Tout ce que je ne t'ai jamais dit

chapitre 4

Léa  habitait à une rue du bar de Mathias. L'air était encore chaud à cette heure avancée de la nuit. Elle respira à plein poumon pour essayer de se calmer tout en réfléchissant à la façon dont elle aborderait le sujet avec Bertrand. Et s'il ne l'aimait plus ? Comment ferait-elle ? De toute façon, elle n'aurait pas le choix, il lui faudrait encaisser le coup. Ce serait dur, mais elle ne se laisserait pas abattre. Elle avait tout de même beaucoup de mal à croire en cette éventualité. Dix ans qu'ils étaient ensemble sans la moindre ombre au tableau. Dix ans d'amour passionné, fusionnel...
Prise dans ses pensées, elle se rendit tout à coup compte qu'elle venait d'arriver devant chez elle.

Accoudés au comptoir, deux amis se posaient également beaucoup de questions.
- Tu veux un dernier verre Pénélope ? Mathias attrapa la bouteille à moitié vide.
- Pourquoi pas. De toute façon, avec la fève que je me tiens, un de plus, un de moins... Dis Mathias, tu en penses quoi toi de Bertrand ? Qu'est-ce qu'il lui a pris ce soir ? J'ai peut-être un peu exagéré. À vrai dire, je m'en veux un peu. J'ai l'impression de l'avoir poussé à bout.
- Je ne sais pas ce qu'il a... Je ne l'ai jamais vu  comme ça. Ne t'en fais pas, je ne pense pas que ton intervention soit à l'origine de son pétage de câble. Il te connaît et il sait très bien comment tu es. Et puis, tu as entendu Léa ? À priori, il se comporte bizarrement depuis quelques temps déjà. J'espère juste qu'il n'a rien de grave...
Pénélope fixa Mathias avec inquiétude.
- Comment ça rien de grave ? À quoi tu penses ? Malade ?
- Non, je m'interroge.
Pénélope but son verre d'un trait et se leva d'un coup.
- Bon j'y vais l'artiste. Demain soir je joue et je pense que je risque d'être un peu fatiguée si tu vois ce que je veux dire...
- Ok, rentre bien ma belle.
- Oui papa. Elle colla un bisou sur la joue de son ami et partit une cigarette coincée entre les dents.
Pénélope et Mathias s'étaient connus par l'intermédiaire de Léa et Bertrand. Le contact était de suite passé entre eux. Pas du tout sur un plan sexuel, il n'était pas son style. Pourtant, elle devait reconnaître qu'il était plutôt mignon avec ses yeux rieurs et son air de ne pas y toucher. En comparaison,  Bertrand était beaucoup plus beau, des traits réguliers, de grands yeux bleus en amande, un teint doré. Mais elle trouvait Mathias plus charmant. Ses pensées la firent sourire. De toute façon, Mathias était comme un frère pour elle. Ils leur arrivaient de dormir ensemble dans l'appartement de Mathias, au dessus du bar, quand elle était trop saoule pour rentrer mais il ne s'était jamais rien passé entre eux. Ni l'un ni l'autre n'en éprouvait le besoin ou l'envie. Ils se confiaient leurs petits secrets, leurs peines de cœur comme de vieux amis et cela leur suffisait bien. Elle pensa tout à coup à Bertrand. Que se passait-il ? Il ne lui avait jamais parlé sur ce ton, bien au contraire. Il était toujours le premier à entrer dans son jeu, à la taquiner. Elle ouvrit la porte de son immeuble, songeuse.

Quand Léa se coucha, Bertrand dormait à poings fermés. Elle s'allongea à côté de lui et éprouva un besoin irrépressible de le serrer dans ses bras. Elle colla son corps au sien et enfouit sa tête dans son cou. Elle l'aimait tant... Elle ne tarda pas à trouver le sommeil.
Dans le noir, Bertrand avait les yeux grands ouverts, une larme au coin de l'œil. Il n'osait pas bouger de peur que Léa se rende compte qu'il ne dormait pas. Il n'avait pas la force de l'affronter. Il sentit son souffle dans son cou et se dit qu'il ne la rendrait jamais heureuse. Elle méritait tellement mieux que lui. Un homme qui lui offrirait tout ce dont elle rêvait. des enfants, une maison, des rires, des câlins... Et cet homme ce n'était pas lui. Désormais, il en était sûr. Il ne s'en sentait pas capable. Qu'il le veuille ou non, son passé le rattrapait et le bouffait un peu plus chaque jour. Un passé qu'il avait toujours caché à  ses amis. Perdu et fatigué de devoir faire semblant d'être un autre, il prit une décision... Irréversible.

Si ce début vous plaît, n'hésitez pas à me laisser un message, je continuerai l'histoire.