Entre les lignes

Chapitre 4 : Réflexions amères

Donna se réveille le lendemain matin, désorientée, l'esprit embrouillé. Pendant un instant, elle ne se souvient plus de ce qui s'est passé, mais la réalité la rattrape rapidement, frappant son cœur avec une force brutale. La trahison d'Éric et Safia, son départ précipité de chez elle, tout revient en un flot de souvenirs douloureux.

Elle se redresse dans le lit, regardant autour d'elle la chambre d'amis de Lisa. Le soleil matinal filtre à travers les rideaux, illuminant la pièce d'une lueur douce et chaleureuse, mais Donna ne ressent rien de cette chaleur. Tout ce qu'elle ressent, c'est un froid glacial dans sa poitrine, un vide qui semble vouloir l'engloutir.

Prenant une profonde inspiration, Donna se force à sortir du lit. Elle sait qu'elle ne peut pas rester prostrée ici, qu'elle doit affronter cette situation, aussi difficile que cela puisse être. Elle enfile un pull de laine qui traînait sur une chaise et sort de la chambre. Dans le salon, elle trouve Lisa, assise sur le canapé, une tasse de café à la main, l'air préoccupé.

"Salut," dit Lisa doucement en levant les yeux vers Donna. "Comment tu te sens ?"

Donna hésite un instant, cherchant les mots justes. "Je me sens... perdue," finit-elle par dire, la voix rauque. "Je ne sais pas quoi faire, Lisa. Je ne sais pas comment avancer."

Lisa pose sa tasse et se lève pour rejoindre sa sœur. "Tu n'es pas obligée de savoir quoi faire tout de suite," dit-elle en posant une main réconfortante sur l'épaule de Donna. "Tu as traversé quelque chose de terrible. Prends le temps de te retrouver. On va trouver une solution ensemble."

Donna hoche la tête, reconnaissante pour le soutien de sa sœur. Mais malgré les paroles réconfortantes de Lisa, elle ne peut s'empêcher de se sentir accablée par l'incertitude. Chaque décision à prendre semble être un choix impossible, chaque option un chemin semé d'embûches.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi ça s'est passé comme ça," murmure Donna en s'asseyant sur le canapé. "On était heureux, je le croyais du moins... Comment ai-je pu me tromper à ce point ?"

Lisa s'assied à côté d'elle, prenant sa main dans la sienne. "Les gens changent, Donna. Parfois, ils font des choses stupides sans penser aux conséquences. Mais ça ne veut pas dire que c'est de ta faute. Éric a fait un choix, et Safia aussi. Ça n'a rien à voir avec toi."

"Mais comment puis-je continuer à vivre après ça ?" demande Donna, les larmes menaçant de couler à nouveau. "Ma vie entière semble s'effondrer autour de moi. Mon mariage, ma meilleure amie... Tout est parti en fumée."

Lisa la serre un peu plus fort. "Tu es forte, Donna. Plus forte que tu ne le penses. Ce ne sera pas facile, mais tu peux surmonter ça. Tu dois prendre le temps de guérir, de te reconstruire. Et je serai là pour t'aider, quoi qu'il arrive."

Donna regarde Lisa, trouvant un peu de réconfort dans ses paroles. Elle sait que sa sœur a raison, qu'elle doit se donner le temps de comprendre ce qui s'est passé et de guérir. Mais elle se demande combien de temps cela prendra, et si elle pourra un jour retrouver la paix qu'elle avait avant que tout ne s'effondre.

Le reste de la matinée passe lentement. Donna essaie de se concentrer sur des choses simples, comme prendre une douche et manger un peu, mais tout lui semble mécanique, sans goût, sans vie. Ses pensées reviennent toujours à Éric, à Safia, à ce qui aurait pu être différent si elle avait vu les signes plus tôt, si elle avait été plus attentive.

L'après-midi, Lisa propose à Donna de sortir un peu, de prendre l'air pour se changer les idées. Elles se rendent dans un petit café de quartier, un endroit tranquille où elles pourront parler sans être dérangées. Assises à une table près de la fenêtre, elles commandent des cafés et des pâtisseries, mais Donna n'a pas vraiment d'appétit. Elle pousse son assiette de côté, fixant la rue animée à travers la vitre.

"Tu as pensé à ce que tu veux faire ensuite ?" demande Lisa après un moment de silence.

Donna secoue la tête. "Pas vraiment. Tout me semble tellement flou. Je ne sais même pas si je peux retourner chez moi. Chaque pièce de cette maison me rappellerait ce qu'ils ont fait."

Lisa réfléchit un instant. "Peut-être que tu pourrais prendre un peu de distance, voyager un peu, changer d'air. Ça te ferait du bien de t'éloigner de tout ça, de prendre du temps pour toi."

"Voyager..." murmure Donna, songeant à l'idée. "Je n'y avais pas pensé. Mais où irais-je ? Et pour combien de temps ?"

"Peu importe où, tant que c'est quelque part où tu peux te ressourcer," suggère Lisa. "Peut-être un endroit que tu as toujours voulu visiter mais où tu n'as jamais eu le temps d'aller. Tu n'as pas à décider tout de suite, mais c'est quelque chose à considérer."

Donna reste silencieuse, réfléchissant à cette possibilité. Voyager pourrait être une manière de s'éloigner de la douleur, de se redécouvrir en tant que personne, loin des souvenirs qui la hantent. Mais elle se demande aussi si fuir est vraiment la solution, ou si cela ne ferait que retarder l'inévitable.

"Je vais y réfléchir," dit-elle finalement, sans grande conviction.

Lisa lui sourit doucement. "Prends le temps qu'il te faut. Il n'y a pas de précipitation. L'important, c'est que tu te sentes prête à avancer, quelle que soit la direction que tu choisis."

Le reste de la journée se passe tranquillement. Les deux sœurs parlent de tout et de rien, essayant d'éviter le sujet douloureux qui pèse entre elles. Mais malgré leurs efforts pour alléger l'atmosphère, Donna se sent toujours aussi accablée par ses émotions. La trahison de son mari et de sa meilleure amie est une plaie encore béante, et elle se demande combien de temps il lui faudra pour que cette douleur commence à s'atténuer.

Le soir venu, de retour chez Lisa, Donna s'installe dans la chambre d'amis, son esprit encore une fois envahi par des pensées sombres. Elle sait qu'elle ne peut pas rester indéfiniment dans cet état de stase, qu'elle devra bientôt prendre des décisions sur la direction que prendra sa vie. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle peut faire, c'est essayer de survivre à cette nuit, espérant que le lendemain apportera un peu plus de clarté.

Avant de s'endormir, Donna prend une résolution : peu importe combien cela prendra de temps, elle se reconstruira. Elle trouvera un moyen de se relever, même si cela signifie tout recommencer à zéro. Et surtout, elle ne permettra plus jamais à quelqu'un de la blesser comme Éric et Safia l'ont fait. Elle a encore un long chemin à parcourir, mais elle sait qu'elle doit faire ce premier pas, aussi difficile soit-il.