Tout ce que je ne t'ai jamais dit

chapitre 3

Ils se collèrent contre le mur du bar, à la lueur des lampadaires qui éclairaient la rue. Il était trois heures du matin, pourtant le mercure affichait encore 20 degrés.
- Qu'est ce qui se passe mec? Je ne t'ai jamais vu dans cet état. Tu connais Pénélope, elle parle crument mais elle ne pense pas ce qu'elle dit . Cela ne t'as jamais dérangé jusqu'à présent.
- Il faut croire que j'ai changé...
Il n'était pas enclin à discuter plus longtemps mais Mathias ne voulait pas le lâcher comme ça.
- Ça fait quelques temps que je t'observe. On se connaît depuis combien de temps tous les deux ? Quinze ans? Je vois bien que tu n'es pas dans ton assiette. Je ne te reconnais pas. Tu n'as jamais réagi comme ça. Ça ne va pas avec Léa ?
Bertrand parut agacé par la question de Mathias. Les mains dans les poches, le regard fixé sur ses chaussures, il tenta d'apporter une réponse crédible à son ami.
- Mais si ça va avec Léa. Je suis juste fatigué en ce moment. Écoute, je suis vraiment crevé. Je m'expliquerai avec Pénélope plus tard. J'ai peut-être un peu exagéré mais là, tout de suite, je n'ai pas la force d'aller en discuter avec elle.
- Ok, pas de soucis. Je préfère ça. Va te reposer. Toujours bon pour aller courir demain après midi?
- Oui, t'inquiète. Appelle moi. Ça me fera du bien d'évacuer un peu.
Mathias regarda son ami s'éloigner. Cette fin de soirée le laissait perplexe.
Il ne reconnaissait vraiment pas Bertrand. Pourtant, il le connaissait depuis si longtemps. Ils s'étaient rencontrés au collège alors qu'ils n'avaient que quinze ans. Ils s'étaient de suite entendus. Bertrand était un bout en train, toujours un mot pour rire. Mathias, quant à lui, était plus discret, plus introverti. De plus loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais vu son ami dans un tel état de nerf. Que lui arrivait-il? Il essaierait d'en discuter avec lui le lendemain en courant. Peut-être se livrerait-il plus facilement ? Ou peut-être était-il réellement fatigué ? Après tout, sous prétexte qu'il était toujours d'humeur égale, on n'acceptait pas qu'il puisse avoir un coup de moins bien.
Songeur, il rentra dans le bar. Pénélope et Léa discutaient également de Bertrand. Il prit part à la conversation pour essayer d'apaiser la situation.
- Bon écoute Pénélope, je pense que ses mots ont dépassé ses pensées. A priori, il est fatigué. Il viendra s'expliquer demain avec toi, après une bonne nuit de sommeil. En plus, on a tous un peu trop bu ce soir.
Léa éclata en sanglots. Elle savait au fond d'elle, que la situation était bien plus préoccupante. Elle était perdue, toutes ses certitudes volaient en éclats.
- Je ne crois pas que son état soit lié à une fatigue passagère. Ça fait un moment qu'il est comme cela. Je ne le reconnais plus. Lui, d'habitude si aimant, si prévenant, il est devenu distant, colérique. Franchement je me demande s'il n'a pas quelqu'un d'autre. Je pense qu'il ne m'aime plus. Après tout, c'est peut-être cela qui le met dans cet état. Le fait de ne pas réussir à me le dire...
Pénélope lui prit la main. Elle s'en voulait terriblement d'avoir provoqué Bertrand.
- Léa, ne te mets pas ce genre d'idées en tête. Vous avez toujours formé le couple idéal. C'est vrai, vous êtes si fusionnels.
- Je ne sais plus...il faut que je lui parle. J'ai besoin d'en avoir le coeur net. Je n'en peux plus...Bon, je crois que je vais rentrer. Il est tard...
Elle se leva péniblement, fit la bise à Pénélope et suivit Mathias vers la sortie.
- Merci pour cette soirée.
- Essaie de te détendre. Ça va s'arranger.
Elle se faufila sous le store à moitié ouvert.
- On verra, j'espère que tu as raison...Bonne nuit.