chapitre 1 : les ombres de Dakar

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Les flammes rugissaient avec une intensité dévorante, illuminant la nuit d'un éclat sinistre. Aminata Ndiaye, engoncée dans un vieux manteau brûlé, était accroupie dans une pièce où la chaleur semblait vouloir déchirer l’air en lambeaux. Les murs, déformés par la chaleur extrême, crépitaient et se fissuraient. La fumée noire envahissait l’espace, rendant chaque respiration une épreuve ardue. Le bruit des flammes était ponctué par des éclats de verre qui tombaient comme une pluie menaçante.

Aminata tentait de se frayer un chemin parmi les débris, ses mouvements maladroits amplifiés par la chaleur écrasante. Ses mains étaient brûlées, ses vêtements carbonisés, mais elle avançait avec une détermination acharnée. L'adrénaline pulsait dans ses veines alors qu'elle cherchait désespérément une issue. Les sirènes de pompiers, encore lointaines, résonnaient à travers la cacophonie du feu, se mêlant aux craquements inquiétants de la structure qui menaçait de s’effondrer.

Chaque instant semblait s’étirer interminablement. La chaleur et la fumée rendaient son esprit brumeux. Ses pensées se bousculaient : comment avait-elle atterri ici ? Pourquoi ces flammes, ce danger imminent ? Elle trouva enfin une fenêtre brisée, se glissa à travers, et en se retournant, aperçut un symbole étrange tracé avec du sang sur le mur derrière elle. Avant qu’elle puisse l’examiner de plus près, une explosion retentit, projetant Aminata contre un mur et plongeant l’espace dans une obscurité suffocante. Elle s’évanouit, laissant le chaos derrière elle.

Un coup sec sur la table de chevet tira Aminata de ce souvenir troublant. Le réveil affichait une heure matinale, et elle était de retour dans son appartement, bien loin de la menace des flammes. Sa respiration était rapide, et son cœur battait la chamade. Les détails du rêve étaient encore frais dans son esprit, mais la réalité était plus calme. Elle se leva, se dirigeant vers la fenêtre pour observer le lever du jour sur Dakar.

Le spectacle matinal de Dakar était vibrant de vie et de couleurs. Les premiers rayons du soleil se reflétaient sur les façades des immeubles, illuminant les rues en un jeu de lumières et d’ombres. L'air était empli des odeurs enivrantes de pain chaud et de poisson grillé, et le bruit des premiers taxis jaunes dévalant les avenues, mêlé aux chants des oiseaux et aux appels à la prière, formait une symphonie urbaine en pleine ébullition. Le marché, qui s’animait déjà avec des vendeurs disposant leurs étals de fruits, légumes et poissons, était une véritable ruche de couleurs et de sons.

Derrière le calme apparent, Dakar était une ville en perpétuel mouvement, un lieu où les traditions se mêlaient aux réalités contemporaines. Aminata, bien que habituée à cette ville vivante, ressentait souvent le besoin de se retirer dans son monde intérieur, un lieu où elle pouvait réfléchir, analyser et planifier ses prochaines actions. Ce matin-là, son esprit était totalement absorbé par l’enquête qu’elle avait commencée. Le dossier qu’elle avait découvert était plus qu'une simple série de crimes : il représentait un puzzle complexe qui menaçait de révéler des vérités profondément enfouies.

Aminata se rendit au bureau de rédaction du Dakar Tribune , où les bureaux, typiquement bruyants et en mouvement, étaient animés par le va-et-vient des journalistes. Le téléphone sonnait constamment, les journalistes discutaient vivement des dernières nouvelles, et les écrans d’ordinateur affichaient une succession incessante de mises à jour d'informations.

Elle s'installa à son bureau, un coin discret avec une vue partielle sur la ville. Le dossier de l’enquête était étalé devant elle. Les photos des scènes de crime étaient d’une horreur glaciale : corps mutilés, symboles obscurs tracés avec du sang, et des objets rituels éparpillés autour des victimes. Aminata consulta les rapports d’expertise qui accompagnaient les images. Les analyses avaient été réalisées par le Laboratoire de Criminalistique de Dakar, utilisant des techniques avancées telles que la spectrométrie de masse pour identifier les traces de substances chimiques et l’analyse ADN pour établir les liens entre les victimes.

Les ombres de la Teranga ( Tome 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant