PROLOGUE

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-Eirina ! Pour la troisième fois, je te demande de descendre. Nous allons partir. La femme qui avait dit cela d'une manière si glacial semblait s'être vêtue plutôt simplement par rapport à d'habitude, portant seulement un bas de pyjama gris et un débardeur noir dévoilant la mante religieuse dissimulée sur sa clavicule. Allez gamine, dépêches-toi nous n'attendions que toi.

-Oui mère, je vous prie de m'excuser pour votre attente. Murmurait l'enfant qui venait tout juste de passer le pas de la porte. Ces quelques mots d'une toute petite voix. Une voix et une façon de parler qui ne devrait pas être de rigueur dans une discussion entre une mère et sa fille.

La femme à la chevelure ébène prit l'enfant par le bras la trainant ainsi derrière elle sans s'inquiéter de savoir si sa poigne formait un quelconque bleu sur le frêle corps de son enfant. Elles se dirigeaient toutes deux vers l'extérieur où une voiture et un camion les attendaient.

-Je t'ai déjà répété de ne pas la tenir comme ça... L'homme qui se penchait une seconde plutôt à l'intérieur de l'habitacle métallique était dès à présent bien droit, dos à la voiture regardant sa femme et l'un de ses trésors. Lorsqu'il avait pris la parole, son ton était à la fois doux et menaçant. Une menace que seul sa femme pouvait apercevoir. Il finit par s'approcher d'elle et prit l'enfant à la chevelure flamboyante dans ses bras sans accorder un seul regard à son épouse.

-Oh je t'en prie, elle n'est pas en sucre non plus. Si c'est la prochaine, elle a intérêt à s'endurcir un peu plus, elle n'est pas en porcelaine la petite. A t'entendre il suffirait d'un coup de vent pour qu'elle se brise.

-Ne l'écoute pas ma princesse, on attendait plus que toi. Tu pouvais rester encore un peu si tu le souh...

-Ei' tu étais siiiii longue, j'ai cru que j'allais prendre marine.

Le jeune garçon se préparait déjà à se détacher alors qu'il réprimandait sa jumelle. La dénommée Eirina s'installa aux côtés de son frère ne se formalisant pas le moins du monde de ce que son frère lui disait. Elle partit sur un autre sujet alors que la voiture démarrait. L'homme au volant tentait d'expliquer la faute qu'il a fait au garçon quant à l'expression qu'il a employé mais celui-ci ne l'écoutait déjà plus, se focalisant impérieusement sur les mots de sa sœur alors qu'il glissait sa main dans la sienne.

Au bout de quelques heures, les enfants s'étaient endormis, les mains jointes, la tête de l'un reposant sur l'épaule de l'autre. Le mari et son épouse semblaient tous deux tendus face à la route qui s'étendait devant et qui leur permettrait de rallier le ferry. Le premier jetait sans cesse des coups d'œil dans les rétroviseurs; central afin de s'assurer que le camion le suivait toujours et latéraux surveillant les voitures autour de lui. La seconde quant à elle, n'avait de cesse de regarder sa montre alors que sa jambe tremblait au même rythme depuis 20 minutes sans s'arrêter une seule fois. C'est alors qu'une explosion se fit entendre.

La scène semblait se dérouler au ralenti alors que la voiture faisait de multiples tonneaux; le verre brisé volait en tout sens, tout comme les objets se trouvant dans la voiture, avant de finir dans un ravin. L'essence qui s'était répandu de toute part, se rapprochait dangereusement des câbles de la batterie.

-EIRINA. EIRINA ! Criait l'homme qui était parvenu à sortir sa femme et son fils de la voiture. Il ne la trouvait nulle part. Il voulut courir ici et là, espérant ainsi la trouver étendue dans les hautes herbes, mais il ne le pouvait, sa blessure à la jambe lui faisant bien trop mal. Il se retourna vers son fils et sa femme mais n'aperçu que ce dernier qui l'attendait juste à côté de la berline noire. Il vit le feu naître sous la voiture, se répandant à une vitesse fulgurante. Il courut juste à temps vers son fils et se jeta sur lui alors que la voiture explosait. Ils se retrouvèrent tous les deux à terre. Le père avait protégé son fils, au profit de son propre dos qui s'était laissé caresser par les flammes. Il s'assit sur le bitume et alors que son fils se réfugia dans ses bras, il vit une voiture passée lentement à côté de lui. Il aperçut à l'intérieur sa femme qui le regardait d'un œil méprisant et sa fille qui semblait inconsciente, le visage couvert de contusions. Une fois assuré d'avoir vu le désespoir qui avait naquit dans les iris du père au dos brûlé, l'inconnu au volant, démarra en trombe, suivit de près par le camion de déménagement.

-Papa... Elle est où Eirina ? La voix du jeune garçon résonnait comme une claque dans l'esprit de son père. Une sorte de rappel à la réalité, alors qu'il sombrait dans son désespoir et dans sa tristesse. Il regarda son fils et lui murmura trois simples mots : "Je sais pas". Elle va retrouver Ophélia ?

-Je n'espère pas, petit prince. je vais tout faire pour que ça n'arrive pas. Avait dit l'homme alors qu'une pluie de cendres tombait du ciel noirci par la nuit. Une promesse. Voilà ce que représentaient ces mots. Mais que représente une promesse formulée à un enfant pour le rassurer. Est-ce simplement quelques mots dit en l'air, qui se verra à son tour enterré sous les cendres ou est-ce un serment fait à deux âmes chagrines ?

Vengeance : Le début de la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant