remercie Fatma pour tout parcequ’elle a vraiment été gentille depuis le début et sans rien demander . Nous avons tous besoin d'une Fatma dans nos vies. Quelqu'un sur qui on peut compter et qui nous aide dans toutes les situations. Elle a tout encaissé toute seule et sans jamais se plaindre . Je m’assurerais que ce soit elle qui récupère le poste d’Angedo au moins pour la remercier. Je verrai aussi mon père ce soir pour la situation de Freddy. Elle a raison de s'inquiéter et il faut que mon père au moins la rassure. J'entre dans le bureau de Papa et je le trouve debout en face de la baie vitrée. Il porte une chemise bleu nuit à manches longues descendant jusqu'à mis-cuisses dont le haut laisse entrevoir un tissu rouge. Son pantalon est de la même couleur et ses chaussures sont en cuire noir . C’est  une tenue traditionnelle avec une touche formelle . Il se retourne lorsque j'entre et retire ses mains de ses poches . Je m'assois sur le fauteuil en face de son bureau et lui dis :
- Papa , on doit aider Freddy ...
- Je sais mon fils, je m'engage d'ailleurs à la scolariser de l'année prochaine jusqu'à ce qu’elle finisse complètement ses études. Elle sera nourri et recevra la moitié de ce que sa mère gagnait . Fatma si elle accepte prendra le poste de Angedo avec l'aide d'une nouvelle fille de ménage. C'est bon ?
Je suis très étonné de la réaction de papa. Je ne m'en doutais pas du tout et je croyais surtout qu'il n'y avait même pas pensé. Pour moi , je viendrai le convaincre.
- Papa ...
- N’en parles surtout pas à ta grand-mère et à ta mère okay ? C'est entre nous .
Il me fait un clin d'œil complice et je lui souris.
- Je voulais te dire aussi , Freddy a validé son année. Elle n'a pas échoué.
- Ah bon ? dit il visiblement étonné.
- Oui papa , elle était juste triste que sa mère ne soit pas là avec elle en ce jour si spécial.
- Wahou , félicitations à tous les deux . Vous êtes mes champions . Tope là mon fils !
Je me mets sur la pointe des pieds pour pouvoir atteindre ses mains. Mon père est un homme très grand . Je lui tape fort dans les mains et nous rigolons tous les deux de l'effort que j'ai dû faire pour atteindre ses mains .
- Alors vous avez décidé de quelles filières vous ferez ? Les places dans les meilleures établissements se vendent comme de petits pains. Il faut être rapide .
- Pour moi , ce sera sciences politiques papa et Freddy médecine si je ne me trompe pas .
- D'accord , la semaine prochaine on fera une réunion tous les trois au restaurant pour fêter votre réussite et discuter des éventuelles opportunités.
- D'accord papa , merci . Moi je pars me coucher .
- Repose toi bien.
Je sors tout content du bureau de mon père. Sur le chemin de ma chambre, une question très intriguante me trotte .
Pourquoi maman et Yaye ne doivent rien savoir de l'aide que papa offre à Freddy ? C'est une bonne chose pourtant . Yaye c'est sûrement parce qu'elle déteste Freddy et Angedo mais pourquoi maman ne doit rien savoir ? Tout cela m'amène à me demander aussi, pourquoi Yaye les déteste autant ? Ont-elles un passé commun ? Si oui papa est sûrement au courant. Et maintenant que j'y pense, Angedo essayait de me dire quelque chose avant de mourir. Je n'ai pas capté grand chose mais j'ai cru entendre "ta sœur" . Je n'ai jamais eu de sœur pourtant, elle délirait sûrement dans ses derniers instants. Elle a aussi parlé d’un "secret" . Peut-être bien que le secret dont elle voulait me parler est lié à Yaye . Je suis bien décidé à démêler tout ça . En attendant, nous avons tous besoin de repos, moi particulièrement. J'ai veillé la nuit précédente et maintenant mes yeux tournent presque. Fatma a fait le ménage dans ma chambre aujourd'hui et tout est tellement propre que je retire tout de suite mes chaussures que je fourre sous le meuble de l'entrée . Je m’assieds un instant sur le fauteuil blanc immaculé et je fais une prière au seigneur pour la journée. Il ne s'est rien passé de mal aujourd'hui et c'est grâce à lui . Je ne cesserai jamais de le louer . Après cette courte mais significative discussion avec Dieu , je m'allonge sur le lit et m'endors paisiblement dans mes draps propres .
Le lendemain matin , j'ouvre les yeux lentement. Le soleil frappe si fort par la fenêtre qu'il me brûle les yeux , un peu habitués à l'obscurité du sommeil . Je me roule délicatement dans mon lit que je n'ai pas envie de quitter et ma main droite frotte doucement mes yeux . Je me lève et marche jusqu'à la fenêtre pour regarder les oiseaux chanter . Le ciel est beau ce matin , il est presqu’entièrement bleu et le soleil est déjà sorti . Je demande à mon intelligence artificielle quelle heure il est et je sursaute lorsque j'entends qu'il est midi passé. J’ai vraiment beaucoup dormi . Même malgré ça, j'ai encore envie de me recoucher. Je prends mon téléphone et je vois 6 appels en absence et beaucoup de messages non lus . Je ne passe pas beaucoup de temps sur mon téléphone alors , j'ai toujours une tonne de messages en ligne non lus . Ça c'est normal. Les appels par contre viennent de Emmanuel et de Joanna. Cette fille m'agace, elle est collée à moi comme une huître. Je fais semblant de ne pas savoir que je lui plaît pour qu'elle me fiche la paix . Elle me fait carrément du rentre dedans devant tout le monde et je sens la gêne de Freddy. Elle croit même que je plaît à Freddy aussi et que ça la tuerait de nous voir ensemble. Freddy n'es pas du tout comme ça, elle gère depuis toujours très bien ses émotions. D'ailleurs en quinze années d'amitiés, je n'ai jamais su déceler si elle aimait quelqu'un. On ne parlait jamais de ce genre de choses elle et moi parce qu'elle disait que ça la mettait mal à l'aise. Maintenant nous avons grandi, et Freddy est de plus en plus belle. Elle ne laisse pas les garçons et même les hommes plus âgés indifférents . Celui avec qui elle finira ses jours aura beaucoup de chances et j'ose espérer être témoin de leur bonheur . Par contre , je n’hesiterai pas une seule seconde à cogner le premier qui lui fera du mal. Nous avons grandi ensemble et c'est grâce à elle que j'ai grandi moins seul dans cette grande maison. Je me souviens encore du premier jour où je l'ai rencontré . Nous étions en septembre 2013 et l'année scolaire venait de commencer. Il était 22h par là et papa avait ramené une jeune dame et une fillette de mon âge à la maison. Ma grand-mère était contente de la bonne action de papa mais s'est énervée lorsqu'elle a vu le visage de la dame . Elle s'est mise a les insulter dans notre langue , le wolof et en dioula aussi. Je ne comprenais rien de ce qu'elle disait car je ne parlais que le français à ce moment là . La dame et sa fille pleuraient à chaudes larmes et se tenaient la main . La fille a laissé la main de sa maman et a attrapé le pantalon de ma mère lorsque Yaye a giflé très fort sa maman. Ma mère a poussé la petite car elle ne voulait pas qu’elle la salisse . C’est ce jour que j'ai compris que maman et Yaye étaient très méchantes quand elles le voulaient. Cette femme c'était Angedo et cette fille, c'était Frédérika. Elle me l'a dit le lendemain quand nous nous sommes croisés dans le jardin. Je pleurait parce que je venais d'être puni par mon père à cause de ma mauvaise note en mathématiques. J'avais raté mon évaluation et la maîtresse l'avait dit à mes parents. Papa m’avait donc confisqué ma tablette jusqu'à ce que mes notes s'améliorent. J'étais fâché contre la terre entière ce jour-là parceque je croyais que mon père ne voulait plus que j'ai ma tablette. Pour moi , les maths étaient tellement difficiles que je n'allait jamais arriver à avoir une bonne note dans cette matière. Je pouvais dire adieu à ma tablette. Je marchais dans l’herbe verte quand je l'ai aperçu courir et jouer toute seule . Elle portait une vieille et longue robe blanche à fleur dont les manches lui arrivaient au coude . Je pensais dans ma tête que cette robe était très moche lorsque la fillette s'est arrêtée pour me faire un signe de la main. Je lui ai tout de suite dit en la scrutant de haut en bas :
- Yaye ne t'a pas mis dehors toi ?
- la vielle femme ? M'a-t-elle demandé pour être sûre.
Je n'ai rien dit car j'étais trop occupé à regarder ses longs cheveux bouclés que le vent ne se gênait pas de frapper fort . Elle a donc ajouté de sa toute petite voix aiguë :
- Si tu parles d'elle oui mais le gentil monsieur qui nous a ramené ici a dit qu'on pouvait rester .
Elle parlait clairement de papa . Ensuite , elle a plissé les yeux avant d’ajouter :
- Au fait, comment tu t'appelle ? Tu veux être mon ami ?
- Sans ma tablette, je vais surement beaucoup m'ennuyer alors oui . Je m'appelle Abdel. Lui ai-je dit tout content d'avoir eu une amie. Elle avait l'air sympa .
- Tu as perdu ta tablette ? Je peux t'aider à la retrouver si tu veux. Je m'appelle Frédérika et moi aussi je veux qu'on soit amis .
- Le gentil monsieur tu voix , n'es pas si gentil que ça. C'est mon père et il a confisqué ma tablette parceque je ne comprends pas les maths . Les maths c'est nul en plus , personne n'aime ça.
- Moi j'aime ça les maths et je peux même t'aider si tu accepte.
C'est ainsi qu'en plus de m'avoir fait aimer les maths et retrouver ma tablette, Frédérika m'a appris ce que c'était d'avoir une amie . J'avoue que c'était très difficile au début avec ma grand-mère qui la détestait et sa mère qui ne m’appreciait pas beaucoup mais notre amitié a surmonté tout ça. Sa maman a appris à me connaître et a même fini par beaucoup m'aimer et ma grand-mère a arrêté de simuler des nausées lorsqu'elle les voyait. Ce n'était pas parfait mais c'était comme ça et on y pouvait rien .
Maintenant nous sommes 10 ans plus-tard et franchement je suis fier de notre parcours. Je ne sais pas d'où papa les a sorti mais ce n’était pas du tout un bon endroit. Freddy avait pour habitude de décrire cet endroit comme un paradis mais ça se voyait que ce n'était pas un lieu adapté pour l’éducation d’un enfant en bas âge . Sa mère a dû plus d'une fois vendre son corps pour les nourrir et toutes les deux ont été battues et sa mère abusée chaque soir par un homme différent. Freddy était beaucoup moins mâture que moi à cet âge là et me racontait tout sans exception et dans les moindres détails . Elle n'utilisait pas les mêmes termes que moi maintenant et expliquait à sa manière . Mais un enfant comme moi qui avait eu trop tôt accès aux réseaux sociaux pouvait comprendre . Je suis content que Freddy n'ai pas duré dans cette précarité . La vie n'es pas du tout rose chez tout le monde comme elle peut le paraître chez moi . C'est la raison pour laquelle je veux faire sciences politiques et relations internationales l'année prochaine, je veux aider ceux qui ne peuvent pas s'aider eux-mêmes. Je veux soutenir les malades , réfugier les animaux errants et les sans-abri et même soigner les fous . Je n'ai jamais connu la précarité et j'en remercie le tout puissant chaque jour , mais j'aimerais beaucoup aider ceux qui vivent quotidiennement dans le désespoir . Beaucoup pensent que j’oublierais toutes mes promesses une fois riche mais moi non . Je n'ai jamais manqué d'argent une seule fois dans ma vie et je pense toujours ainsi, alors je ne crois pas que ça changera un jour . Chaque jour quand je prie , je demande au seigneur de préserver mes valeurs . Même si en ce moment, la majorité de mes prières sont centrées sur Joanna. Je veux qu’elle m'oublie complètement et s’interesse à un autre. Cela me fait rire un instant puis je me dis 5 appels c'est vraiment trop. Je la rappelle quand-même et finis par lui raccrocher au nez parcequ’elle m'appelait seulement pour savoir ce que je pensais de sa proposition. Elle veux m'inviter au bal de fin d'année des terminales et franchement je ne veux pas y aller avec elle . Je comptais ne pas y aller mais comme Freddy va mieux c'est elle que je vais inviter . Joanna est trop facile comme fille, elle se vend à très bas prix et moi je n'aime pas ça. Une femme doit rester digne et se faire désirer.  C'est aux garçons de courtiser les filles et pas l’inverse. Freddy elle, est différente . Elle n’a jamais fait d'avances à qui que ce soit, et celui qui l'aura, l'aura mérité. Ce soir, vers 19 heures, je sortirai pour lui parler de ma discussion avec papa et lui proposer d'aller au bal de promo. Si je veux qu'elle accepte, je dois me faire beau et trouver la meilleure façon de m'y prendre. Je passe des heures à me préparer et à m'entraîner pour lui faire ma proposition.
« Freddy, tu veux... » Non, c'est trop banal. « Freddy, est-ce que... » . Je finis par mettre une chemise blanche et un pantalon noir . Je lui ceuille des marguerites dans le jardin que je rassemble en bouquet. Tant pis , j'irai au feeling . Je remarque une moto noir comme celle d’Emmanuel garée devant chez Freddy mais je l'ignore et cours pour entrer. À cette heure , elle est généralement à la cuisine à faire à manger . À ma grande surprise , ce soir elle est avec Emmanuel. Il est arrêté en face d'elle et de sa grande taille, il lui barre complètement la vue . Il lui tient la main et lui parle doucement en la regardant dans les yeux . Elle lui souris toute émerveillé et ils parlent mais je n'entend rien . Je ferme la porte d'entrée et sors doucement pour ne pas les interrompre . Emmanuel m'a devancé , il lui a fait sa demande. Je me sens mal , je voulais vraiment y aller avec elle. Comment a-t-elle pu lui dire oui à lui alors que moi je suis là. Je leur en veux à tous les deux . Je remonte à ma chambre et dépose les fleurs sur le meuble d'entrée avant de m'asseoir sur le lit . Freddy y va avec lui , je ne vais pas rester là à me morfondre. Moi aussi j'irai avec quelqu'un. Je retire mon i-phone de ma poche et cherche le nom de Joanna , elle au moins , c'est clair qu'elle m'attend toujours.
Le téléphone sonne et elle décroche à la seconde :
- Allô Abdel ! Dit elle en forçant la douceur dans sa voix . Tu vas bien ?
- Oui le réseau s'était coupé . Tu disais ? Ai-je menti .
Je dis ça ainsi parceque je ne veux pas lui demander moi-même. Ce serait un mensonge et je ne mens pas aux filles.
- Ah Abdel , tu n'as rien entendu ? Je disais que ... tu sais ... Le bal de promo...
- Je n'irai pas au bal car je n'ai pas de cavalière... dis je sourire narquois aux lèvres.
- Moi aussi je n'ai pas de cavalier... dit elle entre deux raclements de gorge . On part ensemble alors ? Finit-elle par lancer
- Si tu veux... j'ajoute avec le moins de considération possible.
- Ça marche, on ira ensemble
- oui je passe te prendre samedi vers 17 heures okay ?
Je ne lui laisse même pas le temps de répondre que j'ajoute :
- Je dois y aller, j'ai des trucs à faire. À samedi !
Et je raccroche aussitôt.

Scandale Au ManoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant