Entre les lignes

Chapitre 3 : Fractures

Les larmes de Donna ont fini par s'arrêter, laissant place à une sorte de vide, un engourdissement émotionnel qui l'empêche de ressentir la pleine mesure de sa douleur. Elle reste assise dans sa voiture, le regard fixé sur le volant, incapable de penser clairement. Les mots de Safia résonnent encore dans son esprit, mais elle n'arrive pas à accepter la réalité. Cette trahison, si profonde, semble irréelle, comme un cauchemar dont elle espère se réveiller.

Après ce qui lui semble être une éternité, Donna décide qu'elle ne peut pas rester là, figée dans sa douleur. Elle doit rentrer chez elle, faire face à Éric, confronter cette nouvelle réalité. Mais l'idée de le voir, de l'entendre nier ou, pire encore, confirmer ce que Safia vient de lui révéler, la terrifie.

Elle inspire profondément et allume le moteur, ses mains tremblantes sur le volant. Le trajet jusqu'à la maison se fait dans un flou presque irréel. Les rues familières défilent devant elle, mais rien ne semble plus avoir de sens. Chaque pensée est une lame tranchante, chaque souvenir avec Éric devient une blessure béante.

En arrivant chez elle, Donna gare la voiture dans l'allée, mais reste assise un instant, rassemblant son courage. Elle sait qu'Éric est probablement à l'intérieur, peut-être dans son bureau, en train de travailler, inconscient de la tempête qui s'apprête à s'abattre sur leur vie.

Finalement, elle sort de la voiture et marche lentement vers la porte d'entrée. La clé tourne dans la serrure avec un clic qui résonne étrangement dans le silence de la maison. Elle entre, laissant la porte se refermer doucement derrière elle. Le calme qui règne à l'intérieur est presque étouffant.

"Éric ?" appelle-t-elle d'une voix rauque, presque brisée.

Elle entend des bruits de pas venant du couloir, puis Éric apparaît, un sourire fatigué sur le visage. "Hey, tu es déjà rentrée ? Comment s'est passé ton rendez-vous avec Safia ?"

Ces mots, aussi innocents soient-ils, font exploser quelque chose en Donna. Elle se sent envahie par une vague de rage et de douleur qu'elle ne peut plus contenir. Comment ose-t-il prétendre que tout est normal, alors qu'il a trahi leur mariage, leur amour, avec sa meilleure amie ?

"Comment as-tu pu ?" crache-t-elle, sa voix pleine de colère et de larmes retenues. "Comment as-tu pu me faire ça, Éric ?"

Le sourire d'Éric s'efface instantanément, remplacé par une expression de confusion. "De quoi tu parles ?"

Donna le fixe, son regard perçant, cherchant la moindre trace de mensonge. "Safia m'a tout dit. Elle m'a dit ce qui se passe entre vous. Ne fais pas semblant de ne pas savoir."

Éric reste silencieux pendant un moment, son visage se figeant sous le poids des mots de Donna. Elle voit la vérité se refléter dans ses yeux avant même qu'il n'ouvre la bouche. Et cette vérité la détruit.

"Donna..." commence-t-il, sa voix basse, chargée de culpabilité. "Je... Je suis désolé."

Ces simples mots, aussi attendus soient-ils, font l'effet d'une gifle. Ils confirment tout. Ils réduisent en cendres ce qu'il reste de leur relation.

"Depuis combien de temps, Éric ?" demande Donna, sa voix tremblante.

Éric baisse les yeux, incapable de la regarder en face. "Quelques mois", avoue-t-il à contrecœur. "Mais ça n'a jamais été... ce que tu penses. Je n'ai jamais voulu te blesser."

"Ce que je pense ?" répète Donna, incrédule. "Tu m'as trompée avec ma meilleure amie, Éric. Comment as-tu pu ? Comment ai-je pu ne rien voir ?"

Éric essaie de s'approcher, tendant la main pour la toucher, mais Donna recule, refusant tout contact. "Ne me touche pas", dit-elle d'une voix glaciale.