D'un premier pas, puis d'un second, Violette entre dans le hall. Après leur conversation, Clarisse et elle n'ont plus abordé le sujet, et il a semblé que de toute façon, discuter des prétentions d'emploi d'une femme enceinte, sur le point d'avoir son congé maternité n'était pas le mouvement le plus intelligent à formuler. Ça ne change pas non plus la journée qu'elles ont passé le lendemain, à ne parler que travail, et évitant toutes les remarques personnelles qu'elles auraient pu se faire.
- Je devrais être celle qui est mal à l'aise, après le coup qu'elle m'a fait, mais... c'est elle qui était le plus gênée,
Et la voilà à préparer mentalement sa première journée officielle, toute seule, dans la pièce d'à côté du bureau, habité par un patron qui ne l'apprécie pas du tout.
D'un pouce, elle tape un message approximatif, dans lequel elle demande à Megan de lui souhaiter du courage, et de l'autre main, elle colle le badge contre la borne.
Le chemin qu'ils avaient pris, avec Laurence était plus court, et moins encombré que celui qu'elle a pris l'habitude, en trois jours, de prendre. Mais elle aime cette idée, de faire le tour, et de profiter des espaces semi-déserts pour repérer les locaux, les inscriptions sur les portes, mais aussi de voir qui est déjà assis à son bureau, en train de ranger son travail de la veille, ou de s'organiser pour la journée. Certains regardent même leurs e-mails professionnels, et commencent à y répondre.
Violette a beau se douter qu'ils font partie des premiers qui rentreront chez eux ce soir, elle note, en songeant à l'avantage qu'elle pourrait en tirer, si elle commençait aussi tôt qu'eux. Clarisse lui avait déconseillé, parce qu'en effet, les journées peuvent facilement s'éterniser, surtout si on ne quitte pas le bureau avant le patron. Sauf qu'en revanche, certaines tâches n'auraient pas un impact pareil sur la journée si elle avaient été prises en considération avant que tout le monde ne soit trop occupé pour résoudre de petits problèmes encombrants...
Elle passe comme ça, dans les couloirs.
Arrivée à leur étage, elle s'arrête pourtant devant l'un des bureaux, dont la lumière est allumée :
- Bonjour ? dit-elle en penchant la tête, à la recherche de l'occupant.
De fait, elle ne croise que très peu de gens, dans cette zone. Tous ses occupants sont au moins aussi occupés que Clarisse, et éventuellement, ont autant de rendez-vous extérieurs que Laurence.
L'épaisse silhouette qui se retourne pour lui répondre, pourtant, semble être arrivée bien avant les autres.
Ce n'est que lorsqu'elle voit son visage, qu'elle reconnait le garde du corps qui les avait accompagnés le matin de l'avant-veille, celui où elle avait été en retard.
- Bonjour, répond-il en hochant la tête.
Elle n'avait pas pris le temps de regarder son visage la dernière fois, alors elle en profite pour le faire, la main tendue :
- Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter la dernière fois, je suis Violette, la remplaçante de Clarisse.
Il a des cheveux brun clair, qui sont coiffés sur le dessus de sa tête, avec sûrement de la cire, une barbe de deux jours entretenue, et des yeux clairs, bien qu'elle ne distingue pas leur couleur exacte de là où elle est, même si elle a fait plusieurs pas en avant.
Il lui serre la main en retour, par-dessus le bureau, qui semble minuscule devant lui, répondant, d'une voix si grave qu'elle résonne :
- Huw Evans. Evans, tranche-t-il après une courte hésitation.
Sa main fait presque deux fois la taille de la sienne, et si son manque de parole en fait une personne impressionnante, Violette se focalise sur la chaleur de sa paume. D'ailleurs, à la seconde où il la lâche, elle lui manque.
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Si Monsieur le veut
ChickLitIl y a ... ... celles qui ont le patron de leurs rêves... ... et celle qui rêve de le tuer.