4. À l'ombre du débat...

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Quelques jours passèrent, et les deux adversaires étaient plongés dans la frénésie des élections. Chaque journée apportait son lot de défis et de pressions intenses. Les campagnes électorales se poursuivaient à un rythme infernal, les meetings s'enchaînaient, les engagements se multipliaient, et la fatigue commençait à se faire sentir sur les visages. Depuis leur rencontre nocturne, Gabriel et Jordan n'avaient échangé aucune nouvelle, chacun absorbé par ses propres obligations et les exigences de son rôle.

Le 27 mars approchait à grands pas, marquant la date d'un débat crucial entre les deux hommes. Ce débat, redouté autant qu'attendu, promettait d'être un moment décisif qui capterait l'attention du pays tout entier. Ils se préparaient avec une intensité presque palpable, conscients que cette confrontation ne serait pas la dernière.

Jordan, le visage marqué par une détermination farouche, avait transformé son bureau en un véritable camp de préparation. Entouré de conseillers, de stratèges, et de Marine Le Pen, il s'était isolé dans un tourbillon de notes et de graphiques. Les murs étaient couverts de tableaux blancs griffonnés à la hâte, et les discussions étaient ponctuées d'échanges animés, de critiques tranchantes, et de révisions sans fin. Jordan se perdait dans les dossiers, son regard brûlant d'une énergie presque fébrile tandis qu'il parcourait des montagnes de notes. Les séances de simulation de débat s'étaient transformées en une routine éprouvante, ses aides incarnant les journalistes et critiques les plus redoutables. Il s'entraînait même devant le miroir, imitant les réactions potentielles d'Attal, testant ses gestes et expressions pour s'assurer que rien ne trahirait son calme et sa maîtrise inébranlables.

De son côté, Gabriel se plongeait dans une préparation tout aussi rigoureuse. Son bureau était devenu un sanctuaire de concentration, l'air chargé d'une tension palpable. Avec son équipe, il passait des heures à affiner ses arguments, chaque mot pesé comme s'il s'agissait d'une arme prête à être utilisée. Les débats simulés se transformaient en véritables duels, où chaque détail comptait. Gabriel scrutait les discours de son adversaire, cherchant à déceler des failles, à anticiper les attaques. Ses nuits étaient peuplées de révisions acharnées, chaque fait vérifié, chaque statistique confirmée. Les séances de coaching vocal et de gestion du stress se succédaient, visant à garantir que chaque phrase serait livrée avec une clarté et une conviction à toute épreuve. Malgré l'angoisse, Gabriel restait déterminé, sachant que cet affrontement serait le test ultime de ses compétences.

La veille du débat, les deux camps étaient en ébullition, l'atmosphère saturée de nervosité. Les candidats passaient leurs dernières heures à ajuster leurs discours, tandis que leurs équipes travaillaient sans relâche pour peaufiner chaque détail. L'intensité était telle que même les moments de calme semblaient vibrer d'une tension sous-jacente, chaque respiration pesant sous le poids de l'enjeu.

Les médias, avides de détails croustillants, scrutaient chaque mouvement, chaque déclaration, et les réseaux sociaux s'embrasaient de spéculations. Le débat devenait une arène où se jouerait l'avenir du pays, et l'anticipation était à son comble.

Malgré la compréhension croissante et la complicité inattendue qui s'étaient développées en privé, le jour du débat approchait, prêt à exposer la rivalité profonde entre Jordan Bardella et Gabriel Attal. L'événement promettait de dévoiler non seulement la profondeur de leurs convictions, mais aussi la manière dont ils pourraient séduire et convaincre les électeurs. La politique, avec ses enjeux impitoyables et ses exigences implacables, continuait de façonner leur relation, maintenant une barrière entre eux tout en laissant entrevoir, à travers les fissures de leur rivalité, une compréhension mutuelle que ni l'un ni l'autre ne pouvait ignorer.

Ce soir-là, Gabriel ressentit le besoin de rentrer plus tôt que d'habitude, de retrouver un peu de calme avant la tempête qui l'attendait le lendemain. Il flâna dans les rues de Paris, le vent frais caressant son visage fatigué. En approchant de son immeuble, il constata que les fenêtres étaient plongées dans l'obscurité, signe que personne ne l'attendait chez lui. Il entra dans son appartement sombre, accueilli par Volta, sa chienne, qui sautilla de joie à sa vue. Ensemble, ils sortirent pour une courte promenade dans le parc voisin. Gabriel s'assit sur un banc, détacha la chienne, et se plongea dans son téléphone, tentant de se détendre avec des vidéos amusantes.

Quand tout s'oppose, l'amour reste.Where stories live. Discover now