Chapitre 9 : Enora

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Noa

Atteignant le bureau de Monsieur Johnson assez rapidement, celui-ci s'était directement dirigé vers une armoire située derrière son bureau, celle-ci s'ouvrant dans un long grincement.

— À le voilà ! avait-il laissé échapper dans un cri de victoire.

Celui-ci ayant du mal à le sortir, il avait mis de longues secondes à rejoindre sa place, un moment durant lequel j'avais hésité à me lever pour aller l'aider, et ce, même si je savais pertinemment qu'il refuserait à coup sûr mon aide.
Que voulez-vous, monsieur Johnson faisait partie de ces personnes qui aimaient se débrouiller seules, refusant très souvent l'aide d'autrui.

— Alors... S'était-il mis à réfléchir, quelle page dis-moi ?

Attrapant des lunettes des plus mal laver au coin de son bureau avant de les poser sur son nez, il avait passé sa langue sur son doigt, le posant sur la première page de cet album en bien meilleur état que celui que j'avais trouvé.

— Euh, avais-je réfléchi en ouvrant le livre que je tenais, 46, avais-je finalement prononcé après de longues secondes à chercher.

Tournant les pages tout en rapprochant son visage de temps en temps des nombres écrits en petit, il avait finalement atteint la dîtes pages.

— Ash Miller, avait-il prononcé après avoir plissé les yeux pour réussir à lire le nom inscrit sous cette minuscule photo.

Ne percutant pas tout de suite j'avais mis un certain temps à réagir, restant silencieux quelques secondes de plus.

— Attendez, vous avez dit quoi ? avais-je demandé afin d'être sûr d'avoir bien entendu.

— Ash Miller, répéta-t-il, heureusement que je garde ces albums, avait-il rigolé un instant, ma mémoire est tellement défaillante ces derniers temps que j'en oublierai même mon propre prénom.

Se mettant à rire, je lui avais souri en retour, alors que le voir me rappeler à quel point vieillir pouvait être cruel. Oublier une partie de sa vie, n'était-ce pas douloureux en un sens ?
On ne souffrait peut-être pas puisque nous ne nous souvenions pas, mais d'un côté j'avais l'intime conviction que cela était douloureux alors que je percevais, dans son regard, une légère déception envers lui-même d'avoir oublié le nom d'un de ces plus grands joueurs.

Car oui, même si cela m'agaçait au plus haut point de l'admettre, Ash était un grand joueur, il l'avait été et en serait toujours un, car, bien qu'il eût marqué les esprits par son caractère, il avait surtout marqué le monde du football américain par son talent, un talent bien plus grand que le mien aussi dur que cela soit à avouer.

Attrapant le livre que monsieur Johnson me tendait afin que je puisse regarder par moi-même, je n'avais pu que constater qu'il ne s'était pas trompé, c'était bien lui, Ash. Et à présent, je comprenais pourquoi il me disait quelque chose alors que certains souvenirs me revenaient.

C'est vrai que lui et moi étions dans le même lycée, mais avec un certain décalage d'âge, alors que, lorsque j'étais en dernière année de lycée, lui n'était qu'en première année.
Branson me parlait souvent de lui, prétextant qu'il aimait beaucoup lui faire des blagues avec les autres, choses qui n'arrivaient jamais quand j'étais là.

Je leur avais plusieurs fois demandé d'arrêter, mais, quand bien même ce n'était pas comme s'ils m'écoutaient tous au doigt et à la lettre, j'avais loin d'avoir ce pouvoir.
Et la seule fois où j'avais essayé de discuter avec Ash, dont j'ignorais le prénom à cette époque, il m'avait fui comme la peste. Par la suite j'étais partie à l'université, je revenais occasionnellement voir Bradley et Branson qui avait une année de moins que moi, mais je ne l'avais pas recroisé depuis mon départ malgré mes quelques visites à Forks.

À l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant