Aaron se réveilla plus tôt que prévu. Il n'avait cessé de se poser des questions au sujet de l'attaque qu'il comptait mener dans quelques heures. Il réalisa peu à peu qu'il avait agi dans la précipitation. Il ne pouvait priver le pays d'armes et de munitions. Si le cruel seigneur de Siborg découvrait les intentions de Korag, Efrijan courait un grave danger. L'Archer griffonna un mot à l'attention de Rory et se rendit à l'auberge où Darick logeait. Les rues de Terglen étaient silencieuses. Le soleil n'était pas encore levé. Aaron se faufila rapidement à l'arrière de l'établissement. Le propriétaire lui ouvrit la porte, inquiet :
— Vous ne devriez pas être ici. Avez-vous des problèmes ?
— D'une certaine manière, oui. J'ai décidé de modifier nos plans. Je dois parler à Darick.
— Je vous conduis à sa chambre.
L'homme, qui connaissait Aaron depuis des années, ne chercha pas à en savoir plus. L'Archer devait avoir ses raisons pour changer de tactique.
Pratique, il informa le chef des rebelles et son adjoint qu'il allait leur apporter de quoi manger un peu pendant qu'ils discutaient. L'aubergiste savait qu'il n'avait pas le droit d'assister à leur discussion.
Darick accueillit Aaron sans lui dissimuler sa surprise :
— Je ne m'attendais pas à te voir...
— J'ai réfléchis. Nous ne pouvons faire sauter l'arsenal. Nous priverions le pays de moyens de défense.
— Tu as raison. Je n'avais pas considéré les choses sous cet angle. Je m'excuse j'aurais dû m'en rendre compte.
— Ce n'est pas grave.
— Que comptes-tu faire à présent ?
— Nous avons réussi à empêcher le départ des navires de Korag, c'est le plus important. Maintenant...si je refuse de détruire les munitions, je n'ai pas précisé qu'elles devaient absolument rester sous le contrôle de l'armée.
Aaron adressa un sourire de connivence à Darick. Ce dernier comprit immédiatement le sous-entendu :
— Nous manquons de moyens, c'est un fait. Nous pourrions renforcer nos effectifs de Närvesi et d'Østerbæk par exemple ?
— Et pourquoi pas également stocker quelques caisses dans ton refuge des falaises ?
— Naturellement. Bien, puisque nous sommes d'accord, nous devons revoir notre plan d'attaque, annonça Darick.
— Pas tellement, en réalité. Nous neutralisons les sentinelles avec les flèches, nous nous introduisons dans les salles de stockage et nous emportons au moins un tiers des réserves.
— Et comme ils ne sont pas très intelligents, les chariots que l'armée utilise pour le transport des armes se trouvent toujours dans la cour intérieure. En face de la porte menant aux sous-sols.
— Tout comme les chevaux, compléta Aaron.
— Tu crois que nous aurons assez d'une heure pour agir ?
— Oui, c'est largement suffisant. Nous sommes exactement dans la même configuration que lors de notre attaque du fort de Pasari. C'est ce que j'ai transmis comme consignes de toute façon. Chacun aura les mêmes rôles.
— Parfait. Et j'ai une bonne nouvelle. Il manque une vingtaine de soldats. Ils ont été rappelés à Halsora. Korag se plaint de ne pas avoir suffisamment de guerriers pour le protéger. Toi qui cherchais une fausse rumeur à propager, c'est l'idéal. Mes espions ont pour mission de lancer une discussion dès que l'attaque sera terminée. Ils mettront en avant la réduction des effectifs et le mépris de Korag envers eux. Tu n'ignores pas non plus qu'il a refusé d'augmenter leur solde. Mes hommes ont pour consigne de proposer aux autres de refuser les ordres et de ne plus assurer la défense de l'arsenal. Puisque nous allons leur démontrer que le lieu est facilement prenable, nous avons de quoi déclencher une belle mutinerie.
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Le prince de Jorren {Fantasy MM}
FantasíaDepuis quinze ans, le royaume d'Efrijan est gouverné par Korag le sanguinaire. Soumis à un régime de terreur et de privations, le peuple souffre et les révoltes sont sauvagement réprimées. Dans la forêt de Jorren se cache un homme qui lutte sans rel...