13. Complications

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          Un nouveau jour naissait, doux. Revenu de ma nuit endiablée depuis seulement une heure et me voilà d'ores et déjà dans mon cabinet. Je pris soin d'asperger mes aisselles de déodorant, par crainte de sentir le coyote. Ce n'était à présent plus qu'une question de temps avant que mes patients n'arrivent. Je consultai alors mon carnet de rendez-vous de la semaine. Deux nouveaux patients allaient se présenter à mon cabinet jeudi ainsi que vendredi, un adolescent de seize ans et une trentenaire. À priori, des personnes grandement en besoin. Ce qui me consterna cependant fut que Park Jimin n'eut pas repris de rendez-vous. Il ne m'a pas non plus recontacté, ce qui me paraissait étrange. Voire préoccupant. En outre, la dernière fois que vous avons échangé remontait à la consultation. Je me souvenais avec une certaine précision de notre discussion à propos de son compagnon. Connaissant bien sa situation amoureuse, cela m'inquiétait, de n'avoir aucun retour de sa part. Il s'est tout de même écoulé presque deux semaines, onze jours depuis cette consultation.
Histoire de me rassurer, je vérifiai ma boîte mail sur mon ordinateur. Mais regrettablement, Jimin était aux abonnés absents.

— Peut-être devrais-je tenter à nouveau de l'appeler... marmonnai-je.

Avec un peu de chance, je pouvais l'avoir au téléphone, me dis-je. Hélas, c'était sans compter un de mes patients réguliers, qui franchit la porte de la salle d'attente à l'instant même où je m'emparai de mon portable. Je soupirai avec lenteur, embêté par cette situation plutôt critique. Pour l'heure, je devais travailler. Je gardai Jimin dans un coin de ma tête.

          Et en effet, Jimin s'est révélé très présent dans mon esprit. Bien que j'enchaînais les rendez-vous, ma préoccupation pour lui ne faisait que croître. C'était comme si mon instinct sentait que quelque chose clochait. Comme s'il savait ce que j'ignorais visiblement. Et cela me contrariait péniblement, de ne pas être en mesure de m'assurer de sa sécurité, de son bien-être. Or, me faisais-je trop de souci ? Étais-je trop concerné par sa situation ? Ces questions luisaient à ma concentration et je pourrais pour que cela ne se ressentît pas durant mes consultations...

— Monsieur Jeon ? Voici le chèque, m'interpella mon patient.

Je revins sur Terre lorsqu'il m'appela. Je mis le chèque de côté, remerciai avec politesse l'homme assis en face de moi puis nous nous levâmes d'un commun accord.

— Encore merci pour votre écoute et votre patience inégalée. Je reviens de loin.

Ce compliment, ces remerciements, me flattèrent et me rendirent fier. Encore une fois, je recevais la confirmation que mon travail se révélait bénéfique, efficace aux yeux de mes patients.

— Merci à vous d'avoir fait appel à moi pour vous aider à remonter la pente. N'hésitez pas à reprendre contact avec moi si vous en ressentez l'envie, ma porte reste toujours ouverte, lui rappelai-je avec un sourire chaleureux.

Il me rendait mon sourire tandis que je le raccompagnais à la porte.

— Je n'y manquerai pas. Prenez soin de vous, m'intima-t-il.
— Vous également. Au revoir.

Après un dernier échange de politesses, je fermai la porte et retournai sans grande envie à mon bureau. Que pouvait bien faire Jimin pour qu'il ne puisse pas me passer un coup de fil ou m'écrire par mail ?
Mon côté rationnel me poussait à penser que la compagnie de danse et ses exigences lui prenaient un temps incommensurable, or, je ne pouvais m'y résoudre. Mon côté émotionnel et instinctif, mon inconscient sonnait les clochettes d'alarme. Un peu comme si je possédais un genre de sixième sens. Ou alors était-ce une toute autre raison... Mais laquelle ?
La réflexion et la fatigue accumulée de cette nuit eurent raison de moi; un mal de tête me prit. Je me massai les tempes en tenant vainement de faire taire mon cerveau. Hélas, taire ses pensées revelait de l'impossible... Et c'en était frustrant, si frustrant... Je savais d'avance que je continuerais à m'inquiéter pour Jimin tant que je n'aurais pas de réponse de sa part. Or, je ne pouvais pas m'imposer dans sa vie, sans aucune explication qui plus est. Il me fallait donc trouver une alternative. Un moyen de m'assurer qu'il se portait bien, qu'il n'était pas en danger.

The Happiest Man - JikookWhere stories live. Discover now