Un verre à la main, elle attend. Elle attend quelques minutes de plus, que celle qui lui a promis d'être à l'heure soit encore une fois en retard. Et une fois que c'est fait, et qu'elle se souvient que pas une seule fois sa camarade de beuverie n'a été capable de se préparer réellement en « cinq minutes », comme dans « Je termine de me préparer, je suis là dans cinq minutes ! », elle décide de commander un second verre de ce délicieux cocktail.
Elle le repose après une gorgée, et le regarde, l'air de chercher toutes les plus grandes réponses de l'univers.
Elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois. En fait, elles ne se sont pas parlé depuis le mariage de l'une de leur amies communes, l'année précédente. Ça ne change pas le sourire qu'elle a eu en lisant son message, deux jours plus tôt.
Et à présent, elle peut se contenter de regarder le derrière de tous les passants, qu'ils soient sur talons, ou en pantalon, parce qu'après tout « Un cul, ça s'mate. ».
Un ultime soupir franchit ses lèvres maquillées de rouge vieille rose, qu'elle a pris le temps d'appliquer, en dépit de sa tenue encore de travail : une chemise blanche, et un tailleur pantalon noir, au bout duquel elle a enfilé sa paire de baskets de ville. L'effort est dans le maquillage, le reste... c'est le reste. Elle doit déjà passer sa journée en escarpins, il ne manquerait plus qu'elle se tue une cheville en boite.
- Vi !
Soulagée de ne pas terminer son autre verre toute seule, elle se retourne vers la voix. Et si elle ne commence par voir qu'une main se balader au-dessus des têtes, elle finit par voir le dessus d'une tête brune, puis la frange qui va avec, et enfin, la silhouette de celle qu'elle attendait.
Pourtant, son sourire se fige lorsqu'elle avise la silhouette en question, engoncée dans une robe de soirée, le ventre nettement marqué :
- Elle m'a donné rendez-vous en boite, enceinte, cette folle.
- Vi !
Violette n'a pas le temps de descendre de son tabouret que sa camarade est là, devant elle, un bon cinq mois sous la poitrine :
- Comme je suis contente de te voir !
- Mais qu'est-ce qu'on fait là ? lui répond-elle. Clarisse, c'est super dangereux, de te venir ici en talons aiguilles !
La fille aux paillettes dans les cheveux éclate de rire :
- Tu plaisantes ?! J'ai jamais eu autant d'énergie de ma vie ! Et puis, il faut que j'en profite, je devais te parler, et c'est certainement ma dernière sortie avant un moment !
Violette échange un coup d'œil interloqué avec le barman derrière le comptoir, qui avait eu la délicatesse de lui parler de temps à autres, depuis qu'elle s'est installée pour boire. Maintenant, la jeune trentenaire regrette, parce que si elle avait su, elle aurait pu prétendre pouvoir conduire Clarisse ailleurs.
Cette dernière se perche sur le tabouret juste à sa droite, avec un équilibre à faire peur, et commande avec un grand sourire, un verre de limonade. Violette lui attrape le bas de la jupe au dernier moment, lorsque celle-ci remonte en laissant apparaitre sa lingerie noire, et lève les yeux au ciel :
- Tu m'auras tout fait.
D'un nouveau rire, la brune secoue la tête :
- Attends, on n'a même pas commencé la soirée !
Elles se sont rencontrées à l'université des années au-paravent. Et s'il y a bien un truc qu'elle a du mal à croire, c'est que la « miss paillettes » ne lui ait pas encore tout fait. Alors avec un rire inquiet, elle se penche vers elle, pour ne pas avoir à crier :
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Si Monsieur le veut
ChickLitIl y a ... ... celles qui ont le patron de leurs rêves... ... et celle qui rêve de le tuer.