13. Souffle sur la flamme, dans l'espoir d'en raviver une autre...

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Jordan rentra chez lui, le cœur lourd. Les révélations de la nuit l'avaient bouleversé, et la trahison qu'il ressentait le submergeait. Stéphane, son collègue, avait franchi une ligne que Jordan ne pouvait pardonner. Comment avait-il osé agir ainsi avec Gabriel ? Pris d'une rage aveugle, il attrapa un verre posé sur la table et le lança violemment contre le mur. Le bruit éclatant résonna dans la pièce vide, les éclats de verre s'éparpillant au sol, miroitant sous la lumière tamisée.

Jordan resta un instant immobile, ses poings serrés, le souffle court, tandis que la colère cédait place à une douleur plus profonde. Ce n'était pas simplement la trahison qui le rongeait, mais un sentiment de perte irréversible. Gabriel, celui en qui il avait mis tant d'espoir et de confiance, semblait maintenant si lointain. Il se laissa glisser le long du mur jusqu'à s'asseoir par terre, les épaules affaissées, essayant en vain de calmer l'agitation dans son esprit. Pourquoi tout devait-il toujours se compliquer ?

Gabriel, allongé dans son lit, se réveillait difficilement. Les discussions de la veille tourbillonnaient encore dans sa tête. Les mots échangés, les accusations non dites... tout le ramenait inévitablement à Jordan. Il avait senti sa colère, sa douleur, et bien qu'il comprenne les raisons derrière ces émotions, cela n'allégeait en rien la souffrance qu'il ressentait à son tour. Il se redressa, le cœur lourd, et laissa échapper un soupir avant d'attraper son téléphone.

Sans réfléchir davantage, il écrivit un message à Jordan, espérant, sans grande conviction, que cela pourrait apaiser quelque peu les tensions.

« Salut Jordan, je comprends que tu sois en colère, et je veux que tu saches que je n'ai jamais voulu te trahir. Ce qui s'est passé avec Stéphane n'était en aucun cas un choix stratégique de ma part. Je tiens vraiment à notre relation, et l'honnêteté est la seule chose qui compte pour moi. Je sais que nous ne pourrons probablement pas nous voir avant le débat, mais sache que ce qu'a fait Stéphane ne signifie rien pour moi. Il a dérapé, et j'ai été aussi surpris que toi. J'espère que tu pourras passer une bonne journée malgré tout. À ce soir. »

Il envoya le message avec un nœud au ventre. Toute la journée s'étira en longueur après ça, chaque minute semblait une éternité. Gabriel se réfugia dans le travail, mais rien n'y faisait. Le silence de Jordan, aussi assourdissant qu'il soit, résonnait comme un jugement. À chaque vibration de son téléphone, une vague d'espoir balayait ses émotions, mais jamais ce n'était lui. Aucun message ne venait briser cette attente insupportable.

Les lumières de la ville défilaient à travers la vitre, mais Gabriel ne les voyait pas. Ses pensées tournaient autour de Jordan, de son silence, de la tension qui ne cessait de croître entre eux. Lorsqu'ils arrivèrent au studio, une tension presque palpable régnait déjà. Les journalistes s'affairaient, les maquilleurs retouchaient les visages des invités, mais Gabriel ne voyait que lui : Jordan, entouré de ses conseillers, à l'autre bout de la salle. Leurs regards se croisèrent brièvement, et le cœur de Gabriel se serra. Jordan lui offrit un regard glacé, indifférent, si différent des sourires qu'il réservait aux autres.de Jordan ne venait briser cette attente pesante.

À la porte, un léger coup se fit entendre. Gabriel, sans lever les yeux de ses papiers, répondit d'un ton agacé :

- J'ai dit que je ne voulais pas être dérangé...

- Sauf qu'il est l'heure de vous rendre au studio, votre chauffeur vous attend, fit la voix douce, presque désolée, de son assistante.

Gabriel leva enfin le nez de ses feuilles et jeta un coup d'œil à sa montre. Il avait perdu la notion du temps. La fatigue accumulée et le stress de la journée l'avaient engourdi.

- Je n'ai pas vu le temps passer, murmura-t-il, un sourire gêné étirant ses lèvres.

Il ramassa rapidement ses dossiers, les fourrant dans sa pochette en désordre. En traversant le long couloir pour sortir, le vent frais du soir le fit frissonner. Ses jambes étaient lourdes, chaque pas un effort pour ne pas céder à la fatigue émotionnelle. Les quelques membres de son équipe qui l'accompagnaient le suivaient en silence, conscients du poids que portait leur leader ce soir.

Quand tout s'oppose, l'amour reste.Where stories live. Discover now