The Happiest Man - Jikook

12. À cœur ouvert

           Du coin de l'œil, j'aperçus Yoongi se rasseoir sur mon canapé, son verre de coca à la main. Il le porta à ses lèvres quand je revins dans le salon exigu. On se dévisagea un instant, avant qu'il ne prenne la parole.

— Comment tu vas, Jimin ? Pour de vrai.

Je réfléchis à ma réponse, à l'état d'esprit dans lequel je me trouvais. 

— Lessivé. Mais physiquement. Mentalement... moins triste que la semaine dernière.

Pour une fois, je sus à peu près comment je me sentais vraiment. J'étais presque... sûr de moi. Yoongi me sonda quelques secondes puis un sourire rassuré étira ses lèvres.

— J'ai droit à la version longue ou à la version courte ?
— La version courte mais je promets d'être clair et de ne rien oublier d'important, répliquai-je en tendant la main à mon hyung.

Yoongi serra ma main en retour.

— Bien, alors... promets de ne pas péter une durite, quémandai-je.

Mon aîné sembla y méditer un moment mais en rencontrant mon regard insistant, il céda, non sans grommeler.

— Donc... Tu dois t'en douter, cela concerne Minhyun... commençai-je avec calme.

Mon ami haussa les sourcils mais ne fit aucune remarque désobligeante, pas plus qu'il ne grogna. Yoongi faisait des efforts pour me laisser m'exprimer. Je le remerciai d'un petit sourire.

— On ne s'est pas revus depuis... que tu es intervenu. Nous n'avons pas communiqué non plus. J'ai voulu le revoir dimanche mais j'ai croisé mon psy en chemin, qui m'a dissuadé d'y aller. Or, Minhyun m'a apostrophé dans le bus lundi soir. Il n'était même pas en colère, il s'adressait à moi comme s'il était content de me revoir. Puis, il s'est mis à roucouler avec le mec qui était à ses côtés... Et il est sorti du bus avec lui. Ils sont allés boire un verre tandis que je devais ramasser les morceaux de mon cœur en miettes.

Yoongi expira en secouant la tête. Je savais que lui raconter ce qu'il s'était passé allait le rendre furieux mais il se contenait, je pouvais le voir.

— Tu crois qu'il te trompe ? demanda-t-il entre ses dents serrées.

Je haussai les épaules.

— Je n'en sais rien. M. Jeon m'a fortement conseillé d'avoir une discussion sérieuse avec lui pour mettre les choses à plat.

Yoongi réfléchit à mes mots avant d'approuver d'un signe de tête.

— Ton psy a raison mais c'est risqué... Il pourrait te refaire du mal, même si je sais que tu peux te défendre. Mais il est violent.

Je lis l'inquiétude dans les iris de mon ami de toujours.

— Si... si jamais la discussion dérape, que le ton monte etc... je le ferai partir... Si j'en suis capable... murmurai-je, peu sûr de moi.
— Il le faut pourtant, rétorqua Yoongi.

Sa neutralité me déstabilisa mais je savais au fond qu'il avait raison, comme souvent. J'espérai donc m'armer d'un courage suffisant au cas où les choses partiraient en vrille... Je soupirai. Le silence retomba, jusqu'à ce que j'eusse une idée qui pouvait me sauver de mon incapacité à affronter mon petit ami et me protéger.

— La solution serait que j'aille chez lui. Je pourrais partir à tout moment si les choses tournaient au vinaigre, m'exprimai-je.

Mon hyung parut tout de suite moins préoccupé. Il hocha la tête.

— Ouais, là j'approuve.

Là-dessus, il finit son coca. Je l'imitai. Puis soudain, les mots me quittèrent naturellement.