Chapitre 8

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Clarisse regarde l'heure avec inquiétude. Sa remplaçante ne répond pas au téléphone, et n'est toujours pas arrivée lorsque Laurence arrive. Celui-ci la regarde entrer dans le bureau toute seule, et n'a pas besoin de faire de remarque pour arquer un sourcil : « Je vous l'avais dit. ». La remarque est d'autant plus amère pour la secrétaire, qui a toutes les peines du monde à se trouver quelqu'un pouvant travailler avec lui. Les essais précédents se sont soldés par des catastrophes, et la journée « sage » qu'ils ont eu la veille avait pourtant de quoi séduire.

Leur problème de secrétaire ne touche visiblement pas l'homme qui a retiré sa veste pour ne pas la froisser dans son fauteuil, et qui commence à consulter les documents qu'elle a placé sur le sous-main de cuir avant qu'il ne fasse son entrée. Clarisse lui donne rapidement le détail de la journée, la mort dans l'âme, et s'éclipse à la seconde où elle a terminé.

Et alors qu'elle retourne dans son espace vitré, le sourire fané, la silhouette de Violette se dessine à l'intérieur, jetant presque ses affaires dans un coin, et se battant avec sa veste, à bout de souffle.

- Tu es là ! s'exclame Clarisse en poussant la porte.

D'un air hautement contrarié, la jeune femme fronce le nez en répondant :

- Je t'ai envoyé deux messages, je t'ai appelé trois fois, et je t'ai envoyé un e-mail, en voyant que tu ne répondais pas. Est-ce-que je suis du genre à ne pas prévenir lorsque je vais être absente ?!

Plus soulagée que vexée par la prise de tête, Clarisse rit nerveusement :

- Je ne regarde jamais mes e-mails personnels ici, et je n'arrivais pas à te joindre... j'aurais dû y penser.

Puis ses yeux se posent sur la valise cabine que Violette a vraisemblablement monté par les escaliers, et elle ouvre la bouche pour demander :

- Qu'est-ce-que-

Quelqu'un tape contre la vitre des phalanges, et elles regardent toutes les deux leur patron, tout aussi surpris qu'elles.

Sa secrétaire est la première à réagir, et attrape son sac à main, ainsi que sa tablette, suivie de près par Violette, qui ne balade que son carnet et son téléphone, dans sa petite pochette à ordinateur. C'est assez important à préciser, parce que le sac de Clarisse est un vide-greniers à lui tout seul : maquillage, mouchoirs, documents, dossiers, tickets de caisses, papiers d'identité, restes de sandwich... Elles y ont même retrouvé des sous-vêtements propres, dans un petit pochon. Aux regards interrogateurs, elle avait répondu : « Et pourquoi pas ? ».

Mais maintenant qu'elle ne porte plus seulement le sac, mais aussi le « petit » ventre devant elle, elle doit se ménager davantage. La course effrénée dans les couloirs qui s'en suit, pour permettre à Laurence d'arriver à l'heure à son rendez-vous, se retrouve fortement laborieuse, à cause de cela. Si bien que c'est Violette qui finit par prendre le sac, et à ne le donner à sa collègue qu'une fois qu'elle est assise dans la voiture. La jeune femme referme la porte, prête à la rejoindre, et une vois l'en dissuade :

- Vous montez avec moi, Viola.

Après avoir traversé tout l'immeuble dans un sens le temps de tenter de rattraper son retard, puis dans l'autre le temps d'arriver devant un ascenseur, rien que ça, pour descendre au sous-sol, et s'approcher de deux voitures grises. Violette s'était attendue à ce qu'il s'agisse de grosses voitures mais les deux berlines sont tout aussi normales que les véhicules que l'on croise au coin de la rue. Elle s'est donc attenue à ce qu'elle monte dans la deuxième voiture, et qu'elle retrouve Laurence et Clarisse à l'arrivée.

Sauf que l'homme en costume gris s'est dirigé vers l'autre voiture, et qu'il vient de l'appeler.

- Mais je ne m'appelle pas Viola, se dit-elle.

Si Monsieur le veutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant