Entre les lignes

Chapitre 2 : Le poids du silence

Le lendemain matin, Donna se réveille avec une lourdeur inhabituelle dans la poitrine. La veille, elle avait du mal à s'endormir, perturbée par ses pensées et ses doutes. À côté d'elle, Éric dort encore profondément, son visage détendu, dénué de toute inquiétude. Pour un instant, Donna contemple ce visage qui lui est si familier, se demandant si elle n'est pas en train de s'inquiéter pour rien. Mais l'image d'Éric au café, capturée dans cette photo par Safia, refuse de quitter son esprit.

Donna décide de sortir du lit sans bruit pour ne pas le réveiller. Elle enfile un peignoir et se dirige vers la cuisine. Le manoir est calme, seulement brisé par le chant lointain des oiseaux qui saluent l'aube. Elle allume la machine à café et attend que l'arôme du café fraîchement moulu envahisse l'espace. C'est une routine matinale qu'elle a toujours trouvée apaisante, un moment où elle peut rassembler ses pensées avant de plonger dans le chaos de la journée.

Mais aujourd'hui, cette paix semble insaisissable.

Alors qu'elle porte sa tasse à ses lèvres, elle entend des pas derrière elle. Éric est debout, vêtu de son pantalon de pyjama, ses cheveux en bataille, les yeux encore endormis.

"Tu es déjà debout ?" demande-t-il en bâillant, s'approchant pour lui déposer un baiser sur la joue.

Donna force un sourire. "Je n'arrivais pas à dormir. Alors autant commencer la journée."

Éric se sert à son tour une tasse de café et s'assoit en face d'elle. Ils restent silencieux pendant un moment, simplement appréciant la tranquillité du matin. Mais Donna sait qu'elle ne peut pas laisser passer cette journée sans essayer d'en savoir plus.

"Éric", commence-t-elle prudemment, "Je me demandais... tu es sûr que tout va bien ?"

Il fronce les sourcils, surpris par la question. "Pourquoi tu demandes ça ?"

"Je ne sais pas... je sens juste que... quelque chose ne va pas", répond-elle, cherchant ses mots. "Je veux dire, tu es souvent absent, Safia est étrange... Je me demande si je n'ai pas manqué quelque chose."

Éric la regarde un instant, son expression passant de la surprise à une sorte de compréhension. Il pose sa tasse sur la table et prend ses mains dans les siennes.

"Donna, je sais que tu t'inquiètes facilement, mais je te promets que tout va bien. Je suis juste un peu stressé par le travail, c'est tout. Et pour Safia... elle a peut-être aussi ses propres soucis dont elle ne veut pas parler. Mais ça n'a rien à voir avec nous."

Donna cherche la sincérité dans ses yeux. Tout ce qu'elle voit, c'est de l'assurance et de la douceur. Elle veut croire qu'il dit la vérité, qu'elle s'inquiète pour rien. Mais une petite voix intérieure continue de la tourmenter.

"Si tu le dis", murmure-t-elle en retirant doucement ses mains des siennes.

Éric la regarde un moment, puis il se lève. "Je vais prendre une douche et me préparer pour le travail. Essaie de ne pas trop te faire de soucis, d'accord ?"

Donna hoche la tête, mais les mots de son mari n'ont pas réussi à la rassurer. Elle reste seule à la table, sirotant son café devenu tiède, ses pensées toujours aussi lourdes.

Après qu'Éric soit parti, Donna se plonge dans sa routine quotidienne. Elle a une série de vidéos à tourner pour ses sponsors, des collaborations à finaliser, et un live Instagram prévu pour l'après-midi. Mais malgré son emploi du temps chargé, son esprit ne cesse de revenir à ses doutes.

Elle décide d'envoyer un message à Safia, espérant éclaircir les choses. Elle tape un simple : "On peut se voir aujourd'hui ? J'ai besoin de te parler." Elle hésite un moment avant d'appuyer sur "envoyer".