Chapitre 10

3 0 0
                                    

Il fait nuit depuis une bonne demi-heure, lorsqu'elle prend le temps de s'étirer. Ce n'est pas grand-chose, mais pour un instant, elle laisse son esprit vagabonder, et trainer du côté d'Alex, qu'elle doit retrouver le lendemain soir. D'un commun accord, ils ont finalement prévu de se retrouver chez elle, lui apportant le diner, et elle pouvant aller à la douche avant qu'ils ne passent aux « choses sérieuses ».

Une douce chaleur lui monte aux joues, et elle se laisse aller à cette envie, qui lui réchauffe l'intérieur des cuisses.

La porte s'ouvre, et elle se redresse d'un bond, soudainement pâle :

- Oui ?

Bilal lui adresse un regard quelque peu gêné :

- Vous allez bien ? Vous aviez les yeux perdus dans le vague...

La violette vire pivoine, et répond un peu trop fort que tout va bien, qu'elle s'était brièvement déconnectée du boulot, et qu'elle allait s'y remettre.

D'autant plus confus, il lui demande si elle a besoin de quelque chose, et elle secoue vigoureusement la tête :

- Non, ça ira, merci à vous !

L'homme à la peau métissée recule, sa chemise froissée par sa journée, et sa cravate de travers. Il lui fait même momentanément oublier le pauvre Alex, et elle se remet au travail :

- Non, je préfère me concentrer sur le travail quand je suis là, même s'il est adorable.

Laurence passe devant son bureau, et s'arrête, remarquant qu'elle est toujours là. Il pousse la porte à son tour :

- Vous n'êtes pas encore partie ?

- Je voulais finaliser ça avant de rentrer. Je veux que tout soit prêt pour demain.

Il ne l'écoute que d'une oreille, et elle sourit :

- Rentrez bien.

Ce n'était qu'une question de curiosité, elle en est consciente. Ça ne la dérange pas outre mesure. Après tout, ils ne se connaissent pas encore tout à fait. Voir pas du tout. Et ils n'ont pas vraiment l'occasion de se parler en journée. Elle est repassée le voir à la fin de la matinée, pour lui apporter son repas, puis pour lui offrir une tisane, et ils sont sortis une fois, pour un rendez-vous avec des actionnaires. Autant dire qu'elle l'a attendu dans le café de l'hôtel, répondant à des e-mails, et notant des informations à réorganiser dans des dossiers.

L'entreprise regroupe plusieurs marques, destinées à un public particulier, et de petit effectif : la bourgeoisie. Pas celle de surface, qui fait la fête, et qui dépense sans compter, mais plutôt celle qui est élitiste, et qui perpétue un héritage quasi dynastique. Pour Violette, c'est à peu près la même chose, des gens riches sont leurs clients privilégiés. Néanmoins, ce critère ne parait pas suffisant, et elle doit lire les documents uns à uns à chaque fois pour comprendre que visiblement, ce milieu a plus de règles qu'elle n'en n'a dans sa propre vie.

- Si je pouvais tout comprendre, ce serait l'idéal, mais comme je ne suis pas là depuis très longtemps, j'imagine que je peux y aller doucement.

Le temps qu'elle s'arrête pour regarder l'heure à nouveau, il est vingt heures passées.

- Merde.

Elle se redresse, éteint l'ordinateur, et ramasse ses affaires. D'un dernier tour du bureau, elle place les tasses sales à côté de la poubelle, pour penser à les laver le lendemain, en arrivant, et vérifie que toutes les portes de placard qui doivent être verrouillées le sont. Son sac sur l'épaule, elle prend sa veste accrochée au clou, et sort de là, son vêtement pendant au bout de son bras.

Si Monsieur le veutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant