4. Rechute

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Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je n'allais pas bien ces temps-ci. Je rechutais. Je n'avais plus de force, plus d'énergie, j'étais à bout. Je me sentais simplement vide. Malgré mes amis qui étaient là pour moi, je ne m'étais jamais senti aussi seul. Je crois que Shoto l'avait ressenti. Son comportement avait changé. Il était devenu plus attentionné à mon égard, il faisait attention à ce que je ne me blesse pas avec des objets tranchants, à ce que je ne reçoive pas de commentaires blessants, etc..
Comme si ça allait changer quelque chose. J'ai juste envie de crever, en fait. Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire. Je me sens si coupable d'inquiéter les autres comme ça... pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent tout simplement s'en foutre de ma gueule, bordel ?! C'est si compliqué que ça d'ignorer le « p'tit nouveau » ?! Sérieux, même les profs sont inquiets ! Je suis vraiment en train de merder ! Comme d'habitude, je fous tout en l'air. Comme d'habitude, je fais de la merde. Je me déteste tellement que ça en devient enrageant.

J'avais toujours l'impression d'entendre ces voix qui me disaient d'en finir. Le chaos total. Je pensais sérieusement à en finir. Il y a deux ans, j'avais fait une tentative, qui a échouée. Après tout, c'est pas comme si je comptais vraiment. Maman n'aurait plus à s'inquiéter. Ma sœur n'aurait plus à me calmer quand je fais mes crises d'angoisse. Mon frère n'aurait plus à me filer ses vieux pulls, et il n'aurait plus à me défendre face a papa, car je suis une énorme merde qui ne sait pas se défendre. Papa ne m'aurait plus dans les pieds. Shoto n'aurait plus à s'inquiéter non plus. Eijiro.. je pense que je ne serais pas une si grande perte à ses yeux.

J'étais assis dans le canapé du salon commun de l'internat. J'étais sur mon téléphone, rien de très extraordinaire. Eijiro arrive et s'installe à côté de moi.

-Yo, mec. Ça va ? Demanda-t-il, avec ce sourire idiot.

-Mh, ouais.

-T'es sûr ? T'as l'air un peu.. vide ?

Cette remarque m'énerverait.

-Je veux dire, reprit-il, tu manges presque rien, tu m'as l'air un peu trop maigre, mec, et-

-Tais-toi ! Interrompais-je. Tu sais rien de ce qu'il se passe dans ma tête, alors ne fais pas comme si tu me connaissais ! Et lâche-moi !
Hurlais-je, en me levant brusquement.

Je quittais la pièce, et je m'enfermais dans ma chambre. Je commence à pleurer, ma respiration se coupant par sanglots. Mon cœur bat vite. Les larmes brouillent trop ma vision pour que je puisse voir. La voix. Je commence à l'entendre. Elle me dit de me faire du mal. Trop forte dans ma tête. Je craquais. Je relevais ma manche, et j'attrapais la lame cachée dans le premier tiroir de mon bureau.

Au moment où j'allais faire couler le sang, j'entendis des bruits de pas venants vers ma chambre. J'eus tout juste le temps de ranger la lame et d'abaisser ma manche qu'Eijiro entrait.

-On peut parler ? Demanda-t-il, la voix agréablement calme. Calmement, cette fois.

Ce qu'il me proposait ne m'enchantais pas. Je ne voulais pas en parler. Mes problèmes, c'est à moi de les gérer.

-Non, rétorquais-je. Je ne veux pas.

Il a l'air surpris par ma réponse. Il soupire, visiblement agacé, et il sort de ma chambre.

Je soupire à mon tour, alors qu'il ferme la porte, et je m'asseyais sur mon lit. Qu'est-ce qui cloche chez moi, bon sang ?

Je ne fais que de la merde. Papa me le disait souvent, et il n'a vraiment pas tord là-dessus. Je fais toujours tout merder. Mon rêve de devenir héro ? J'en suis incapable. Indigne. Mais je suppose que je m'accroche à ce rêve, car c'est l'une des rares choses qui me procure de l'espoir. Je m'en voulais d'avoir parlé si sèchement à Eijiro. Qu'est-ce que les autres vont penser de moi maintenant ?

Peut-êtr aurais-je dû accepter d'en parler avec lui ? Non, ils aurait pris ses jambes à sont cou.. Je devrais aller m'excuser ? Bon, il refusera sûrement de me parler. Pourquoi fallait-il que je lui parle de la sorte ?! Je suis vraiment débile, ma parole.

Un nouveau toquement retentit sur ma porte. Tel l'idiot que je suis, j'allais ouvrir en croyant que cela pourrait être Eijiro. En ouvrant la porte rapidement, j'aperçus Shoto, les bras croisés, me regardant avec son regard froid habituel. Je savais pourquoi il était là. Je le laissais entrer, et nous nous installions sur mon lit.

-Rassure-moi, commença-t-il, tu ne t'es pas fait des mal, hein ?

Je répondis par un "non" de la tête.

-Bien. Et dis-moi, tu as mangé aujourd'hui ?

Je répondis de nouveau par un "non" de la tête.

-Naoki, souffla-t-il, il faut que tu manges.

-J'ai pas faim.

-Mens pas. Pas à moi. Tu peux dire que t'as pas faim, mais je ne suis pas idiot.

Je ne répondais pas. Je regardais seulement le sol.

-Si je t'apporte une pompe, tu vas la manager ?

Je ne répondais pas.

-Réponds-moi, Naoki. Si je t'apporte une pomme, est-ce que tu vas la manger ?

Je me forçais à répondre par un acquiescement.

-Bien.

Shoto quitta ma chambre et il revient quelques minutes après avec une pompe rouge.

Il me la tendait, je la prit, et je la regardais. Rien qu'en voyant cette sphère rouge dans ma main, je regrettais déjà le fait de devoir la manger.

Je la voyais, et n'avais de nouveau cette voix qu'il me disait de ne pas croquer dans ce fruit. Elle me disait que ce n'était pas la bonne chose à faire, que j'allais regretter cette action. Mais Shoto était là, il me fixait. Je compris qu'il voulait me voir croquer dans cette pomme. La gorge sèche, je croquais dans la pomme en fermant les yeux.

Shoto soupirait, avant de s'asseoir à côté de moi.

-Naoki, tu sais que je déteste quand tu es comme ça. J'aime pas rester là à te regarder manger. Moi, je suis ton ami, je suis là Pour toi. Mais si tu ne me parles pas, je suis obligé de veiller sur toi. Je suis là, à te surveiller comme un garde du corps. Je sais que les amis sont censés être là les uns pour les autres, mais je pensais que tu me faisais assez confiance pour te confier.

-Shoto, dis-je, la voix faible, je te fais confiance, vraiment. Mais c'est pas à toi de t'occuper de moi ou de mes problèmes. C'est à moi de les gérer.

-Tu as raison, rétorquait le garçon aux cheveux bicolores, mais en tant qu'ami, je peux t'aider. Je suis là pour toi. Tu l'as toujours écouté quand je te parlais de mon père, de ma mère, et du reste des membres de ma famille. Tu l'as toujours aidé et épaulé. Et maintenant, tu aides aussi les autres ! Quand Yaomomo c'était blessée et qu'elle refusait d'aller voir Recovery Girl, tu l'as soignée ! Tu as aidé Denki avec ses devoirs, tu as calmé Kyoka quand elle a eu une crise d'angoisse... Tu mérites qu'on t'aide à ton tour.

Le p'tit nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant