chapitre 10 : l'ombre lui même

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La salle de conférence bourdonnait d'un mélange de tension palpable et d'excitation. Journalistes, caméras, microphones... tout était prêt pour retransmettre en direct l'événement que toute la nation, et même le monde, attendait avec impatience. Dakar vibrait d'une anticipation fébrile. Depuis des mois, l'affaire des meurtres en série semait la terreur, et aujourd'hui, Aminata Ndiaye, la journaliste qui avait mené l'enquête jusqu'à ses dernières révélations, allait tout dévoiler.

Assise à la table principale, entourée de son équipe et des autorités, Aminata observait la foule. Ses yeux, fatigués par des nuits d'insomnie et d'angoisse, étaient rivés sur les nombreux visages curieux, avides de connaître la vérité. Elle savait que tout reposait sur elle. Chaque détail de son enquête, chaque morceau de puzzle qu'elle avait minutieusement rassemblé, devait être présenté de manière claire, percutante, sans aucune ambiguïté.

Elle sentit le micro sous ses doigts et prit une profonde inspiration avant de se lever. Le silence s'installa instantanément, les flashs des appareils photo créant un éclairage intermittent, presque dramatique.

« Mesdames et messieurs, citoyens du Sénégal, membres de la presse internationale, » commença Aminata, sa voix résonnant avec une force calme. « Je me tiens ici aujourd'hui pour partager la vérité. Une vérité que nous avons mis des mois à dévoiler, une vérité que beaucoup ont essayé de cacher. Mais aujourd'hui, nous ne cachons plus rien. »

Elle laissa le silence retomber un instant, puis poursuivit.

« Tout a commencé à Dakar, avec un simple dossier que j'ai découvert par hasard. Ce dossier contenait des détails sur une série de meurtres oubliés, ignorés... mais étrangement similaires dans leur violence et leur modus operandi. Les victimes, des couples apparemment sans histoires, étaient tous tués avec une précision terrifiante. Les indices étaient rares, et les autorités étaient dans l'impasse. Mais moi, je ne pouvais pas m'arrêter là. »

Elle fit une pause, observant les réactions autour d'elle. L'audience était suspendue à ses lèvres.

« C'est alors que j'ai pris la route vers Saint-Louis. Là-bas, j'ai rencontré Ahmed Sylla, un journaliste à la retraite, qui m'a ouvert une nouvelle porte. Ahmed connaissait certaines des premières victimes. Il m'a révélé que ces victimes faisaient partie d'un club exclusif dirigé par un homme influent, M. Fall. »

Un murmure parcourut la salle à l'évocation de ce nom.

« Lors d'un gala organisé par ce même M. Fall, j'ai été témoin de ce que cet homme et ses associés cherchaient à protéger. Derrière les lumières, les sourires et les vêtements somptueux, il y avait une menace silencieuse. J'ai découvert des œuvres d'art étranges, des conversations téléphoniques cryptées, et surtout des comportements troublants qui pointaient vers des rituels anciens. »

Elle continua, détaillant comment son enquête l'avait conduite plus loin dans le pays.

« J'ai parcouru les villages reculés du Sénégal, de Tivaouane à Joal-Fadiouth sans oublier Bambali ,en quête de réponses. Chaque village avait ses propres légendes, ses propres rituels. Des histoires qui semblaient être des contes pour enfants prenaient une nouvelle dimension terrifiante. À Joal, les villageois parlaient d'un homme mystérieux, qui venait avec des promesses de prospérité, mais qui semait la mort sur son passage. »

Aminata marqua une nouvelle pause, l'émotion alourdissant sa voix.

« Ce qui semblait être une enquête sur des meurtres en série prenait alors un tournant politique. En collaboration avec mon équipe, nous avons découvert que M. Fall et ses associés étaient impliqués dans des projets écologiques corrompus. Ils utilisaient ces villages et leurs habitants comme des pions dans une partie d'échecs mortelle sans oublier qu'il vénère un Djinn qui se prend pour Dieu !»

Les ombres de la Teranga ( Tome 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant