Entre les lignes

Chapitre 7 : Le retour de Safia

Alors que Donna commence à se reconstruire et à envisager un avenir sans Éric, elle se concentre sur elle-même et sur les petites choses qui lui apportent du réconfort. Chaque jour est un défi, mais elle s'efforce de reprendre le contrôle de sa vie, même si certains aspects restent incertains. Elle se sent plus forte, plus résiliente, et surtout, plus déterminée à aller de l'avant.

Un après-midi, alors qu'elle travaille sur un nouveau projet de contenu pour ses réseaux sociaux, un autre message inattendu apparaît sur son téléphone. Le nom qui s'affiche cette fois n'est autre que celui de Safia. Pendant une seconde, Donna ne sait pas comment réagir. La vue de ce nom fait remonter en elle des émotions conflictuelles : de la colère, de la tristesse, mais aussi une curiosité indéfinissable.

Donna hésite un moment, puis elle décide de lire le message. Après tout, elle avait écouté Éric, alors pourquoi pas Safia ? Mais cette fois, elle est plus prudente, plus méfiante. Elle ne sait pas si elle est prête à pardonner, ou même à écouter, mais elle sait qu'elle doit affronter cette situation pour pouvoir continuer à avancer.

Safia : "Donna, je ne sais pas si tu veux me parler, et je comprends si tu ne veux pas. Mais je ressens le besoin de m'expliquer, de te dire ma vérité. J'aimerais vraiment que tu m'entendes, même si tu décides ensuite de ne plus jamais me parler."

Donna fixe le message, son cœur battant la chamade. Elle pense à tout ce qu'elle a vécu depuis qu'elle a découvert la trahison, à la douleur qui l'a consumée pendant des semaines. Safia a été non seulement une amie proche, mais aussi une personne en qui elle avait une confiance absolue. La trahison a été d'autant plus dévastatrice.

Après une longue réflexion, Donna décide de répondre, bien que son cœur soit lourd de colère et de déception.

Donna : "Je ne sais pas si je suis prête à t'écouter, Safia. Mais je suis prête à entendre ce que tu as à dire. Après ça, je déciderai si je veux te pardonner ou non."

La réponse de Safia arrive rapidement, comme si elle attendait, anxieuse, que Donna ouvre la porte à cette conversation.

Safia : "Merci, Donna. Est-ce que je peux passer te voir ? Je pense qu'il serait mieux qu'on parle en face à face."

Donna sent son estomac se nouer à l'idée de revoir Safia. Elle a du mal à imaginer comment cette conversation pourrait se dérouler. Mais elle sait qu'elle doit affronter cette épreuve pour enfin tourner la page.

Donna : "D'accord. Viens chez Lisa demain à 15h. Mais sache que je ne promets rien."

Safia : "Merci, Donna. Je serai là."

Le lendemain, Donna se sent nerveuse en attendant l'arrivée de Safia. Elle ne sait pas à quoi s'attendre, ni comment elle réagira en voyant celle qui fut autrefois sa meilleure amie. Lisa, inquiète, propose de rester dans la maison pour la soutenir, mais Donna préfère affronter Safia seule.

À 15h précises, la sonnette retentit. Donna prend une grande inspiration et se dirige vers la porte. En l'ouvrant, elle se retrouve face à face avec Safia pour la première fois depuis la révélation de la trahison.

Safia a l'air différente, plus mince, ses traits marqués par le stress et la culpabilité. Elle porte un jean et un pull simple, ses cheveux tirés en arrière en un chignon négligé. Elle n'a rien de la femme confiante et glamour que Donna avait toujours connue.

"Salut, Donna," dit Safia, sa voix faible et tremblante.

"Salut," répond Donna, essayant de contrôler la tempête d'émotions qui se déchaîne en elle.

Donna s'écarte pour laisser Safia entrer, la conduisant dans le salon. Elles s'assoient sur le canapé, le silence entre elles lourd et oppressant. Donna fixe Safia, attendant qu'elle parle la première. Safia prend un moment pour rassembler son courage, puis commence enfin.

"Donna, je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. Je sais que j'ai trahi ta confiance de la pire des manières, et je suis tellement désolée. Je ne me cherche pas d'excuses, parce que ce que j'ai fait est inexcusable, mais je veux que tu saches que ce n'était jamais mon intention de te blesser. Je me suis laissée emporter par mes propres insécurités, mes propres faiblesses, et j'ai perdu de vue ce qui comptait vraiment."

Donna écoute en silence, ses yeux fixés sur Safia. Les mots de Safia sont sincères, mais ils ne parviennent pas à effacer la douleur qu'elle a causée. Pourtant, elle ressent une étrange sensation de soulagement en l'entendant admettre ses torts.

"Pourquoi, Safia ? Pourquoi tu as fait ça alors que tu savais à quel point Éric et moi étions heureux ?" demande Donna, sa voix tremblante.

Safia baisse les yeux, honteuse. "Je ne sais pas, Donna. Peut-être que je me sentais seule, peut-être que je voulais ce que tu avais, une relation stable, une vie parfaite. Mais ce que je n'ai pas réalisé, c'est que tout ce que j'ai fait n'a apporté que douleur et destruction. Je regrette chaque jour ce que j'ai fait, et je me déteste pour avoir blessé la seule personne qui était toujours là pour moi."

Donna ressent un mélange d'empathie et de colère en entendant Safia. Elle sait que Safia souffre aussi, mais cela ne diminue en rien la trahison.

"Tu m'as tout pris, Safia. Tu étais comme une sœur pour moi, et tu as brisé tout ce que nous avions construit ensemble. Comment pourrais-je te pardonner pour ça ?" dit Donna, les larmes aux yeux.

Safia secoue la tête, des larmes roulant sur ses joues. "Je ne te demande pas de me pardonner, Donna. Je ne pourrais jamais me pardonner moi-même. Mais je voulais que tu saches que je suis désolée, que je regrette tout ce que j'ai fait. Je comprends si tu ne veux plus jamais me voir, mais je devais te le dire en personne."

Donna regarde Safia, sentant un poids se soulever de sa poitrine. Elle sait que la blessure est profonde, mais elle réalise aussi que cette confrontation était nécessaire. Peut-être pas pour pardonner, mais pour comprendre, pour accepter ce qui est arrivé et aller de l'avant.

"Je ne sais pas si je peux te pardonner, Safia," dit Donna honnêtement. "Mais je te remercie d'être venue. Peut-être qu'un jour, je trouverai la force de passer outre, mais pour l'instant, je pense que nous devons rester éloignées."

Safia hoche la tête, comprenant. "Je comprends, Donna. Et je respecte ta décision. Je te souhaite juste tout le bonheur du monde, et je suis vraiment désolée d'avoir gâché tout ce que nous avions."

Donna sent une larme couler sur sa joue, mais cette fois, ce n'est pas une larme de douleur. C'est une larme de libération, de paix retrouvée. "Merci, Safia. Prends soin de toi."

Safia se lève, réalisant que la conversation est terminée. Elle jette un dernier regard à Donna, un regard empli de regret, puis se dirige vers la porte. Donna la raccompagne, et une fois que la porte se referme derrière Safia, elle se sent soudainement plus légère, comme si un poids immense venait de se dissiper.

Donna reste un moment devant la porte fermée, réfléchissant à ce qui vient de se passer. Elle sait que cette rencontre était une étape importante dans son processus de guérison. Bien qu'elle ne soit pas encore prête à pardonner complètement, elle se sent plus en paix avec ce qui s'est passé. Elle a fait face à ses démons, et même si la douleur est encore présente, elle commence à s'atténuer, laissant place à une résilience nouvelle.

En retournant dans le salon, Donna s'assoit sur le canapé et prend son carnet de notes. Elle commence à écrire, laissant ses pensées couler librement sur le papier.

"Aujourd'hui, j'ai fait face à l'une des épreuves les plus difficiles de ma vie. J'ai regardé en face celle qui m'a trahie, et j'ai entendu ses regrets. Bien que je ne sois pas encore prête à pardonner, je me sens libérée d'une partie du poids que je portais. Peut-être que la clé de la guérison réside dans la compréhension, dans l'acceptation de ce qui ne peut être changé. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je sais que je suis prête à avancer, avec ou sans pardon."

En posant son stylo, Donna se sent apaisée. Elle réalise que ce chapitre de sa vie, bien que douloureux, lui a permis de grandir, de se découvrir sous un nouveau jour. Elle sait que la route est encore longue, mais elle est prête à affronter chaque défi avec une nouvelle force, une nouvelle détermination.