Onigard : Prequelle

Chapitre 8

Les yeux de Martin sont vides, observant la fumée verte, assombrie par la nuit, qui vient lécher les fenêtres de la maison abandonnée. Assis contre un mur, à l'étage, seul, son regard vient se porter sur ses mains tremblantes puis sur son ami qui monte les escaliers qui se trouvent près de lui. Reinhold s'assoit à ses côtés et reste le regard fixé sur la fenêtre, comme son compère.

Reinhold : À quoi ça te fait penser ?

Martin : Rien de particulier.

Reinhold : Alors pourquoi tu la regardes ?

Il soupire pour lui répondre puis hausse les épaules.

Martin : Aucune idée... Peut-être pour me distraire et penser à autre chose.

Ça fait sourire son ami. La discussion s'arrête un instant, laissant un silence brièvement interrompu par le mouvement de quelqu'un, au rez-de-chaussée, cherchant le sommeil.

Reinhold : T'as pas sommeil ?

Martin : Non... J'arrive pas... Et toi, pourquoi tu ne dors pas ?

Reinhold : Dormir sur le sol pour avoir mal au dos en me réveillant, non merci.

Ce dernier penche sa tête en arrière, la collant contre le mur pour lever les yeux au plafond fait de bois.

Martin : J'arrive pas à comprendre la réaction de Vindra, elle sauve Shally puis se défoule sur elle.

Reinhold : Peut-être le stress ou le fait d'avoir frôlé la mort. Après tout, on a tous réagit différemment face au danger.

Martin : Oui...

Reinhold : C'est normal d'être submergé par les émotions, même moi j'ai pas eu le courage de faire face au parasite... Mais, il ne faut pas que ça devienne un poids ou un danger pour le groupe sinon on aura des problèmes avec des gens avec qui il ne faut pas en avoir.

Martin : Comment ça ?

Reinhold : Hum...

Il continue à scruter chaque planche qui se trouve au-dessus de sa tête.

Reinhold : Dis moi, qu'est ce que tu fais quand tu vois une tâche ?

Martin : Eh bien...

Il réfléchit un instant.

Martin : Je la nettoie.

Reinhold : Et si cette tâche devenait une personne un peu trop... Problématique... Comment tu la nettoies ?

Son ami se tait pendant un moment, cherchant à nouveau une réponse.

Martin : Je lui ôte la vie...

Reinhold : Voilà.

Du coin de l'œil, Reinhold aperçoit des restes d'un vase en terre cuite posés près de lui, à peine visible dans l'ombre.

Reinhold : La guilde en à rien à foutre de notre sort. Qu'on meurt au combat ou pas, ça ne changera rien. Mais...

Il attrape une partie du vase.

Reinhold : Ce qui s'est passé pour que ça arrive, ça l'intéresse. Qu'est-ce qui a causé l'accident ? Qu'est-ce qui a causé la mort d'un chasseur ? Un parasite ? Pas de problème, ça arrive souvent... Mais si c'est un autre chasseur... Alors qui exactement ? Pourquoi ? Quand ? Mais surtout... Comment ? Est-ce que ça été net ou est-ce que ça résulte d'un long face à face ? Quels sont les dommages sur le corps de la victime et aux alentours ?

Martin : Pourquoi s'intéressent-ils à ça ?

Reinhold : Un chien fougueux et violent est un bon moyen de défense... Jusqu'à ce qu'il le soit trop et qu'il agresse son maître.